"L’homme y passe
à travers des forêts de symboles
qui l’observent avec des regards familiers"

Le Temple d'Amon, Karnak, l'histoire
Le Temple d'Amon, Karnak, la visite guidée
Karnak, le plan
Album Karnak
R
etour Plan Arts et Monuments
Le Temple d'Opet, Louxor, l'histoire
Le Temple d'Opet, Louxor, la visite guidée
Louxor, le plan
Album Louxor
LE TEMPLE D'AMON, LA VISITE GUIDEE
Il est bien difficile de donner une date précise des origines de Karnak. Plusieurs grands noms de l’égyptologie, Daumas, Wildung, Gabolde ont tenté, à maintes reprises de cerner le problème mais force est de constater que nous n’en sommes encore qu’au stade des hypothèses, notamment en ce qui concerne la période précédant le Moyen Empire.
Si l’on devait remonter l’écheveau historique, rien de bien précis ne nous est parvenu de l’Ancien Empire et de la Première Période Intermédiaire en ce qui concerne Karnak et son dieu Amon. Si quelques indices, qui ne sont en aucun cas des preuves, permettent de faire remonter les fondations de Karnak à l’Ancien Empire, il faut cependant se montrer très prudent (absence du nom d’Amon et absence de vestiges sur Karnak à cette période mais prééminence de Montou). Bref, l’on ne sait pas grand chose de Karnak et d’Amon jusqu’à l’aube du Moyen Empire. Seule chose que l’on puisse affirmer : le développement de Thèbes/Karnak est directement lié à la montée en puissance d’Amon. Voir Karnak, l'histoire
Les premiers documents fiables proviennent du Moyen Empire (stèle de Rehouy que l’on estime remonter à la dynastie XI, et encore y a t-il polémique à ce sujet !)
La plus ancienne trace architecturale que l’on ait trouvée aux abords de la Cour du Moyen Empire (17) ( plan droit, temple d'Amon) est une colonnette marquée au nom d’Antef II expliquant la construction par ce roi d’un temple pour Amon-Rê.
Le temple supposé d’Antef II laissa la place à d’autres réalisations encore incertaines de nos jours.
Sesostris I donna l’élan qui allait propulser Karnak sur le devant de la scène religieuse : il soumet, en l’an 10 de son règne, un projet de construction sur les lieux d’un ancien temple (probablement un temple d’Amenhemhat I) le Grand Château d’Amon, grand projet qui allait légitimer son accession au trône. En l’an 21, les travaux débutent selon les grands rites ancestraux de la fondation des temples.
Quelques Pharaons plus tard, Thoutmosis III s’inspirera des plans de son illustre prédécesseur lorsqu’il se lancera dans la réalisation de l’Akhmenou, sa Salle des Fêtes. En effet, des égyptologues de renom n’ont pas manqué de souligner la grande similitude de plan entre les deux ensembles (Afrique et Orient, numéro 16, article de Luc Gabolde, études de P. Barguet). De l’œuvre de Sesostris I, il nous reste la fameuse Chapelle Blanche, construite un peu à l’extérieur du Château d’Amon, complètement démontée par Amenhotep III qui utilisa les blocs pour en garnir les fondations du pylône III. Cette usurpation permit de conserver ces éléments en excellent état et de les soustraire à la rapacité des chaufourniers. Retrouvés en 1927 par les archéologues de terrain, ils furent de nouveau assemblés pour faire naître, une seconde fois, un monument d’une rare beauté. Henri Chevrier, dès 1938, travailla à la reconstitution de ce chef d'oeuvre du Moyen Empire.
Amenhotep I va se charger de modifier, d’agrandir et d’embellir en trois étapes successives l’œuvre originale de Sesostris I. Le monument le plus connu de ce roi est sa Chapelle d’Albâtre, dédiée à Amon-Rê, commencée à la fin de son règne, achevée sous Thoutmosis I, démantelée par le même récidiviste Amenhotep III et remontée de nos jours pour notre plus grand bonheur. Elle fut conçue par l’architecte Ineni qui utilisa un noble matériau, un bel albâtre extrait des carrières d’Hatnoub.
Il ne reste plus grand chose, dans cette Cour dite du Moyen Empire, du passage de ces grands hommes, précurseurs et fondateurs du plus grandiose des temples jamais pensés et réalisés par l’homme. Notre visite guidée peut débuter, de belles pierres nous attendent…
Le complexe religieux de Karnak comprend trois zones bien distinctes, toutes trois entourées d’un mur d’enceinte, rempart abritant l’activité des sanctuaires du regard des profanes. Ces murs ne sont que des ruines, excepté celui du temple d’Amon dont on peut suivre encore le tracé, et l’on a bien du mal à en définir la localisation actuelle.
