"L’homme y passe
à travers des forêts de symboles
qui l’observent avec des regards familiers"

Le Temple d'Opet, Louxor, l'histoire
Le Temple d'Opet, Louxor, la visite guidée
Louxor, le plan
AlbumLouxor
Retour Plan Arts et Monuments
Le Temple d'Amon, Karnak l'histoire
Le Temple d'Amon, Karnak la visite guidée
Karnak, le plan
Album Karnak
QUELQUES REPERAGES
Nous avons franchi la porte du temple de Karnak, l’Ipet Isut, porte qui fait face aux temples de Khonsou et d’Opet et nous engageons sur un dromos, superbe allée qui relie sur près de trois kilomètres le temple de Karnak au temple de Louxor. De chaque côté de cette voie, trois cent soixante cinq sphinx à tête humaine accompagnent notre progression et semblent nous saluer comme ils l’ont fait, il y a plusieurs siècles, au passage des processions festives qui unissaient les deux temples. Les inscriptions gravées sur ces nobles statues datent de la dynastie XXX, probablement aussi peut-on y lire une représentation de Nectanebo, et il ne faut pas les confondre avec les sphinx du dromos de Karnak menant au pylône I dont les têtes zoomorphes étaient un hymne au dieu Amon.
Le temple de Louxor nous fait soudainement face, le gigantisme répété de ce monument nous donne, une fois de plus, le vertige et son premier pylône flanqué de deux colossales statues et d’un obélisque rescapé nous laissent présager de bien belles merveilles !
Mais quelle est l’histoire de ce temple grandiose ?
Louxor, El Qousor en arabe, les Châteaux, est considéré comme le temple méridional d’Amon, son harem en quelque sorte, où l’on vénérait, au rythme de fêtes bien particulières, son aspect fertile et régénérateur. Et par voie de conséquence, Pharaon, représentant terrestre du dieu Amon, voyait son pouvoir lui aussi régénéré par le jeu subtil d’une fusion avec les forces divines. Il ne faut pas oublier qu’à l’issue de la Seconde Période Intermédiaire, la libération était venue du Sud, de Thèbes plus précisément. Thèbes n’avait pas été occupée par les envahisseurs, Thèbes la Victorieuse était devenue la Ville du triomphe d’où étaient partis les libérateurs du royaume égyptien. Thèbes avait donc une histoire glorieuse, Amon y régnait en tant que dieu sauveur de la nation. Tout cela valait bien quelques fêtes inoubliables !
Ce temple de régénération a probablement été pensé et suggéré au Pharaon Amenhotep III par son scribe talentueux et néanmoins architecte, Amenhotep, fils de Hapou. Ainsi peut-on lire sur la partie extérieure du temple cette dédicace :
"J’ai construit le temple avec la belle pierre blanche, j’ai fait les battants des portes en bois d’acacia incrusté d’or et ils sont munis de gonds de bronze. Le nom d’Amon y est inscrit en marqueterie…"
Mais il est temps de faire la fête car le temple de Louxor était un lieu de villégiature où Amon venait célébrer son hymen avec sa compagne la belle déesse Mout. Et, une occasion pareille de faire la fête, jamais un Egyptien antique ne l’aurait laissée passer sans y participer passionnément…
LA GRANDE FETE D'OPET Reconstitution
Tout commence lorsque la saison Akhet, la saison bénie de l’Inondation, étend sur les rives du fleuve les prémices tant attendues de la crue providentielle. Les eaux du Nil se parent d’une couleur verdâtre tant elles sont chargées de plantes tropicales dérivant des hauts plateaux éthiopiens, c’est le Nil Vert qui sera suivi du Nil Rouge charriant le limon fertile. Le premier mois d’Akhet est le mois de Thot, point de départ de la nouvelle année égyptienne. Le peuple est en liesse, tout danger de sécheresse est à présent, en partie, écarté, on se congratule dans les villes et dans les campagnes, on s’échange des petits présents et, comme les eaux ont commencé à envahir la moindre parcelle terrestre, on en profite pour rendre visite aux parents éloignés, tantes, oncles, cousins ou simplement amis.
Dans les temples, et notamment à Karnak, les prêtes s’activent, allument des cierges et chantent des hymnes en l’honneur du grand événement. Dès l’aube, ils ont puisé de l’eau dans le fleuve sacré, ont rempli un beau vase d’or et d’argent de ce liquide miraculeux et l’ont béni de leurs prières avant de le distribuer au bon peuple.
