"L’homme y passe
à travers des forêts de symboles
qui l’observent avec des regards familiers"

Les temples d'Abydos
Le temple de Denderah
Album Abydos/Denderah
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Notre croisière nilotique poursuit sa navigation vers le Sud.
Les rives du Fleuve déroulent leurs paysages mythiques et paisibles.
Le disque solaire s’enfonce à l’horizon occidental.
C’est l’heure magique où la nuit dépose sur la Terre sacrée
son manteau d’ébène.
C’est un moment d’une rare intensité que nous vivons dès lors :
les rives se parent des couleurs du crépuscule, le ciel se teinte de rose tandis que les falaises ocres rougeoient à la lueur du soleil couchant,
les verts tendres des cultures s’assombrissent et se mélangent aux eaux du fleuve qui, par osmose,
devient lui aussi noir et profond comme l’encre la plus sombre.
Suivez à l’aide de carte ci-contre notre périple fluvial.
DE BENI HASSAN A ABYDOS
Délaissant le Nord de la Moyenne-Egypte, abandonnant derrière nous les tombes rupestres de Beni Hassan, au détour d’une boucle, nous apercevons au loin, se détachant de la chaîne arabique, le Spéos Artémidos, temple rupestre dédié à la déesse lionne Pakhet et construit par la Reine Pharaon Hatchepsout. Premier temple rupestre construit au Nouvel Empire, les travaux entrepris par Hatchepsout donnèrent le jour à une chapelle rupestre et à un temple principal. Le projet fut repris par Seti I qui compléta et modifia quelque peu le monument. Les représentations iconographiques qui ornent les parois de ce sanctuaire montrent le déroulement des rites et opérations nécessaires à l’apaisement de la lionne Pakhet dont le rôle était de surveiller les pistes et carrières qui s’étendaient en ces lieux. D’autres représentations gravées dans la pierre célèbrent la légitimité du pouvoir royal.
Notre regard se porte maintenant sur la rive occidentale, nous approchons d’Hermopolis, l’antique Khmounou. Cette cité dont il ne reste plus rien désormais et qui a laissé la place à la ville moderne d’el-Ashmuneim a été complètement démantelée pour servir de carrière de pierres au XIXème siècle. Les seuls monuments encore visibles sont une basilique chrétienne et un pylône datant de l’ère ramesside à l’intérieur duquel furent retrouvés mille cinq cents blocs provenant d’Akhetaton, la ville du Pharaon Amenohtep IV/Akhenaton.
Toujours sur la rive Ouest, Tuna el-Gebel livre à notre curiosité une des quatorze stèles frontières que Pharaon Akhenaton déposa pour délimiter son nouveau territoire. Remarquablement bien conservée, un beau relief dans sa partie supérieure représente Akhenaton, Néfertiti et leurs deux filles en adoration devant Aton.
La borne dépassée, notre felouque pénètre au cœur d’une région étrange et porteuse d’une atmosphère chargée de mystère : les falaises impressionnantes qui bordent la rive orientale du fleuve s’effacent peu à peu pour former un vaste cirque rocheux où s’étendait, jadis, la ville du Pharaon Akhenaton, l’éclatante Akhetaton, ville éphémère qui poussa comme un champignon et s’éteignit vingt ans plus tard, soudainement abandonnée par ses habitants. Il ne reste plus grand chose de cette cité bâtie à la hâte même si elle est un des meilleurs modèles de ville du Nouvel Empire qui nous soit parvenu, son abandon total ayant évité destruction et reconstruction qui auraient pu effacer entièrement son plan d’origine. Je vous propose de rejoindre Akhenaton sur les pages qui lui sont réservées. Mieux que tout autre, ce Pharaon à la destinée extraordinaire peut vous parler d’Akhetaton , la Cité de l’horizon, la ville dédiée au dieu Aton.
Nous avons franchi la frontière qui délimite Haute et Moyenne Egypte. Nous pénétrons au cœur d’un territoire sacré entre tous, la ville sainte d’Abydos.