1. La première zone, la plus importante, au centre, est celle du temple d’Amon
2. La seconde, de dimensions plus modestes, est celle temple de Mout, sa parèdre
3. La troisième, la plus petite, est celle du temple de Montou, dieu guerrier faucon de Thèbes.
Si vous désirez vivre en images toutes les étapes de la longue aventure de Karnak, si vous êtes tentés par de belles reconstitutions en couleurs et en 3D, n’hésitez pas, filez sur le site de Gérard Homann dit Minimhotep, il sera votre guide sur les chemins de l’Egypte virtuelle. Mais n’oubliez pas de revenir voir Meretseger !
http://gerard.homann.free.fr/maq_i_karn.htm

LE TEMPLE D'AMON
Le temple d’Amon se présente comme un vaste trapèze (25 hectares) ceint d’un mur de briques large de neuf mètres et haut de vingt et un mètres. Ce mur dont le tracé imite celui d’une courbe pourrait rappeler le mouvement de l’eau, l’onde des vagues durant la crue. Le temple est orienté selon deux axes :
un axe ouest-est qui aligne une succession de pylônes de I à VI
un axe nord-sud qui aligne une succession de pylônes de VII à X.
En plus du temple d'Amon, l'enceinte englobe divers autres monuments.
Logiquement, la lecture de ce temple devrait s’effectuer selon la chronologie de ses constructions, c’est-à-dire que nous devrions commencer par le sanctuaire du Moyen Empire (17) pour avancer peu à peu dans le temps et dans l’Histoire. Cependant, la coutume veut que l’on commence par l’entrée actuelle du temple au pylône I (1). Et, c’est ma foi, tout aussi logique 
AXE OUEST-EST
Quai d’accostage
Imaginons notre arrivée sur les lieux. Nous arrivons par le Nil, sur une sublime barque processionnelle qui accoste avec élégance sur le quai d’un canal de dérivation signalé par deux petits obélisques érigés par Seti II. Voir Reconstitution
Allée de criosphinx
Une fois à terre, nos pas nous dirigent tout le long d’un superbe dromos bordé sur chacun de ses côtés par vingt sphinx criocéphales, lions couchés à tête de bélier, le bélier étant l’animal sacré d’Amon. Ils abritent entre leurs pattes, une petite statue de Ramsès II, portent les noms de Ramsès II et de Pinedjem mais datent probablement d’Amenhotep III. Cette allée fut construite sous les Ramessides et, avant de mener au pylône I (dynastie XXX), elle aboutissait directement au pylône II qui fut édifié par Horemheb (dynastie XVIII) et formait alors la façade du temple. Selon Lauffray, ce dromos aurait subi un réaménagement à l'époque romaine (dixit Minimhotep).
(1) Pylône I 
Ce pylône, long de 113 m, large de 15 et haut de 40, resté inachevé, fut construit par les Pharaons de la dynastie XXX ou par les premiers Ptolémées. Il ne présente aucun ravalement et, sur sa face orientale, on peut voir l’emplacement de huit cannelures qui servaient à fixer les mâts des bannières qui flottaient habituellement sur ce type d’édifice. Reconstitution
(3) Grande cour, rampe, portique de Sheshonq I
Comprise entre le pylône I et le pylône II, cette vaste cour est flanquée de deux portiques édifiés par Sheshonq I et composés de colonnes en papyrus fermé. A leurs pieds, on peut voir une ligne de sphinx que Ramsès II avait commandés pour border l’accès à la Grande Salle Hypostyle.
A droite de l’entrée, sur la face intérieure du pylône I, on peut encore voir une rareté archéologique : un monticule ou rampe fait de briques de boue séchée, adossé contre le pylône, vestige unique du très probable échafaudage utilisé pour la construction.
(2) ou (7)  Temple de Sethi II
Sur la gauche de cette cour, se dresse le temple de Seti II. Ce temple a l’originalité de se présenter sous la forme de trois chapelles servant de reposoir aux barques de la triade thébaine Amon, Mout et Khonsou. Il ne nous reste pas grand chose de l’activité constructrice de Seti II, seule cette chapelle ainsi que sa tombe dans la nécropole occidentale sont parvenues jusqu’à nous.
Devant le temple de Seti II, se dressaient deux statues porte-enseigne de ce Pharaon. L'une d'elles se trouve au Louvre, l'autre au musée de Turin. Pharaon tient dans sa main droite un rouleau de papyrus et dans sa main gauche une enseigne.
