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![]() Mais nous qui sommes des égyptophiles avertis et objectifs, nous qui tentons de coller à l’Histoire et à sa vérité vraie, ne nous laissons pas emporter par notre imagination et penchons-nous sur la véritable existence de notre belle Nefertiti ! |
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![]() ![]() ![]() ![]() " La Majesté Horus, Taureau Puissant, apparu en vérité, Horus d’Or, grand par la force, qui bat les Asiates, roi de Haute et de Basse Egypte, Neb-Maât-Rê, fils de Rê, Amenotep, prince de Thèbes est mort !" Et l’on ne sait pas vraiment si cet hymen entre le vieil homme et la jeune belle fut consommé, quelques-uns sont tentés de croire qu’il le fut et qu’un enfant serait né de cette union, laissons-les dire, peut-être ont-ils raison. Toujours est-il que la jeune épousée ne reste pas veuve longtemps, Amenhotep IV recueille la jeune orpheline et en fait l’une de ses épouses. ![]() " Malgré le doute exprimé récemment encore par de nombreux égyptologues qui, sans pouvoir le prouver d’ailleurs, préfèrent voir dans la jeune reine une demi-sœur d’Amenophis IV ou bien encore la fille d’Aÿ, il y a, à notre avis, suffisamment d’indices qui permettent de dire que Néfertiti et Tadoughepa étaient une seule et même personne. Tout d’abord, ce surnom, si expressif et poétique : Nefertiti, La Belle est Venue, puis le fait que le roi Tushratta commence toujours par mentionner la reine-mère, puis Tadoughepa, ma fille, ton épouse, tes autres épouses. Il envoie exactement les mêmes présents aux deux femmes, ce qui eût été une maladresse s’il y avait eu une autre reine et si Tadoughepa n’ait été qu’une simple dame du harem. Mais surtout il y a cette coiffure de Nefertiti, en forme de chape qu’elle est la seule à porter de toutes les reines d’Egypte. Cette coiffure ressemblait à la coiffure-couronne des déesses d’Asie et d’ailleurs…Le type ethnique de la reine est d’ailleurs très différent de celui des Egyptiens." ![]() Mais comme le souligne très justement Agnès Cabrol dans son remarquable ouvrage sur Amenhotep III, il était de coutume avérée lors d’un remariage que la nouvelle épouse changeât de nom pour l’occasion. Pourquoi ne pas envisager cette hypothèse, Taduhepa change de nom à la mort de Pharaon et se présente alors sous les traits d’une épouse d’Amenhotep IV dont nous connaissons l’existence sous le nom de Kiya. Mais là aussi, si nous devons nous attarder sur cette jeune femme Kiya, d’autres incertitudes surgissent, certains ayant vu dans son nom, dont l’écrivain Guy Rachet, la contraction du nom de la première épouse mitanniene, Gilukhepa. Kiya/Gilukhepa, Kiya/Taduhepa, toujours est-il que nous percevons dans ce nom une consonance étrangère indéniable, reste à le restituer à l’une ou à l’autre de ces princesses. Le débat reste ouvert. Il est avéré toutefois qu’une idée communément admise assimilant directement la personne de Nefertiti à l’une de ces deux princesses mitaniennes est, actuellement et pour un très grand nombre de sommités, complètement écartée. ![]() En effet, le petit monde des égyptologues de renom (Traunecker, Cabrol et bien d’autres) sont de plus en plus tentés de privilégier, malgré ce nom ambiguë La Belle est venue, la piste égyptienne et situer les origines de la reine au sein même de l’entourage royal. La nourrice de la future reine d’Egypte ne serait-elle pas Dame Tiy, l’épouse d’Aÿ, père-divin, personnage d’une extrême influence durant l’épisode amarnien, appelé parfois beau-père du roi et qui deviendra Pharaon un court instant ? Ces hauts personnages résident dans la région d’Akhmin située à presque mi-chemin entre Amarna et Karnak. De plus, le couple aurait une autre fille, sœur de Nefertiti, Beneret-mout ou Moutnedjemet. Le nom élogieux d’Aÿ qualifié de père divin serait-il en rapport avec le destin glorieux de sa fille ? Pour l’instant, il faut bien avouer qu’aucune preuve formelle ne vient asseoir de manière implacable ces allégations, la prudence reste de mise tant que de nouvelles preuves archéologiques, épigraphiques ou autres ne viendront infirmer ou confirmer l’une ou l’autre de toutes ces hypothèses. L’affaire Nefertiti n’est pas encore élucidée, la Belle est encore auréolée de son mystère, tout au plus peut-on affirmer que ses prétendues origines asiatiques sont totalement écartées. Puisses-tu, Nefertiti, nous faire rêver encore longtemps ! |