LES TEMPLES D'ABYDOS, LES TEMOIGNAGES DE SETHI I
Abydos fut, durant toute l’ère pharaonique, un centre religieux d’une importance capitale. Elle doit ce prestige à la légende d’Isis et Osiris qui explique comment, au terme de tragiques péripéties, le corps mutilé d’Osiris fut retrouvé, morceau après morceau, par sa fidèle épouse, la douce Isis. Cette quête entraîna la belle déesse à travers l’Egypte entière et chaque partie retrouvée de l’époux assassiné fut enterrée sur les lieux précis de sa découverte. Ainsi, Abydos fut la ville où Isis retrouva une partie capitale de son frère et mari, la tête divine. Un sanctuaire fut construit pour abriter la sainte relique, le culte d’Osiris avait trouvé son territoire saint en Abydos. Rapidement, les pèlerins affluèrent des coins les plus reculés de la belle Kemet, tout Egyptien désirant, avant sa mort, avoir accompli un pèlerinage dans la cité d’Osiris. La tradition institua, avant de quitter les lieux, de déposer une stèle commémorative, trace de leur passage obligé en ce lieu pour accéder à la vie éternelle. Les Pharaons des toutes premières dynasties y construisirent leurs cénotaphes copiés en cette coutume par certains de leurs successeurs. En effet, à sa mort, l’Egyptien antique devenait un Osiris, l’Osiris Untel. Le voisinage de la tombe divine augmentait considérablement les chances de résurrection et de vie éternelle.
C’est aussi à Abydos que se déroulaient les manifestations théâtrales appelées les Mystères d’Osiris :
"Pendant la représentation des mystères, qui se déroulaient sous la conduite d’un délégué du roi, l’effigie d’Osiris, richement ornée, naviguait vers sa tombe, portée par les prêtres sur leurs épaules. On mimait la victoire des compagnons d’Osiris sur les méchants, on psalmodiait des lamentations funèbres, on inhumait la statue en forme de momie selon les rites d’une liturgie secrète." D'après Posener
Durant la période de l‘hérésie amarnienne, le site fut quelque peu abandonné par ses fidèles. Il fallut attendre l’arrivée sur le trône du Pharaon Seti I qui, pour des raisons politiques et religieuses, se lança dans des activités constructrices prenant la forme de deux magnifiques temples consacrés à Osiris et aux dieux de l’Egypte.
Le grand temple de Seti I est un temple très particulier ayant trois fonctions essentielles qui en font son originalité et son unicité. Il est à la fois le temple funéraire de Pharaon, son Temple des Millions d’années et un splendide temple commémoratif à la gloire d’Osiris et de tous les grands dieux égyptiens.
Le plan du temple est remarquable de clarté et se lit avec une étonnante facilité tant la répartition des différentes salles a été remarquablement exécutée.
Devant le temple, deux cours (2–3) (construites par Ramsès II, son fils) se succèdent avant de pénétrer dans la première (4) des deux salles hypostyles doublée d’un portique aux piliers osiriaques. La partie postérieure de la seconde salle hypostyle (5) débouche sur les entrées de sept sanctuaires dédiés aux dieux égyptiens.
De la droite vers la gauche, de haut en bas sur le plan (6), nous trouvons le sanctuaire d’Horus, puis celui d’Isis et enfin celui d’Osiris. Au centre, la chapelle dédiée à Amon-Rê où l’on trouve les barques de la triade thébaine. Puis, toujours vers la gauche du temple et vers le bas de notre plan, nous découvrons le sanctuaire de Rê-Horakhty, celui de Ptah et enfin celui de Seti I divinisé. Chaque sanctuaire divin, à l’exception de celui de Seti I, devait probablement abriter les barques respectives de chaque dieu.
Chaque sanctuaire donnait accès, par l’intermédiaire d’une fausse porte, à un cénotaphe construit derrière le temple. Seule la chapelle d’Osiris était munie d’une véritable porte menant à un groupe de pièces appelé le complexe d’Osiris. Ce complexe était composé de deux salles et trois chapelles dédiées à la triade divine Osiris, Isis et Horus.
A partir de la seconde salle hypostyle un passage donnait accès à une aile latérale (7) composée de nombreuses salles dont une consacrée à Nefertoum et Ptah-Sokar et d’autres servant à abriter les barques et les divers objets de culte. C’est là aussi que l’on trouve un long corridor dont les murs sont ornés de la fameuse liste royale dite Liste royale d’Abydos recensant les noms des ancêtres de Seti I depuis la première dynastie jusqu’à son propre règne. A l’ombre d’un plafond décoré d’étoiles, on découvre, sur les murs, le relief représentant Seti I faisant offrande d’encens aux soixante-seize rois qui l’ont précédé.