(4) ou (11)  Temple de Ramsès III
Sur la droite de cette cour, se dresse le temple de Ramsès III qui servait, lui aussi, de reposoir de barque. Sa particularité tient dans sa conception qui le présente comme un véritable temple, précédé d’un pylône à l’entrée duquel on peut voir deux statues colossales de Ramsès III debout. Puis, une cour bordée de piliers osiriaques, une salle hypostyle et un vestibule ouvrent l’accès au triple sanctuaire destiné à recevoir les barques sacrées.
(13) Kiosque de Taharqa
Le centre de la cour est occupé par les vestiges du kiosque de Taharqa (dynastie XXV). Ce pavillon devait avoir dans les 21 m de haut, devait être couvert de bois et soutenu par dix colonnes dont seulement une nous est parvenue, gigantesque colonne en forme de papyrus ouvert.
(9) Colosses de Ramsès II
Nous avons traversé la cour, nous sommes près du pylône II et, là, majestueuses, se dressent trois colossales statues. Thoutmosis III fit ériger le colosse le plus au sud et il fut usurpé par Ramsès II. Un autre colosse lui faisait face, au nord mais, aujourd’hui, le socle est vide. A côté, une autre statue de Ramsès II, sise au nord et relevée en 1954, fut usurpée par Pinedjem I qui y apposa son cartouche. Comme quoi, bien mal acquis ne profite jamais ! Sculptée aux pieds de Ramsès II, une petite statue représente une des filles de Pharaon, la princesse Bent-anta.
(2) Pylône II
Quelque quatre-vingt mètres séparent le pylône I du pylône II. Ce dernier fut édifié par Horemeb et probablement réalisé avec d’anciens blocs de pierre. Fortement endommagé, il est long de 98 m et large de 14 m. A l’époque de Ramsès I, quand débutent les grands travaux de l’ère ramesside, ce pylône figurait l’entrée principale du temple.
(15) (14) La Grande Salle Hypostyle
Entre le pylône II et le pylône III, allait naître sous l’impulsion de Seti I la plus fabuleuse des salles hypostyles jamais construites. Ecoutons les chiffres :
Sur une longueur de 104 m et sur une largeur de 52 m, sur une superficie approximative de 5500 m2, l’imagination et le talent des hommes ont fait fleurir 134 colonnes dont le destin était sûrement d’atteindre les étoiles tant leur hauteur est vertigineuse. On appela cette Salle Le temple Seti-Merenptah est glorieux dans la demeure d’Amon car cette superbe réalisation est quasiment un temple à elle seule.
Les deux rangées axiales sont chacune composées de six colonnes de 23 m de haut et offrent un chapiteau à papyrus ouvert. Elles sont l’œuvre d’Amenhotep III.
De chaque côté, sept rangées de colonnes plus petites, 16 m, à papyrus fermé, occupent le reste de l’espace, chaque rangée comprenant neuf colonnes exceptées celles qui jouxtent la colonne centrale qui n’en comportent que sept. Ainsi avons-nous l’impression de déambuler dans une vaste forêt de papyrus en pierre. Les colonnes qui sont appareillées reposent sur un socle circulaire et, pour donner une idée des dimensions des chapiteaux, on a coutume de dire que sur chacun d’entre eux, cents personnes pourraient tenir debout.
La différence de hauteur entre les colonnes centrales et les colonnes latérales a permis l’agencement de baies ajourées appelées fenêtres a claustra dont l’intérêt est de laisser filtrer une lumière oblique du plus bel effet.
Chef d’œuvre inégalé de l’art pharaonique, cette Salle incomparable procure au visiteur une étrange impression où se mêlent émotion, admiration mais aussi une certaine crainte devant tant de gigantisme et de puissance.
Seti I n’eut pas le loisir de terminer l’œuvre entreprise. Ce fut son fils, Ramsès II qui mena les travaux à leur terme et paracheva la décoration.
Mais les murs intérieurs et extérieurs de cette Salle ont aussi des histoires à nous raconter. Ainsi sur les parois intérieures, nous pouvons lire des scènes essentiellement cultuelles qui nous font découvrir les cérémonies et les processions qui s’y déroulaient : on peut voir Pharaon en route vers la triade thébaine, on peut déchiffrer les cérémonies de purification, d’intronisation, l’inscription du nom royal sur l’arbre ished.
Sur les parois extérieures, toute la puissance de Pharaon, son charisme et son invincibilité sont déclamés aux yeux de tous : au nord, ce sont les campagnes de Seti I contre les Bédouins, les Hittites ou les Libyens ; au sud, ce sont les campagnes de son fils, principalement la célèbre bataille de Kadesh.