Paophi, deuxième mois de ce début d’année voit se prolonger ces rites magiques. Venue du Sud lointain, la crue a maintenant tout envahi sur son passage, Karnak se dédouble dans ce beau miroir liquide aux reflets d’argent mais elle doit atteindre le vaste Delta, il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir, chemin qu’il faut encourager et inciter par des rituels bien précis. Amon le grand dieu se doit d’accomplir ces rites magiques et l’on prépare sa Sortie.
Le point de départ de la procession est le temple de Karnak. Dans leur sanctuaire, les divins participants ont été préparés, oints et habillés de leurs plus beaux habits de fête : Amon, Mout et Khonsou apparaissent sur leurs barques portatives plaquées d’or et d’argent, chacune de ces barques étant parées des attributs correspondants de chaque dieu : celle d’Amon est, bien sûr, la plus grande, la plus fastueuse, elle est ornée de deux têtes de bélier, une à la proue, l’autre à la poupe. La barque de Mout, plus petite, présente à ses extrémités la belle tête de la déesse coiffée de la dépouille d’un vautour. La barque de Khonsou, leur rejeton, est imagée par deux têtes de faucon. Avant le grand départ, Pharaon a présenté aux dieux des offrandes et des fumigations, gages des rites éternellement renouvelés.
Ces barques sont portées vers le quai d’embarquement, la foule crie sa joie à leur sortie du temple et les fumées d’encens noient quelque peu la magnificence de cette divine apparition.
Sur les eaux, flottent les trois bateaux qui vont transporter la famille thébaine jusqu’à l’Opêt méridional. Quel luxe ! Ces palaces flottants sont à la mesure des dieux qu’ils véhiculent : on y voit briller de mille feux, de mille éclats, les pierres les plus précieuses, turquoise, lapis-lazuli sans compter les tonnes d’or et d’argent qui alourdissent l’ensemble. Le périple fluvial des dieux thébains est des plus plaisants, tout est mis en œuvre pour leur plus grand confort et afin qu’ils ne soient point dépaysés, on a voulu que ce fabuleux équipage soit le modèle de leur maison divine.
Sur le canal, des haleurs tirent les barques sous les acclamations et les encouragements de la foule en joie. Au son des sistres et des crotales, des tambourins et des chants, les efforts de ces hommes de peine sont allégés et leur énergie décuplée. Et la procession se dirige vers Louxor. Sur les deux rives, ce ne sont que danses, jeux, musique, on boit, on fait ripaille, bref, le pays est dans l’allégresse…
Ce qui se passe, une fois au cœur du temple méridional, nous n’en savons pas grand chose : le mariage d’Amon et de Mout est sûrement consommé à ce moment là, mais chut, respectons l’intimité de nos dieux !
Les dieux séjourneront une vingtaine de jours dans leur résidence secondaire (onze jours sous les Thoutmosides, vingt-sept jours sous les Ramessides). Cependant, même les moments les plus heureux doivent prendre fin, Athyr, troisième mois d’Akhet vient de commencer, il faut penser au retour vers Kanak qui s’effectuera dans les mêmes conditions qu’à l’aller.
Mais bien plus qu’une fête populaire, la Grande Fête d’Opêt peut être comprise comme un message qui confirme le pouvoir royal sur le Double-Pays par l'intermédiaire du dieu Amon. Symboliquement, lorsque Amon prend possession du temple méridional, il affirme en quelque sorte son autorité sur le Sud d’où vient la crue, garante de la survie de l’Egypte. Le retour de la divinité vers le temple de Karnak, vers le Nord, donc, étend symboliquement son pouvoir jusqu’au Delta lointain, comme l’ont fait les eaux salvatrices qui, au terme de leur course se sont jetées dans la Très-Verte. Dans l’esprit du peule égyptien des temps actuels, le folklore local a souvenance des ces rites anciens et, chaque année, à Louxor, des cérémonies ont lieu, de joie et d’allégresse, à la seule différence qu’Amon a laissé la place au saint musulman local, Abou el Haggag.
De très beaux reliefs datant du règne de Toutankhamon, d’Horemheb et de Ramsès II illustrent dans le détail le déroulement de cette procession qui unissait dans une même liesse, les nobles, les grands, les dignitaires au petit peuple, aux chanteurs et danseurs. On peut y voir le halage des barques divines, la longue file des bœufs gras destinés aux tables d’offrandes, les musiciens et acrobates dans l’exercice de leur art, etc.