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![]() ![]() Claude Traunecker rappelle avec justesse que la Reine participe activement à la fête-sed d’Amenhotep IV très certainement célébrée en l’an 2 du règne. Il précise que la Reine, à l’occasion de cette festivité destinée à lancer la nouvelle théocratie atonienne, s’attribue les fonctions de la déesse Hathor dont on célèbre dans la liesse l’arrivée, la venue de la Dorée. Quelle coïncidence, La Belle est venue, le nom de la Reine est aussi un qualificatif de la déesse, peut-être avons-nous là une possible explication de l’énigmatique nom de Nefertiti ? Nefertiti participe encore et toujours à toutes les cérémonies officielles, détail qui a son importance, elle est placée sur le même plan que Pharaon, elle est représentée aux côtés de son époux et son rôle est loin d’être celui d’une simple ambassadrice de la beauté, elle est bien l’égale d’Akhenaton. Nefertiti incarne auprès de son époux la révélation d’un couple unique, un homme et une femme, choisi par le dieu Aton, père et mère de l’Humanité. ![]() "An 12, deuxième mois de l’hiver, huitième jour, le roi, la reine, vivant à jamais, firent une apparition publique sur le grand palanquin d’or pour recevoir le tribut de la Syrie et de l’Ethiopie, de l’Ouest et de l’Est. Tous les pays furent rassemblés en même temps et aussi les îles du milieu de la mer, apportant des offrandes au roi tandis qu’il était assis sur le grand trône de la cité de l’Horizon d’Aton pour recevoir les impôts de chaque pays et leur accorder en retour le souffle de la vie." Sur cette image, Pharaon, paré des attributs du pouvoir a pris place aux côtés de sa belle épouse. Nefertiti entoure de son bras la taille de son époux, son geste mêle intimement amour, tendresse et protection, elle tient à montrer son attachement et l’importance que l’on doit accorder au couple qui ne fait plus qu’un tant ils sont baignés et investis de la passion d’Aton, mais elle tient aussi à affirmer sa présence en tant que Reine particpiant activement aux affaires politiques. L’atmosphère ainsi créée, le ton donné à cette cérémonie prend un air quasi religieux. Ce document daté est le dernier concernant la belle Reine, on la verra une dernière fois vers l’an 13 assistant aux funérailles de sa fille Maket-Aton. ![]() Représentation exceptionnelle, surprenante, Nefertiti peut être lue, victorieuse et menaçante, en train de massacrer les ennemis du Double-Pays, figuration réservée habituellement au seul souverain des Deux-Terres. Nefertiti est tour à tour l’amante attentionnée, terriblement amoureuse de son époux, c’est la mère affectueuse et attentive qui prend soin de sa descendance, c’est la femme guerrière et protectrice de son peuple, c’est l’instigatrice, la muse qui accompagne son élu dans sa quête atonienne. ![]() |
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![]() ![]() ![]() Puis, une deuxième fille agrandit le cercle familial, c’est Maket-Aton, née entre l’an 5 et l’an 6. Quelques temps plus tard, Ankhespaaton voit le jour, elle restera célèbre dans l’Histoire égyptienne car elle est la future épouse d’un petit Pharaon au destin bien singulier, Toutankhamon. La famille royale s’installe enfin à Akhetaton, c’est là, probablement, que naîtront les trois autres filles du couple, Neferneferou-Aton, Baketaton et Setep-Aton (?), les noms ne sont pas certains. Reste encore l’énigme de la naissance d’un possible fils, toujours le même Toutankhamon, dont la mère serait cette fameuse Kiya qui aurait mérité le titre de Très Aimée, rivale potentielle de Nefertiti et dont nous avons parlé un peu plus haut mais cela reste encore une hypothèse. Tout pourrait aller pour le mieux dans ce nouvel ordre amarnien si un épisode dramatique n’était venu perturber l’intimité royale : le décès prématuré de la petite Maket-Aton. Cet événement douloureux est peint sur les parois d’une tombe à Darb el-Hamezoui : on peut y lire toute la tristesse et la souffrance d’une famille décomposée par la mort d’un enfant, les parents pleurent leur fille chérie, les sœurs sont effondrées, les pleureuses se lamentent en levant les bras au ciel et l’on voit une femme quitter la pièce emportant dans ces bras un enfant. On peut alors supposer que la jeune Maketaton est morte en mettant ce bébé au monde. ![]() "Que le roi veille sur le pays et qu’il mande des troupes cette année, tout le territoire de mon maître va périr." Et comme si ses craintes étaient encore plus grandes, comme si sa confiance en Pharaon n’était plus qu’un fil ténu auquel il ne pouvait plus se raccrocher, il précise à celui qui est censé ouvrir le courrier, ultime recours à son désarroi : "Explique clairement au roi ceci : le pays tout entier marche à sa ruine." La reine Tiyi s’éteint vers l’an 8 du règne de son fils, malgré la tempête qui avait secoué Thèbes elle avait gardé un lien avec la famille amarnienne et avait, peut-être, joué un rôle de conseillère et de modératrice auprès de son fils. ![]() On peut avancer la douleur d’une mère, accablée par la perte successive de ses filles, l’existence sous le ciel doré d’Aton a perdu de sa saveur, la joie de vivre s’est éteinte au moment même où les fillettes adorées ont rejoint leurs dernières demeures d’éternité. Nefertiti s’exile alors dans ce que l’on nomme