Au cœur de cette Salle, l’Egyptien antique a voulu exprimer l’équilibre du monde qui se définit par cet immense fourré de papyrus, symbole de la terre qui se renouvelle chaque année au moment béni de la crue du Nil. Emergeant des eaux, les papyrus sont la traduction de la terre immergée et de la vie qui renaît. Pharaon, dont on devine la présence protectrice sur les parois intérieures, œuvre pour la paix et l’équilibre en accomplissant les actes rituels qui garantissent cette sérénité.
Au contraire, Pharaon, sur les parois extérieures de la Salle, repousse les ennemis, symboles du chaos et du désordre afin qu’ils ne viennent pas perturber l’ordre intérieur.
(3) Pylône III
Ce gigantesque pylône de 40 m de haut, doté en son temps de mâts à oriflammes, est l’œuvre d’Amenhotep III. Bien peu soucieux des constructions de ses prédécesseurs, ce Pharaon un peu paresseux n’hésita pas à démanteler pylônes et obélisques ancestraux pour son propre compte. On retrouva ainsi, à l’intérieur de ce pylône, quelques blocs de la chapelle Rouge de Hatchepsout, des blocs de la chapelle d’Amenhotep I, des blocs de la chapelle de Sesostris I, soit au total et selon les sources d'auteurs, quelques vestiges de treize ou seize monuments ! Retour de bâton, ce pylône ne présente plus maintenant que ses murs extérieurs puisqu’il a été vidé de tous les éléments qui avaient servi à son remplissage et qui ont été réutilisés par les archéologues modernes pour reconstituer, dans un musée de plein air, les monuments démantelés.
L’espace compris entre les pylônes III et IV s’appelle la Cour d’Amenhotep III et il est le point de liaison des deux axes qui mène vers l’axe nord-sud.
(5) Pylône IV et pylône V
Ces pylônes sont les œuvres de Thoutmosis I. Le pylône IV forme avec le pylône III une petite cour appelée Cour des Fêtes de Thoutmosis II dont il ne reste que des vestiges. Toutefois, elle abrite quatre obélisques. Au début de la dynastie XVIII, le pylône IV fut très probablement la véritable entrée du temple d’Amon.
(4) Obélisques de Thoutmosis I et Thoutmosis III et Hatchepsout (?)
Thoutmosis I fit ériger dans l’espace compris entre les pylônes III et IV, appelé cour de Thoutmosis II, deux obélisques dont il ne reste plus que celui de gauche, haut de 23 m et pesant 143 tonnes.
Puis, Thoutmosis III, à son tour, fit ériger deux autres obélisques dont il ne reste, malheureusement, que quelques traces.
Hatchepsout, la tante de Thoutmosis III mais aussi la régente qui assura le long intermède avant la montée sur le trône de son neveu, fit ériger, un peu en avant des obélisques de Thoutmosis I, deux obélisques en l’hommage de son frère défunt, Thoutmosis II. Situés à l’emplacement de l’actuel pylône III, ils furent démantelés et réutilisés par Amenhotep III. Mais la prudence s'impose, certains égyptologues réfutent cette hypothèse préférant attribuer à Thoutmoisis II, voire Amenhotep II, ces obélisques disparus.
(5) Obélisques de Hatchepsout
L’endroit où furent édifiés les deux obélisques de Hatchepsout, entre les pylônes IV et V, est une Salle hypostyle pourvue de quatorze colonnes et commandée par Thoutmosis I. Ces colonnes furent, par la suite, restaurées par Thoutmosis III.
Dans son programme de construction, la reine Hatchepsout modifia la salle hypostyle de Thoutmosis I (toitures et péristyles furent détruits) au sein de laquelle elle fit ériger deux obélisques de 30 m de haut. Ces aiguilles de pierre devaient être sublimes puisqu’elles étaient toutes deux recouvertes d’électrum :
" Le désir me prit de réaliser pour Amon deux obélisques en électrum dont les pointes se confondraient avec le firmament, dans la Iounyt vénérable, dans l’intervalle des deux pylônes du roi, taureau victorieux, roi de Haute et de Basse-Egypte, Thoutmosis I, juste de voix "
En l’an 15, la Ouadjyt, la nouvelle Salle hypostyle, si chère au cœur de Hatchepsout venait de naître mais les aiguilles de lumière ne brillèrent pas longtemps. En effet, en l’an 21, Thoutmosis III qui était monté sur le trône se chargea rapidement de faire coffrer la partie inférieure des obélisques. Résultat : émergeaient seulement les pointes de métal. Comble de malchance, des pluies mirent à mal les colonnes en bois doré et la toiture de la Ouadjyt. Thoutmosis III profita de l’aubaine, reconstruisit les colonnes totalement en pierre cette fois-ci et remonta le coffrage un peu plus haut cachant ainsi définitivement les obélisques de la Pharaonne.
