Si tous les égyptologues veulent bien aujourd’hui,
dans tous les domaines de leurs recherches,
faire table rase des idées reçues,
non point pour déprécier l’effort méritoire de leurs prédécesseurs,
mais pour repenser les problèmes sans autre souci que celui de l’exactitude,
s’ils osent se dégager d’un conformisme peureux et d’une érudition creuse,
s’ils se libèrent d’un monde de conventions académiques dans une période qui n’est que trop favorable aux contraintes,
ils auront tôt fait de mesurer la valeur de la connaissance traditionnelle que les Egyptiens ont inscrit de mille façons subtiles dans leurs temples
.
Alexandre Varille, Louxor, le 20 avril 1951
Egypte, quand tu nous tiens, jamais plus tu ne nous quittes ! Et nous ne sommes pas prêts d’être délivrés de tes liens envoûtants. Et, surtout, nous ne sommes pas les premiers, humbles égyptophiles, à être emprisonnés dans tes liens délicieux. L’Egypte a suscité enthousiasme et passion depuis les temps les plus reculés de notre Histoire. En effet, la terre égyptienne fut un lieu de pèlerinage et de villégiature très prisé et, dès l’Antiquité, voyageurs de tout pays, auteurs et philosophes, grecs ou romains, ont foulé le sol des Pharaons, étudiant les us et coutume d’un peuple original et accueillant. Hérodote, Strabon, Diodore de Sicile ont livré bon nombre d’observations plus ou moins objectives et dignes de crédibilité mais l’intérêt est là, leurs compte-rendus ont façonné, qu’on le veuille ou non, notre manière de percevoir la civilisation égyptienne.
Le Grand Empire romain fut pris dans le grand tourbillon de l’engouement égyptien, Isis étendit ses charmes et ses qualités dans tout la bassin méditerranéen. Quand pointe l’ère chrétienne, le tourbillon de la curiosité prend l’aspect d’un macabre cyclone : temples et statues sont détruits, traditions et cultes égyptiens sont sauvagement bannis, la culture pharaonique s’éteint doucement sous la férule chrétienne, implacable et despotique à l’excès.
La religion musulmane prend le relais de cette farouche persécution contre ce que l’on nommait à l’époque l’obscurantisme le plus vil. Bible et Coran prohibent les us et coutume égyptiennes. L’Egypte est vouée à la vindicte religieuse la plus injuste mais paradoxalement des hommes un peu plus tolérants et ouverts s’intéressent à la civilisation pharaonique au travers de l’étude de ses monuments et de son écriture. Les mystères égyptiens, les pyramides secrètes, les hypogées compliquées, les trésors encore cachés mais devinés et enviés, attirent les savants, les érudits et les curieux de tout acabit et point forcément des plus crédibles et sérieux. On passe alors au phénomène de l’egyptomania la plus suspecte où la poudre de momie aurait d’insoupçonnés pouvoirs curatifs, l’Egypte devient une curiosité que l’on suppose découvrir dans les boudoirs mondains décorés de sarcophages et de reliques égyptiennes que l’on s’attend bien peu à rencontrer dans de tels endroits.

L’Egypte devient un marché florissant et lucratif, des fouilles inorganisées sont entreprises, des collections anarchiques s’accumulent chez les particuliers du monde entier, c’est tout le patrimoine égyptien qui s’envole et qui se perd peu à peu, qui se désagrège insensiblement.
Heureusement, tout travers et toute manie entraînent des contreparties bénéfiques et quelques hommes plus consciencieux que d’autres, animés par un désir sincère de connaître, d’apprendre et de protéger tentent de mettre un peu d’ordre dans cette catastrophe généralisée. La Révolution des Lumières entraîne en Egypte notre Napoléon et son armée de militaires, de savants et de scientifiques, l’égyptologie est en marche et, rapidement, l ‘aventure égyptienne devient une véritable science qui se veut aussi précise, fidèle que possible et surtout respectueuse du matériel archéologique qu’elle manipule :
"Nous sommes essentiellement des gens de chantier : notre mission : conserver et restaurer le patrimoine égyptien tout en l’étudiant." argumente Francois Larché, directeur du CFEETK.
Les égyptologues sont nés, Champollion, Rossellini, Lepsius, Maspéro, Mariette, Petrie et toute le relève des égyptologues de talent que nous pouvons croiser sur les grands chantiers archéologiques.
Je vous propose de découvrir ces hommes de passion qui se donnent corps et âme à la découverte et la renaissance de l’Egypte. Notre vision égyptienne dépend étroitement de leur propre vision, sachons les écouter, nous comprendrons mieux leurs interrogations et nos pourrons, nous-mêmes, tout du moins je le souhaite, forger notre propre perception du sujet amoureusement mais raisonnablement traité !
"Si la recherche égyptologique est le lot de quelques-uns, la culture pharaonique est un patrimoine universel. L’humanité entière a le droit d’y avoir accès, de pouvoir la recevoir, l’apprécier, l’assimiler comme une part de son histoire commune." Sauneron


Revenez de temps en temps sur cette page, Râhotep prépare pour vous la suite de cette aventure.
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