son Palais Nord. Certains avancent une possible disgrâce, Akhenaton reprochant à la Belle de ne plus être celle qui fait honneur à leur dieu Aton parce qu’elle ne remplit plus la fonction procréatrice qui devait être la sienne. D’autres pensent que cette avalanche soudaine de décès a priori inexplicable serait la conséquence d’une terrible épidémie, la peste, qui sévirait sur tout le territoire égyptien. Cela pourrait bien expliquer le retrait fatal de la Reine, emportée par la maladie. Il faut bien reconnaître qu’à partir de l’an 13, la plus totale confusion agite Akhetaton. Deux hypothèses sont avancées quant au devenir de notre reine : soit elle meurt aux alentours de l’an 13, soit elle devient corégente nommée par Akhenaton lui –même et, survivant quelque temps à son époux défunt, assure les pleins pouvoirs sous le nom de Ankhkheperourê (théorie avancée, entre autres, par Christian Loeben). D’autre part, le décès de Pharaon est lui aussi sujet à la plus grande imprécision, on ne sait ni quand ni dans quelles circonstances il rejoint son dieu Aton dans l’éternité de l’au-delà, tout au plus peut-on dater de l’an 17 la dernière inscription qui parle de lui. |
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![]() Restons dans le domaine du mystère et de la plus grande incertitude, les années qui ponctuent les derniers souffles amarniens sont encore une énigme pour les chercheurs. ![]() L’enquête s’étoffant peu à peu, nos égyptologues pensent qu’il y aurait eu en fait deux pharaons portant le même nom de règne Ankhkheperourê, le nom de naissance de l’autre roi étant Neferneferouaton, autre vocable attribué à Nefertiti. Nefertiti aurait donc bien régné après le décès d’Akhenaton, dans son palais, on aurait retrouvé des jarres portant comme indication l’an 1 de Nefertiti ! ![]() " Mon époux est mort et je n’ai pas de fils. Les gens disent que tes fils sont adultes. Si tu m’envoies un de tes fils, il deviendra mon époux car je ne veux prendre aucun de mes sujets pour en faire mon époux." Chouppilouliama s’étonne, s’inquiète aussi : "Depuis des temps immémoriaux, jamais je ne me suis trouvé devant une telle situation" La reine insiste : " Pourquoi dis-tu que nous essayons de t’abuser. Si j’avais un fils, est-ce que je me serai adressée à un pays étranger, d’une façon humiliante pour moi et pour mon pays ? Tu ne me crois pas et même tu me dis une chose pareille ! Celui qui était mon époux est mort et je n’ai pas de fils. Dois-je prendre peut-être un de mes serviteurs pour en faire mon époux ? On dit que tu as beaucoup de fils et il sera mon époux et il règnera sur le pays d’Egypte ! " ![]() Toujours est-il qu’en cette fin de période amarnienne extrêmement trouble et confuse, quelque quatre années après la disparition d’Akhenaton, s’avance sous le dais royal un petit homme à peine âgé d’une dizaine d’années, le jeune et fragile Toutankhaton. Surses frêles épaules pèsent une bien grande mission, restituer à l’Egypte la vénération de son ancien culte et reconnaître, enfin, la suprématie du grand dieu amon quelque peu malmené par notre Hérétique. Mais, ça c’est une autre Histoire qui commence, ce sont d’autres personnages qui s’affrontent et se disputent les faveurs de Kemet, c’est aussi, bientôt, une dynastie qui s’éteint pour laisser place aux générations suivantes. |
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![]() ![]() Mutine, la Belle, une dernière fois, s’esquive et se cache dans les dernières heures de son existence de femme corégente, exilée, recluse ou emportée par la maladie. Et même défunte, Nefertiti reste une énigme car si elle disparut bien un jour, cela nous en sommes certains, où fut-elle inhumée, dans quelle tombe repose-t-elle, en quel lieu nous attend–elle ? Nous n’avons encore jamais retrouvé l’hypogée de la Reine, son mobilier funéraire n’a jamais été mis à jour, Nefertiti manque à l’appel, Nefertiti manque à ses admirateurs. Un petit espoir toutefois nous rassure un peu : l’étude d’une petite figurine funéraire que l’on attribuerait volontiers à notre disparue et actuellement conservée au musée de Brooklyn. Il s’agit d’un fragment de statue dont il ne reste que les deux pieds joints dans une espèce de gaine momiforme et sur lequel on peut déchiffrer le nom de la reine dans un cartouche. Cette figurine qui pourrait bien être un shaouabti a été mise en parallèle avec un autre fragment de statue conservé au musée du Louvre, une partie d’un torse féminin qui, après une étude minutieuse et comparative, pourrait bien "coller" au fragment de Brooklyn. Mais restons encore très vigilants, rien n‘est fait encore, les morceaux du puzzle ne s’emboîtent pas parfaitement entre eux, des incohérences subsistent encore et la preuve que l’on aimerait bien détenir est loin d’être faite et confirmée. ![]() |
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