Actuellement, seule subsiste l’aiguille de pierre la plus au nord. Celle du sud, abattue ou effondrée, fut débitée par les carriers du Moyen Age. Unique vestige, la pointe a traversé les temps jusqu’à nous, elle gît près du lac sacré.
(6) Pylône VI
Ce pylône, œuvre de Thoutmosis III, est le dernier de l’axe ouest-est du temple. C’est aussi le plus petit et ses parois sont illustrées des épisodes de la victoire de Meggido. Il donne accès à la partie la plus ancienne du temple. Après ce pylône, on peut noter la présence de deux pilastres originaux, œuvres de Thoutmosis III. Erigés dans les dernières années de son règne, ces piliers héraldiques sont ornés sur la face sud et la face nord des plantes de la Haute et de la Basse Egypte, lotus et papyrus.
Nous trouvons également deux statues d’Amon et Amonet datant probablement du règne de Toutankhamon.
Enfin, voici la chapelle reposoir, sanctuaire en granit qui abritait les barques de Philippe Arrhidée, successeur d’Alexandre le Grand. Ce sanctuaire a sûrement été édifié à l’emplacement d’un reposoir de barque appartenant à Thoutmosis III.
(16) Le sanctuaire ou le cœur du Temple
Nos premiers pas nous portent vers le cœur du temple, l’emplacement présumé de la Chapelle reposoir d’Amenhotep I, mais aussi celui de la Chapelle Rouge de Hatchepsout et enfin l’emplacement du reposoir de barque de Thoutmosis III. Voir historique de la Cour du Moyen Empire plus haut.
La Chapelle Rouge de Hatchepsout
Hatchepsout fit bâtir à cet endroit du temple d’Amon un complexe composé d’une chapelle centrale entourée de chambres d’offrandes. Cette chapelle appelée Chapelle Rouge en raison de la couleur de la pierre employée, du grès silicifié, a très probablement été construite à l’emplacement même de la Chapelle d’albâtre d’Amenhotep I. Sa construction a commencé quatre années avant la disparition de la Reine. Inachevée à son décès, elle fut complétée par Thoutmosis III, son successeur qui la fit ensuite complètement démonter avant même sa complète réalisation.
Chef d’œuvre du règne de la reine Pharaon, avec le temple de Deir el-Bahari bien sûr, ce monument est parvenu jusqu’à nous grâce, si l’on peut dire, à l’effort qui fut poursuivi durant les règnes suivants à vouloir faire disparaître de la mémoire égyptienne toute trace de son passage. En effet, le Pharaon Guerrier, Thoutmosis III, s’occupa activement de démanteler l’œuvre de sa tante tandis qu’Amenhotep III se chargea de récupérer les blocs pour les fondations du pylône III. Quelques siècles plus tard, entre 1898 et 1995, pour le plus grand bonheur des archéologues, ces blocs furent retrouvés et leur excellent état de conservation incita le Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak ( le CFEETK) a en faire l’anastylose sous la direction de François Larché et Nicolas Grimal. Plus des deux tiers furent retrouvés, près de trois cents blocs, permettant de reconstituer dans un Musée de Plein Air ce chef d’œuvre du Nouvel Empire. Grâce au labeur passionné de toute une équipe, toute l’originalité de la Chapelle Rouge a pu être démontrée notamment dans l’appareillage des blocs de pierre qui fit apparaître une technique de construction qui n’a plus jamais été utilisée par la suite : l’emploi de blocs préalablement ajustés dans les ateliers, le premier préfabriqué de l’Histoire en quelque sorte.
La richesse du décor a été aussi mise en relief grâce à cette reconstitution et l’emploi d’une trichromie particulière a pu être relevé : des traces de peinture jaune dans les gravures ont été découvertes de même que les traces d’un enduit ocre rouge nécessaire pour unifier les blocs de quartzite dont la couleur naturelle balance entre violet et orange.
Je vous propose de découvrir sur le site de Thierry Benderitter l’histoire complète de la Chapelle Rouge de Hatchepsout.
http://www.osirisnet.net/monument/chaproug/chaproug.htm
Et nous arrivons, enfin, dans la partie la plus ancienne de ce temple, le sanctuaire du Moyen Empire ou subsiste encore le Saint des saints, un énorme bloc de granit où s’élevait l’autel d’Amon. 
