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Viens, eau de la vie qui jaillit de la terre. Le ciel brûle et la terre tremble A l'arrivée du grand dieu. Les montagnes de l'occident et de l'orient s'ouvrent, Le grand dieu apparaît Le grand dieu s'empare de l'Egypte.. |
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![]() ![]() ![]() Hérodote, historien grec au Vème siècle av. J. C avait eu cette phrase célèbre : l’Egypte est pour ainsi dire un don du Nil. Mais l’Egypte n’était pas la Terre Promise et malgré les bienfaits dispensés par le fleuve nourricier, la Terre des Pharaons n’aurait pu véritablement exister sans le don d’organisation de ses dirigeants et le dur labeur de sa population. ![]() Les Grecs et les Romains attribuèrent au Nil des sources inconnues mais le mystère demeurait tel qu’ils employèrent une expression très imagée pour parler d’un projet qualifié d’irréalisable : quarere fontes Nili, chercher les sources du Nil ( Le Nil, A.G. de Beler). Une chose est sûre : le Nil est avant tout le produit de deux fleuves distincts : le Nil Blanc et le Nil Bleu. ![]() Au début du XIXème siècle, de téméraires explorateurs se lancent dans la recherche des sources mystérieuses du Nil. Mais le milieu est hostile, décourageant et certains n’en reviendront pas. Un aventurier plus chanceux, Richard Burton, découvre un lac, le lac Tanganyika, situé à la frontière entre le Zaïre et le Burundi et le considère d’emblée comme père nourricier du Nil. Mais le 30 juillet 1858, un officier de l’armée des Indes, J. H. Speke remet en cause cette théorie en découvrant un lac immense, déjà connu sous le nom de lac Nyanza par les indigènes et dont la superficie l’étonne : " Ce lac est si large qu’on ne peut d’une rive apercevoir la rive opposée. C’est un lac immense à la mesure de l’empire britannique : voilà pourquoi je l’ai baptisé Victoria. " Et il est vrai que ce lac peut en imposer : 68 000 kilomètres carrés, soit 360 kilomètres de long sur 250 de large. Le 28 juillet 1862, Speke et son ami Grant atteignent l’endroit où le fleuve s’échappe du lac : ce sont des chutes vertigineuses baptisées les Rippon Falls. On pourrait croire le problème des sources du Nil résolu mais une autre expédition conduite par S. Baker remet en cause l’hypothèse de Speke puisqu’en 1864 il découvre à son tour un nouveau lac qu’il considère comme le lac nourricier du Nil et qu’il baptise lac Albert. Qui a raison : Burton et le Tanganyika, Speke et le Victoria-Nyanza ou Baker et le lac Albert ? En fin de compte, Livingstone dépêché par la Royal Geographical Society de Londres et relayé à sa mort par son ami Stanley apporte en 1876 la solution finale : c’est bien le lac Victoria qui donne naissance au Nil Blanc, le Bahr el-Abiad des Africains. Fort de cette affirmation, il tente de localiser les mystérieuses montagnes mentionnées par Claudius Ptolémée, mathématicien et géographe grec qui affirmait que les sources du Nil étaient les Montagnes de la Lune qui nourrissent de leurs neiges les lacs, sources du Nil. Le 24 mai 1888, il découvre ces fameuses montagnes à l’ouest du lac Victoria que les indigènes nomment Ruwenzori. ![]() C’est le Père Paez, missionnaire portugais, qui découvre le premier les origines de ce fleuve. Voyageant dans la zone du lac Tana en Ethiopie, il remarque qu’un fleuve le Petit Abbai s’y jette à l’Ouest pour en ressortir aussitôt au Sud sous le nom de Grand Abbai, le Nil Bleu. ![]() Ainsi, ces deux fleuves vont parcourir chacun de leur côté plusieurs centaines de kilomètres avant d’être réunis à Khartoum. Le Nil Blanc traversera l’Ouganda où aux Murchinson Falls il effectuera une chute de plus de quarante mètres. Il pénètrera au Soudan par les rapides de Fola et il accomplira sur ce territoire près de 68% de son trajet soit 3850 kilomètres. Après avoir traversé une région très mouvementée nommée le Styx, le Nil Blanc se jettera dans le lac No : il est à 950 kilomètres de Khartoum. A Kosti, à 285 kilomètres de Khartoum, le fleuve va adopter une configuration qui sera la sienne jusqu’au Delta méditerranéen : Nil au centre, palmeraies et cultures sur les berges et déserts au loin. Le Nil Bleu effectuera un voyage nettement plus court, 1563 kilomètres. Sa caractéristique principale sera sa force qu’il acquiert grâce au terrain très accidenté qu’il traverse. Cette puissance lui permettra d’emporter tout ce qu’il trouvera sur son passage, dont les fameux limons issus de la décomposition des roches volcaniques des montagnes éthiopiennes et qui assureront des millénaires durant la fertilité des terres égyptiennes. A Khartoum, le Nil Blanc et le Nil Bleu peuvent enfin s’unir pour donner naissance à un seul Nil. Entre Khartoum et Assouan, le Nil roule ses eaux de cataractes en cataractes. Six au total, numérotées dans le sens inverse du cours du Nil, la sixième était en fait la première depuis Khartoum. Après la dernière cataracte, celle d’Assouan, le Nil pénètre en Haute Egypte. Dans la Vallée égyptienne, durant 1500 kilomètres, il va s’écouler en pente douce pour atteindre son but ultime : la Méditerranée. Dans le Delta, région très fertile, le Nil se partage en deux bras, le bras de Mariette à l’Est et le bras de Rosette à l’Ouest pour se jeter enfin dans la mer. |
