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![]() ![]() ![]() ![]() Transportées au musée de Boulaq, au Caire, les momies royales furent accueillies dans des salles conçues à leur intention et, dès 1882, on protégea certaines d’entre elles derrière le verre de vitrines. Mais leur plus grand ennemi avait commencé sa patiente œuvre de destruction : la perfide humidité s’insinua peu à peu au cœur des momies, danger dont elles avaient été protégées au sein de la montagne thébaine en raison d’un climat extrêmement sec. ![]() Presque dix années après son arrivée au Caire, Ramsès II fut dérangé par la soudaine lubie de Mohammed Pacha Tewfik, alors Khédive d’Egypte, qui désira qu’on lui prouve l’identité de la momie du Grand Pharaon. Qu’à cela ne tienne, Maspero qui avait succédé à Mariette entreprit sous le regard médusé des autorités égyptiennes le débandelettage du défunt. Et apparut le nom de Ramsès II, écrit par Hérihor, le dernier des grands prêtres à avoir touché la momie. La preuve était indiscutable mais l’on put aussi constater combien la dignité de Pharaon avait souffert des pillages antiques : le lin le plus grossier avait remplacé le fin tissu des origines et l’on suppose que la seconde inhumation avait du se faire dans des conditions bien précipitées. Mais l’heure du repos n’avait pas encore sonné. Les momies royales furent transportées dans un nouveau musée, l’actuel Musée du Caire où elles jouirent d’un répit de courte durée puisqu’elles furent entreposées, ensuite, dans la maison de fonction du Directeur des Antiquités Egyptiennes. Cette idée saugrenue ne fut pas du goût du chanoine Drioton, directeur de ce Service. On imagina, curieuse pensée, les installer dans la tombe de Saad Zaglhoul mais elles réintégrèrent finalement le musée du Caire. ![]() Malheureusement, le sort s’acharna sur les défunts. Mises au contact d’un nombreux public venu les "visiter", elles souffrirent de l’humidité ambiante dégagée par ces curieux mais aussi de l’humidité remontant du Nil. Ramsès II, le pauvre, commença à dégager une odeur quelque peu dérangeante : Pharaon était malade, on s’attroupa à son chevet, le verdict fut sévère et l’urgence était réclamée. C’est alors qu’entre en scène une femme extraordinaire qui mit tout son cœur à vouloir sauver Ramsès : Christiane Desroches-Noblecourt, qui s’engagera aussi pour la cause des beaux temples nubiens, persuada les deux chefs d’Etat, V. G d’Estaing et Anouar el-Sadate qu’il fallait absolument transporter Pharaon en France, au Musée de l’Homme, afin qu’il reçoive de la part de scientifiques compétents tous les soins dont il avait grandement besoin. Ramsès II quitta sa terre natale dans des conditions qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Jamais il ne fut plus près des étoiles qu’en ce jour du 26 septembre 1976, où, sous bonne escorte militaire il prit son envol dans les cieux dominant pour une courte minute les tombes pyramidales de ses glorieux ancêtres ! L’arrivée à Paris se fit en grande pompe, on déploya la Garde Républicaine sur la base aérienne du Bourget, militaires et civils de haut rang attendaient respectueusement un grand Chef d’Etat ! ![]() Ramsès séjourna sept mois au musée de l’Homme. La cour de ses soignants ne comptait pas moins de cent dix scientifiques dont le doyen Balont. Un scientifique égyptien faisait partie de ce corps médical un peu spécial, le docteur Menialaoui. Dans une chambre stérile, on procéda à des radiographies et des endoscopies, on en profita pour remettre en ordre bandelettes et chevelure. Mais il fallait cependant traiter le mal dont souffrait notre pauvre Ramsès. Un autre chercheur égyptien, le docteur Mouchaka étudia le tissu de lin grossier dont avait été revêtu la momie car le gouvernement égyptien avait bien spécifié dans ses conditions de remise du défunt à la France qu’aucune agression ne serait faite sur la momie et que toute recherche devait être effectuée à partir d’éléments extérieurs. Cet éminent spécialiste découvrit les causes du mal qui rongeait notre Roi, non pas un microbe comme on l’avait supposé mais une espèce de champignon néfaste parmi une soixantaine d’espèces témoignant d’une activité fongique récente et intense, le Daedalea Biennis. Restait à trouver le traitement adéquat, on élimina les gaz et produits liquides trop dévastateurs et l’on opta pour l’irradiation aux rayons gamma B. Ramsès était sauvé, il allait pouvoir continuer à "vivre". ![]() Ramsès devait bien mesurer dans les 1,75 m, sa peau était blanche, et son profil mettait en avant un nez fortement busqué, jusque là rien que de très banal. La stupeur vint de la révélation que notre grand Roi était porteur d’une chevelure dont la couleur était pour le moins inhabituelle : Ramsès, c’est prouvé (expériences faites par les laboratoires l’Oréal) était roux et l’on verra, dans la suite de ce dossier, comment notre habile stratège manœuvra pour que cette "difformité" devienne un avantage miraculeux ! De plus, des grains de sable éparpillés dans sa rougeoyante chevelure, finement analysés, laissent à penser que la momification eut lieu dans le Delta. A l’intérieur du thorax momifié on trouva des traces de bitume, des feuilles de tabac hachées et une multitude de pollens de fleurs de camomille mélangées à des feuilles de sauge, de tilleul et de platane. On retrouva même quelques petits morceaux de linge d’embaumement délicatement tissés de fils d’or et de fils bleus. ![]() Le retour de Pharaon se fit dans les mêmes conditions que son départ, un avion militaire l’emporta vers la terre de ses ancêtres. Dernier hommage symbolique et d’une attention touchante : un grand drap brodé aux deux plantes héraldiques de Haute et de Basse-Egypte recouvrait le cercueil lors de ce dernier voyage, commandé par les soins de son infirmière dévouée, Madame Noblecourt. Les aventures de Ramsès II, Ouser-Maât-Rê Setepen-Rê sont enfin terminées, il repose en paix au Musée du Caire dans son sarcophage d’origine, Pharaon peut partir en quête d’éternité en toute quiétude puisque son corps est redevenu parfaite momie. Vous imaginez bien qu’un homme ayant eu un destin post-mortem aussi original et extraordinaire avait de fortes chances d’être placé sous les auspices d’une étoile peu commune. C’est que je vous propose de découvrir dans ces nouvelles pages à venir… ![]() |