(18) Akhemenou
La cour du Moyen Empire est bordée, à l’est, par l’Akhmenou ou Salle des Fêtes de Thoutmosis III. Ce monument allait remplacer une construction plus ancienne datant probablement de Thoutmosis I. Cette Salle des Fêtes était prévue pour célébrer les heb-sed, les cérémonies jubilaires de régénération du pouvoir royal. Dédiée à la puissance d’Amon-Rê, elle était aussi chargée de sublimer le pouvoir royal, garant de l’équilibre universel. L’entrée de cette Salle se trouvait au sud et il fallait, pour y accéder passer par le sanctuaire du temple. On accédait ainsi à une immense salle, une immense tente devrions-nous dire car les deux rangées de dix colonnes qui formaient la nef centrale de l’hypostyle avaient la forme de gigantesques piquets de tente. Les nefs latérales étaient dotées de piliers classiques. Puis, du sud vers le nord, nous trouvons une salle appelée la Chambre des Ancêtres contenant une liste répertoriant les noms des ancêtres de Pharaon, un kiosque consacré à Amon et enfin, un espace consacré à Sokar et un sanctuaire dédié au culte solaire.
Au IVème siècle, cette Salle des Fêtes fut utilisée par des moines coptes qui la transformèrent en église. Et l’on peut encore voir certaines parties de ce nouveau décor sur quelques colonnes de la nef centrale.
(19) Jardin botanique
L’une des pièces les plus connues de l’Akhmenou est le Jardin botanique, nom donné à cette salle en raison des multiples représentations de faune et de flore inscrites sur ses parois. Ce décor original de plantes et d’animaux exotiques a été inspiré par les campagnes militaires du Pharaon Guerrier en Asie.
AXE NORD-SUD
Notre sens de visite nous guide maintenant du nord vers la sud à la rencontre des pylônes VII à X. On appelle aussi cet axe les propylées du Sud.
Le point de jonction des deux axes du temple se situe au niveau des pylônes III et IV, là où l’on trouve la cour d’Amenhotep III.
Cour de la Cachette
Elle se situe au début de l'enfilade des pylônes VII,VIII, IX, X
La cour qui séparait la Grande Salle Hypostyle du pylône VII fut aménagée par Ramsès II. On y accède par une porte appelée porte de Ramsès IX. Cette cour était très importante puisqu’elle ouvrait le passage vers le reste du temple et notamment vers les temples de Mout et de Louxor lors des grandes processions annuelles. Tous les souverains ramessides y ont laissé trace de leur passage soit sous forme de stèles soit sous forme de statues de dieux ou de rois. Et, c’est dans cette cour qu’à la Basse Epoque, on enterra des milliers de statues qui encombraient la libre circulation dans le temple. Au XXème siècle, Georges Legrain, lors de ses fouilles, les découvrit et les exhuma des profondeurs de leur cachette entre 1903 et 1906. Il mit au jour pas moins de 779 statues en pierre et 17 000 petits bronzes et des ex-voto datant du Moyen Empire à la dynastie XXV. Cette habitude prise par les prêtres d’enfouir des statues un peu trop encombrantes se retrouve aussi à Louxor, dans la cour d’Amenhotep III.
Sur la face extérieure du mur occidental de cette cour, on trouve inscrit le fameux Traité de Paix de Ramsès II avec les Hittites et, à l’intérieur, l’inscription de son fils Merenptah qui relate sa victoire contre les Peuples de la Mer.
(7) Pylône VII
Il est l’œuvre de Thoutmosis III qui y fit graver les noms des peuples qu’il avait soumis à son autorité, des Nubiens sur le môle Est et des asiatiques sur le môle Ouest. Devant ce pylône, il fit dresser deux obélisques et deux colossales statues. L’obélisque situé le plus à gauche se trouve actuellement à Istanbul.
(8) Pylône VIII
Il est l’œuvre de Thoutmosis II et Hatshepsout. Devant ce pylône se dressaient des statues, six au total, aujourd’hui très détériorées, de Hatshepsout elle-même et probablement d’Amenhotep I et Thoutmosis II.
(9) Pylône IX
Il est l’œuvre d’Horemheb. Pour remplir ce pylône Pharaon n’hésita pas à utiliser des blocs du temple consacré à Aton, édifié pendant la période amarnienne du Pharaon Amenhotep IV/Akhenaton. On retrouva aussi une chapelle en calcaire de Sesostris I, des blocs datant de Toutankhamon.
