Hymne à Aton
"Tu es beau, brillant,
élevé au-dessus de l'univers.
Tes rayons entourent les pays
jusqu'à l'extrémité de tout ce que tu as créé.
Qu'elles sont nombreuses les choses que tu as créées
bien qu'elles soient cachées à mes yeux,
Ô Dieu unique qui n'a point de pareil !"
Avant le règne d'Akhenaton
Amenhotep III et l’influence amonienne
L’enfance d’Amenhotep IV
Pendant le règne d'Akhenaton
L’accession au trône
L'innovation fondamentale d'Amenhotep IV
Un symbole qui devient Révolution
Les autres innovations d'Amenhotep IV
Un exil nommé Amarna
Portrait d’une reine énigmatique
Album Les enfants du Soleil
Introduction, un règne d'exception
Dieu, que la Terre de Kemet est belle, comme la vie y est douce et prospère, l’Empire des Pharaons est à l’apogée de sa gloire et le règne d’Amenhotep III est placé sous le signe de l’apothéose ! L’opulente Egypte n’est que luxe, raffinement, les frontières sont en paix et la petite déesse Maât, la douce déesse de l’équilibre n’a jamais autant mérité son nom : elle règne en parfaite maîtresse de l’ordre sur le Double-Pays tout entier. Mais le calme précède toujours la tempête et lorsque Amenhotep III Neb-Maât-Rê, malade et grabataire, s’éteint doucement, de gros nuages gris se profilent déjà à l’horizon de sa succession.
Un homme, le fils de Pharaon défunt, va monter sur le trône d’Egypte et son règne, fugace et chaotique, sera placé sous les signes de la confusion la plus totale tant l’esprit religieux et politique qui s’apprête à souffler sur l’Egypte, tel un ouragan dévastateur, troublera les consciences. Soudainement, plusieurs siècles de traditions volent en éclats et ce sont les fondements mêmes de la religion égyptienne qui vacillent et menacent de s’écrouler. Amenhotep IV est intronisé Pharaon, l’Egypte va devoir affronter près de treize années de trouble et d’incertitude..
Les grandes figures égyptiennes ne manquent pas : Khéops, Hatchepsout, Ramsès II, autant de noms célèbres et illustres qui ont marqué l’Histoire de Kemet. Cependant, il en est un qui reste encore pour nous une énigme malgré l'avalanche d’études et de propos qui ont coulé à son sujet : Akhenaton et la belle Nefertiti sont à l’origine d’une littérature abondante et romanesque auréolée d’un mystère qui plane toujours au-dessus de l’existence exceptionnelle de ces deux êtres hors du commun. Qui n’a pas vu et admiré le troublant buste de Nefertiti devenu le symbole de la beauté féminine par excellence. Jalousement conservé au musée de Berlin, il ne cesse d’émouvoir ses admirateurs tant la main de l’artiste, Djehoutimes, fut habile et sûrement animée par l’inspiration divine.
Les représentations de son époux, Akhenaton sont nettement moins à son avantage mais ce qu’il reste de son passage sur terre appartient au domaine de la pensée et de la philosophie religieuse. Et les avis divergent, et les qualificatifs pleuvent, écrasant Pharaon sous un déluge d’appréciations ou de critiques qu’il n’est pas toujours aisé de traiter avec objectivité : pour certains Akhenaton fut un génie, un précurseur, un visionnaire hors normes mais aussi un fou, un mystique, un hérétique, un fanatique. D’autres voient en lui le père du monothéisme, le messie que l’on attendait depuis l’aube des temps, un idéaliste au cœur pur et sensible, un amoureux de la vie, de la nature ou bien un illuminé habité d’un rêve insensé doublé du plus grand mégalomane que la terre ait porté !
Pas facile de s’y retrouver tant il est vrai qu’Akhenaton fut peu-être un peu tout cela à la fois et qu’il manqua sûrement de pondération et de diplomatie dans sa manière d‘imposer à un peuple obéissant à des croyances séculaires, une idéologie quelque peu révolutionnaire.
Dans le domaine religieux, il ne semble pas qu’Akhenaton ait prétendu être l’inventeur d’une nouvelle religion : Aton, le disque solaire était un dieu très ancien fortement implanté en Egypte et dont l’authenticité n’a jamais fait aucun doute. Le problème, c’est qu’Akhenaton décide de le transformer en un dieu unique, seul principe de la création du monde, qui n’a point besoin de statues pour être représenté et qui s’est révélé à une personne choisie par lui : Akhenaton. Et ce, de manière radicale puisque, très rapidement après son intronisation, il élève dans l’enceinte de Karnak les manifestations de sa nouvelle croyance : des piliers osiriaques découvrant aux yeux des Egyptiens stupéfaits les difformités d’une nouvelle vision symbolique de l’image royale et où certains ont cru déceler, probablement à tort, les marques d’une dégénérescence malheureuse. Puis, pris d’un délire incroyable, il ordonne le martèlement des représentations des autres dieux, dont l’image d’Amon et, défiant les prêtres thébains, il part fonder sa nouvelle capitale, Akhetaton, en Moyenne Egypte, accompagné par la cour de ses fidèles.
Dans d’autres domaines, Akhenaton va bouleverser l’ordre établi en modifiant les canons et les modèles en vigueur, à priori immuables, tant dans le dessin que dans la sculpture, il va mettre en avant l’intimité familiale faisant participer activement son épouse et ses enfants dans toutes les manifestations de la vie royale car il a à coeur d'inclure les êtres les plus chers dans ce monde qu’il désire fait tout entier d’amour.
Pour Akhenaton, ces réformes audacieuses, la fermeture des temples, le martelage des anciens dieux ne sont que la conséquence de sa nouvelle croyance où Aton, en tant que dieu unique incarnant seul la force créatrice de l’univers se trouve ainsi libéré des autres présences divines. C’est ce radicalisme brutal qui a pu faire penser à un fanatisme religieux de sa part.
Nous verrons ce qu’il en est au cours de ces pages, nous étudierons la vie de ce Pharaon et nous tenterons d’éclaircir les motifs qui l’ont poussé dans la voie de ce nouveau principe religieux. Car, bien avant lui, l’Egypte avant quand même assisté à la montée en puissance du culte héliopolitain puis du culte amonien, autant d’omniprésence que certains Pharaons avaient bien tenté d’affaiblir. Et même si le principe inaltérable de la Maât a toujours accompagné Pharaon au cœur de son nouveau royaume, les moyens radicaux employés ne furent pas toujours appréciés tant pas les prêtres bafoués de Thèbes que par le petit peuple qui ne savait plus, d’un seul coup, à quel dieu se vouer. Aton et ses rayons terminés par des petites mains a éclairé l’Egypte tel un fugace éclair, l’idée aurait pu être bonne, les principes étaient novateurs et l'hymne à Aton en est le plus bel exemple, il lui manquait sans doute la tolérance et la tempérance de celui qui avait été désigné par le dieu même puis révélé aux yeux du monde pour l’enseigner aux autres hommes, à l’exclusion de tout autre.

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