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![]() ![]() ![]() ![]() de chaque côté du fleuve, au-delà des terres cultivables, deux déserts occupent le pays : ![]() ![]() ![]() " Ce qui se passe au moment de la crue du Nil est un phénomène qui frappe ceux qui le voient, et qui semble tout à fait incroyable à ceux qui en entendent le récit. Tandis que les autres fleuves baissent pendant le solstice d’été et vont toujours en décroissant pendant le reste de la belle saison, le Nil est le seul qui commence à grossir à ce moment là et il croît tellement de jour en jour qu’il finit par recouvrir toute l’Egypte. " Et voilà les réflexions de Strabon : " L’activité des gens par rapport au fleuve atteint le niveau d’une victoire de la diligence de l’homme sur la nature. Par sa nature, le sol d’Egypte produit plus de fruits que d’autres terres et plus encore s'il est irrigué. Naturellement, une inondation plus copieuse irrigue davantage de terres, toutefois l’ingéniosité des hommes compense les défauts de la nature, et même avec des inondations de moindre portée, ils réussissent grâce à des digues et des canaux à irriguer la même surface de terre. " ![]() Les textes disaient que le fleuve commençait à monter à l’assaut des berges tel un jeune homme amoureux. La crue portait le nom de Hâpy, symbolisée par un homme ventripotent et pourvu de mamelles. Deux Nils se succédaient alors : le Nil vert porteur des plantes tropicales à la dérive venues du Sud, et le Nil Rouge chargé du riche limon rougeâtre, fertilisateur des champs. Le pays devenait alors un immense lac où l’on se déplaçait à bord de barques. C’était le temps des vacances où l’on rendait visite aux membres de la famille, mais c’était aussi l’époque où l’on se faisait engager comme ouvriers sur les grands chantiers royaux des pyramides et des temples. Dès que s’amorçait la décrue, les paysans retournaient dans les champs détrempés pour y semer les grains. Les champs n’avaient plus de limites, seuls les palmiers émergeaient des terres ensevelies. Le phénomène atteignait son maximum entre le 30 septembre et le 10 octobre. Pour être équilibrée, la crue devait atteindre une hauteur minimale de 6 mètres et maximale de 8 mètres. Les Egyptiens mirent au point un ingénieux système destiné à mesurer la crue du fleuve, le nilomètre. ![]() La saison shemou prenait fin lorsque l’étoile Sothys réapparaissait dans le ciel annonçant la crue prochaine. Pendant plus de trois mille ans, l’Egypte a vécu au rythme des levers de cette étoile et des crues du Nil alors qu’un décalage toujours plus important séparait les deux phénomènes qui ne coïncidaient qu’une fois tous les 1460 ans. Dans le lien Organisation du pouvoir et Economie l’agriculture égyptienne, extrêmement riche et variée en raison des bienfaits du Nil est décrite dans ses principaux rouages. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Symboliquement, le papyrus définissait l’Egypte du Nord, la Basse-Egypte dont l’emblème, le cobra femelle Ouadjet était dressé sur trois ombelles de papyrus, tandis que l’Egypte du Sud, la Haute-Egypte était définie par le lis dont l’emblème, le vautour Nekhbet était juché sur trois fleurs de lis. ![]() Au XXème siècle, les Britanniques financèrent la construction d’un barrage, le Old Dam, destiné à régulariser les remous de la première cataracte. Après plusieurs modifications entre 1907 et 1934, le résultat aboutit à un barrage de 41,50 m de haut créant une retenue d’eau de 5 milliards de mètres cubes et noyant la Basse Nubie sur 295 kilomètres. Mais Nasser lança les bases d’un projet encore plus ambitieux : régulariser les crues, contrôler le fleuve jusqu’au Delta et produire l’électricité suffisante à l’Egypte entière. Une telle réalisation requérait la participation financière des grandes puissances mondiales. Les Etats-Unis refusèrent d’y participer ce qui conduisit le gouvernement égyptien à nationaliser la Compagnie du canal de Suez, décision qui entraîna le crise internationale de 1956. Les Russes emportèrent finalement le marché et après onze années de travaux, les Présidents Sadate et Podgornyï inaugurèrent le Haut Barrage d’Assouan : 40 m d’épaisseur au sommet, 980 m à la base, 3600 m de long, 11 m de haut et 42,7 millions de mètres cubes de volume et dont le poids peut résister à la poussée des 157 milliards de mètres cubes du lac Nasser. ![]() Une autre conséquence, et non des moindres, fut l’ensevelissement sous les eaux de nombreux monuments dont le temple de Philae et le temple d’Abou Simbel. Une solution fut trouvée grâce à l’extraordinaire travail de l’Unesco qui prit en charge le sauvetage de ces temples. |
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![]() ![]() ![]() ![]() Ainsi, l’on retrouve dans les dénominations de la Terre d’Egypte ces saisissants contrastes : l’Egypte s’appelle Khemet, la noire, en raison du limon qui enrichit ses rives, et elle se nomme Decheret, la rouge, quand elle se présente sous ses formes désertiques. Outre les facteurs physiques et climatiques, l’approche duelle de l’Egypte ancienne apparaît aussi dans le particularisme de sa population. Tour à tour, le Nord et le Sud, dans les temps prédynastiques, ont tenté de s’imposer. Et cette ambivalence politique a fortement marqué les institutions égyptiennes. Chacune de ces deux régions a mis en exergue les particularités qui la caractérisent. Ainsi l’Egypte est devenue : le Double Pays, les Deux Terres unifiant : la Haute-Egypte du Sud dont l’emblème est le lis et la déesse tutélaire le vautour Nekhbet la Basse-Egypte du Nord dont l’emblème est le papyrus (ainis que l’abeille) et la déesse tutélaire le cobra Ouadjet. ![]() ![]() ![]() |