(10) Pylône X
Il est l’œuvre d’Amenhotep III mais fut remanié, probablement, par Horemheb. D’une hauteur de 35 m, il ferme le complexe d’Amon et, c’est à partir de ce pylône qu’une allée de sphinx criocéphales formant dromos part vers le temple de Mout. Un peu plus à l’ouest de ce pylône, une autre allée constituée de sphinx reproduisant complètement l’image d’un bélier, corps et tête partant dans l’axe du temple de Khonsou, mène au temple de Louxor.
Dernières nouvelles amicalement adressées par Gérard Homman
"Les inscriptions gravées sur les piédestaux des sphinx du dromos de Mout, rapprochées d'une découverte faite quelques années auparavant d'une statuette de Toutankhamon, ont conduit à une intéressante observation qui remet en question l'attribution admise du dromos à Horemheb... Les sphinx pourraient être Amenhotep III dont les colosses s'élèvent devant le pylône X." Karnak d'Egypte, pages 136, 138 Lauffray
LES AUTRES TEMPLES
Nous allons les découvrir du nord vers le sud.
Le Temple de Ptah
A proximité de l’enceinte septentrionale, on trouve le temple de Ptah édifié par Thoutmosis III sur une construction antérieure datant du Moyen Empire. Il fut restauré sous les Pharaons nubiens puis à l’époque des Ptolémées.
 Le temple d'Aton
Sous le règne du Pharaon Akhenaton/Amenhotep IV, l’idéologie naissante d’un dieu unique prenant la forme d’Aton, le disque solaire, perturba quelque peu l’avancée des constructions au sein du temple d’Amon. De nombreux martelages commandés par Pharaon endommagèrent les noms gravés de divers dieux, en particulier celui d’Amon. A l’est du temple d’Amon, en dehors de l’enceinte, Amenhotep IV fit élever un temple en l’honneur de son dieu Aton. Ce temple porte le nom de Gem pa Aton, ce qui pourrait se traduire par la rencontre avec Aton et la conception même de ce monument diffère complètement de celle qui commandait les autres temples. Aton n’était pas une nouvelle divinité mais sa représentation sous forme de disque solaire le différencie des autres dieux aux traits humains, animaux ou hybrides. Les rayons que diffusait cet astre se terminaient par des petites mains et des ankh. De par sa forme même, le culte rendu à ce dieu ne nécessitait pas de sanctuaire abrité du regard des hommes et protégeant la statue du dieu. Aton était donc célébré dans des cours à ciel ouvert sous l’action chaleureuse et vivifiante des rayons divins.
Le monument était orienté vers l’est et s’étendait sur une superficie de 130 m sur 200 m. On pénétrait dans une grande cour à ciel ouvert où des statues de Pharaon, hautes de cinq mètres représentaient le roi sous une apparence nouvelle et quelque peu insolite. Les modelés du corps rompant avec les canons esthétiques en vigueur offraient au regard des statues aux traits exagérément étirés à la limite de la difformité. Voir Akhenaton.
Toutes les représentations gravées dans ce temple sont effectuées avec la méthode du relief dans le creux. Beaucoup de scènes mettent en place Pharaon et sa famille et de nombreux thèmes iconographiques encore inconnus jusque là se mettent en place.
Mais l’on a retrouvé que très peu de vestiges de ce temple « révolutionnaire » dans le mesure où, une fois l’épisode amarnien achevé, les souverains des dynasties XVIII et XIX eurent à cœur d’effacer toutes les traces du passage du Pharaon hérétique. Cependant, grâce à l’habitude prise de récupérer les matériaux pour les utiliser dans de nouvelles constructions, les archéologues des temps modernes retrouvèrent dans les pylônes II, IX et X de nombreux talatates du temple d’Aton. A peu près quarante mille blocs furent ainsi réutilisés par les Pharaons successeurs d’Akhenaton.
Le lac sacré et le scarabée d’Amenhotep III
Toujours plus au sud, parallèlement à l’axe du temple d’Amon, voici le lac sacré creusé sous Thoutmosis III et complètement achevé sous Taharqa, où, autrefois, évoluaient les barques processionnelles et où venaient se purifier les prêtres d’Amon. Non loin de ses rives, l’on peut admirer le gigantesque scarabée commémoratif d’Amenhotep III. Aujourd’hui, ce scarabée, symbole de la création du monde, est devenu une attraction touristique : les guides vous promettent, avec sérieux et un grand don de la persuasion que, tourner autour de cet insecte pétrifié vous apportera fertilité et progéniture. Alors tournez, heureux touristes !
Aux abords de ce lac sacré, s’élèvent les ruines d’un édifice bâti par Taharqa à partir des éléments d’un monument de Chabaka, monument usurpé à la dynastie XXX par Psammétique II.