A l’Est du temple, des magasins (9) en briques bordaient le temple à l’instar de nombreux autres temples (Ramesseum) et une salle (8) à colonnes appelée Salle du Roi devait être mise à la disposition royale lors de ses visites.
Ce temple est l’un des joyaux de l’art monumental pharaonique. La qualité des reliefs traduisant avec précision les rites journaliers en l’honneur des dieux, leur extraordinaire état de conservation, la rigoureuse perfection de leur exécution placent ce monument parmi les productions les plus parfaites du Nouvel Empire et de l’Histoire pharaonique dans son ensemble.

Malheureusement, Seti I ne vit pas l’achèvement des travaux de ce temple original où se lit le désir de surpasser tout ce qui avait été fait auparavant. Ramsès II, son fils, alors tout jeune Pharaon, fit la promesse lors d’un pèlerinage sur cette terre sainte, de mener à terme l’œuvre entreprise pas son père à qui il vouait, depuis sa plus tendre enfance, une fascinante admiration.
Derrière le temple d’Abydos (10), se dresse un monument particulier appelé Osireion qui est le cénotaphe de Seti I. Et les plans tracés par Pharaon en font une œuvre d’une extrême originalité. L’Osireion est en quelque sorte la reproduction du Benben, la butte primordiale surgie du Noun à l’aube de la Création. Il est malheureusement très endommagé mais les couleurs qui subsistent, calcaire blanc, grès doré et granit rose laissent deviner la magnificence du passé. Une salle dont la partie centrale était à ciel ouvert, entourée d’eau, traduit cette colline des origines. De chaque côté, des piliers de granit se dressaient, imposants blocs monolithiques soutenant de non moins imposantes architraves. Le monument s’achevait par une pièce en forme de sarcophage dont le plafond était décoré de diverses représentations astronomiques. Tout cet ensemble était associé à la personne d’Osiris et aux mécanismes de sa résurrection.
En abordant la région thébaine, nous retrouverons ce grand Pharaon que fut Seti I et nous le suivrons dans les réalisations qu'il commanda tant à Karnak qu'à Gournah où il édifia son Château des Millions d'années.
LES TEMPLES D'ABYDOS, LES TEMOIGNAGES DE RAMSES II ET AUTRES
Plus au Nord, Ramsès II, fils de Seti I, édifia son propre temple funéraire qui fit aussi office de reposoir de barque. Construit entièrement en calcaire, on retrouve sur les vestiges du second pylône le récit de la bataille de Kadesh, le célèbre Poème de Pentaour. Ce temple abrite aussi les chapelles des dieux thébains, de l'Ennéade d'Héliopolis ainsi que le sanctuaire du dieu Oupouaout, l'Ouvreur des Chemins, saint patron des nécropoles. Nettement plus endommagé que celui de son père, ce temple reprend toutefois la philosophie religieuse de celui-ci dans la mesure où il commémore le pèlerinage qu’il fit à Abydos en l’honneur d’Osiris.
Je vous propose de consulter le Plan annexe pour découvrir les nombreuses autres réalisations qui se sont élevées sur le site d’Abydos.
2. Vestiges de la ville de l’Ancien et du Moyen Empire
3. Petit temple d’Osiris
9. Lacs sacrés du temple d’Osiris
4. Petit temple de Ramsès II
5. Nécropole du Moyen Empire
8. Nécropole du Nouvel Empire
10. Nécropole de l’Ancien Empire
13. Temple de Ramsès II
14. Temple de Ramsès I
15. Temple de Seti I et Osireion
Nous quittons Abydos, nous abandonnons dans notre sillage un site dont nous avons déjà évoqué l’existence en étudiant la Période Néolithique, le site d’el-Amra qui a donné son nom à une phase très importante de cette période égyptienne, la phase amratienne. El-Amra recèle de très nombreuses tombes datant des périodes protodynastique et prédynastique et, non loin de là, dans le petit village de Djebel Arak fut retrouvé le célèbre couteau dit « du Djebel Arak », magnifique pièce datant de la période prédynastique, actuellement exposée au musée du Louvre.
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