Si la Grande Fête d’Opêt est la plus populaire de touts les fêtes égyptiennes, elle n’est pas la seule occasion de se réjouir. Il nous reste encore à célébrer la Belle Fête de la Vallée.

















LA BELLE FEE DE LA VALLEE Reconstitution
La Grande Fête d’Opêt était balisée de telle manière qu'elle suive les berges du Nil : on se dirigeait vers le Sud des origines pour revenir, une fois les rites accomplis, vers le Nord.
La Belle fête s’orientait selon la course du Soleil dans le ciel : on partait de l’Est pour atteindre l’Ouest. Et cette fois-ci l’on traversait le fleuve dans sa largeur pour atteindre l’Occident.
Nous changeons de saison et pénétrons au cœur de la saison shemou, la saison des moissons et nous voici au mois de Payni. Cette Fête dure moins longtemps que la précédente, une dizaine de jours seulement. Aujourd’hui, la chaleur est suffocante, accablante, Amon et sa barque sacrée vont devoir accomplir un long périple qui les mènera de Karnak à Deir el-Bahari, au cœur de la Vallée occidentale via la traversée du fleuve. Là encore, la foule est présente, colorée et joyeuse, elle est venue porter offrande de fleurs et d’encens aux défunts inhumés dans cette vaste nécropole thébaine.
Amon se doit de visiter tous les sites royaux et fait halte dans tous les temples funéraires construits sur cette rive Ouest notamment le Ramesseum, le temple des Millions d'années de Ramsès II.
Une fois encore, par assimilation toutes les offrandes faites à Amon profitent aux souverains défunts visités et honorés. Et le petit peuple confiant entend bien profiter aussi de cet espoir pour ses propres morts. Mais la tristesse n’a point sa place en ces lieux : chacun veut croire au miracle renouvelé de la résurrection éternelle. Et les montagnes arides, impressionnantes et étouffantes renvoient l’écho lancinant des crotales et des sistres agités par les femmes tandis que les hommes, en chantant, ont allumé des feux qui alimenteront les banquets en l‘honneur des disparus.
La Belle Fête de la Vallée unit les morts aux vivants et afin que ces derniers puissent encore mieux communiquer avec les défunts, il est coutume d’affirmer que l’ivresse dûe à l’alcool, rapproche encore plus les premiers des seconds ! On imagine sans peine les conséquences de cette consommation excessive sur l’ambiance de la fête mais, feu des trouble-fête, s’offrir une belle journée demeure un grand moment dans l’existence de l’Egyptien ancien.
LES GRANDES FETES AUTOUR DE THEBES
Autour de Thèbes et durant le Nouvel Empire, d'autres festivités prenaient place dans le quotidien de l'Egyptien antique. De moindre importance que celles citées précédemment, elles mobilisaient cependant une bonne partie de la population :
Saison AKHET (saison de l'Inondation et des Semailles)
Thot : Nouvel An (1er du mois) - accueil du flot de la Crue (9 du mois)
Paophi : fête d'Opêt (15 du mois, apogée le 22)
Athyr : fin de la fête d'Opêt
Khoyak : fête d'Osiris-Sokaris (25 et 26)
Saison PERET (saison de la Germination)
Tybi : fêtes royales et commémoratives du couronnement et confirmation du pouvoir par le dieu - fêtes en l'honneur d'Amenhotep I sur la rive Ouest de Thèbes.
Mechir
Phamenoth : fêtes des saints patrons
Pharmouthi : fête d'Ermouthis et préparation de la fête des moissons.
Saison CHEMOU (saison des Moissons)
Pakhons : nombreuses cérémonies royales et offrandes de la première récolte dans les Châteaux des Millions d'années de la rive occidentale
Payni : Belle Fête de la Vallée, départ de Louxor, visite de la vallée occidentale et retour sur Louxor.
Epiphi : fête de la déesse Mout
Mesorê : préparation dans l'attente de la Crue nouvelle, conjuration des cinq jours épagonèmes.
Et si la tête ne vous tourne pas trop, si votre pas est encore assuré et vos sens toujours en éveil, je vous propose la visite guidée de Louxor.




© Reproduction des textes non autorisée sans le consentement de son auteur. Meretseger