Le Temple de Khonsou
De l’autre côté des propylées sud, en direction du sud-ouest, nous trouvons les temples de Khonsou et d’Opet. La construction du temple de Khonsou qui comporte tous les éléments constitutifs d’un temple (dromos, portail, kiosque, pylône, sanctuaire, reposoir de barque) débuta sous Ramsès III pour s’achever sous Hérihor. Il est dédié à Khonsou, le fils de la triade thébaine composée de ses parents Amon et Mout. Un dromos de béliers part de ce temple pour rejoindre Louxor.
Dernières nouvelles amicalement adressées par Gérard Homann
"Il, le temple de Khonsou, a été restauré, agrandi, embelli, spécialement par Hérihor... Des blocs remployés dans le sanctuaire de la barque apprennent qu'un temple existait déjà dans le domaine de Khonsou à l'époque d'Amenhotep III. Les sphinx de l'actuel dromos portent le cartouche d'Amenhotep III. Remployés dans un aménagement sûrement ptolémaïque, ils ont du appartenir à l'avenue du temple primitif." Karnak d'Egypte page 214 Lauffray
Le Temple d'Opet
Ce temple fut construit à l’époque ptolémaïque par Ptolémée VIII Evergète II et il est dédié à la déesse Opet, déesse hippopotame, considérée à cette période, comme la mère d’Osiris.
Dernières nouvelles adressées par Gérard Homann
"Au cours des siècles, plusieurs temples se sont succédés en ces lieux. Le plus ancien dont nous possédons des traces existait déjà à l'époque de Thoutmosis III..., d'autres pierres sont au nom d'Amenhotep II. Elles confirment la présence d'une Opet dans ce secteur dès la dynastie XVIII. Son temple fut probablement renouvelé par Taharqa. Dans son état actuel, il inclut une porte de Nectanebo I avec adjonction des noms de Ptolémée II et III, un porche de Ptolémée XII Aulète Néos Dionysos, un pylône et une cour anonyme. Le temple proprement dit, demeuré inachevé, a été décoré par Ptolémée VIII Evergète II à l'intérieur et, sous César, à l'extérieur." Karnak d'Egypte, page 218 Lauffray
Le Temple d’Amenhotep II
Entre les pylônes IX et X, sur le mur est, voilà le temple jubilaire d’Amenhotep II (attribution remise actuellement en question) utilisé lors des festivités du heb-sed.
Le dromos
Partant du pylône X, une allée bordée de sphinx longue d’environ quatre cents mètres mène jusqu’à l’enceinte du temple de Mout, la parèdre d’Amon.
LE TEMPLE DE MOUT
L’enceinte de Mout forme un trapèze d’environ deux cent cinquante mètres sur quatre cents.
(14) Le temple de Mout
Ce temple fut construit par Amenhotep III, restauré sous Ramsès II et remanié à l’époque ptolémaïque. Dans l’avant cour de ce temple, l’originalité du site résidait dans la multitude de statues à l’effigie de la lionne Sekhmet. On ne compte pas moins de trois cents statues recensées à l’heure actuelle (il pourrait y en avoir probablement un peu plus de sept cents) disséminées dans les musées du monde entier et sur quelques sites de Haute et de Basse-Egypte. Chacune de ces statues était porteuse d’un message gravé, susceptible d’apaiser la lionne terrible et si facilement irascible. Il est intéressant de constater que le temple de Mout est comme lové au creux d’un lac, l’Ichérou (15). Cette forme particulière qui peut figurer l’abri choisi par la déesse lors de sa fuite dans le désert, a pu être destiné à apaiser la colère de la Lointaine. Car Mout, comme bon nombre d’autres déesses égyptiennes (Hathor, Bastet) peut se métamorphoser en la Furieuse Sekhmet à tout moment. Il convient donc de prévenir ces brusques accès d’humeur par de multiples subterfuges dont les statues gravées et la protection du lac peuvent représenter quelques aspects.
Au cœur de cette enceinte, on peut voir aussi le temple de Ramsès III (17) ou du moins ce qu’il en reste car il fortement endommagé.

LE TEMPLE DE MONTOU
Située au nord du temple d’Amon, l’enceinte de Montou se présente sous la forme approximative d’un carré de 150 m de côté.
Le temple de Montou fut édifié par Amenhotep III et il est fort endommagé.
Il fut agrandi, modifié sous les Ramessides. Il est à noter qu’un temple de Maât lui était accolé. Il fut le siège d’un célèbre procès instruit à la fin de la dynastie XX contre les déprédations et les vols commis dans la Vallée des Reines.
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