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![]() ![]() ![]() Le nouveau roi, Amenhotep, quatrième du nom, doit avoir dans les vingt-cinq ans lorsqu’il monte sur le trône d’Egypte. Il se fait appeler Neferkheperourê Ouaenrê, Belles sont les transformations de Rê, unique de Rê. Il semble bien qu’il soit déjà uni à la belle Nefertiti à qui je consacre quelques pages un peu plus loin, sa beauté le mérite bien ! Un petit aperçu ici. Les premières années du règne se déroulent à Thèbes, années qui semblent relativement calmes mais tout cela est trompeur : durant son adolescence et les premières années de sa vie d’adulte, Akhenaton a fortement été imprégné par les nouvelles conceptions religieuses de son père. Celui-ci avait su montrer sagesse et tempérance et avait compris qu’il ne fallait heurter aucune susceptibilité. Son fils, jeune et fougueux, prisonnier d’une personnalité arrogante et versée dans l’extrême, ne se donna pas la peine de prendre autant de réflexion et de précaution. ![]() Pharaon va même plus loin, il décide d’élever au sein même du temple de Karnak un Château du Benben de Rê-Horakhty en sa forme de lumière qui émane d’Aton dans Karnak. Aucun vestige en place de ce monument n’a été retrouvé, on sait seulement que deux cents blocs de cet édifice ont été réutilisés par Horemheb comme bourrage du pylône X de Karnak. La lecture de ces blocs où les noms divins n’apparaissent pas encore dans des cartouches, où Geb côtoie Horus et Seth est d’un banal classicisme. Sur quelques blocs cependant, apparaît l’image nouvelle d’Aton, le disque solaire, dont les rayons sont terminés par des petites mains, on commence à voir les noms divins protégés dans des cartouches et, enfin, entre en scène la belle Nefertiti. On suppose que ces blocs furent les derniers achevés dans le processus de construction et si l’on se réfère à des documents trouvés dans la tombe de Toutankhamon, on découvre qu’en l’an III du règne d’Amenhotep IV le nom divin n’est pas ceint d’un cartouche tandis qu’en l’an IV, le cartouche fait son apparition. Il n’est pas impossible, donc, de situer les premiers éclairs annonciateurs d’orage vers l’an IV du règne en sachant qu’en l’an V, Amenhotep IV quitte Thèbes pour aller fonder sa nouvelle capitale à Tell el-Amarna. ![]() |
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![]() ![]() Dans la mesure où le culte d’Aton, cette boule solaire qui illumine la terre toute entière de ses rayons bienfaisants, doit se faire, par sa nature même, à ciel ouvert et ne nécessite plus de naos ni de lieu clos, il n’est plus indispensable de munir les temples de toit protecteur. Les murs n’ont plus besoin d’être aussi solides, il faut gagner du temps aussi, la nature impétueuse du jeune Pharaon impose un rythme effréné aux ingénieurs, la solution est trouvée dans la technique novatrice des talatates, blocs de pierre aux dimensions uniformisées de 50 cm sur 25 environ. Vers l’Est du temple de Karnak (voir Plan de Karnak), Akhenaton entreprend la construction d’un temple comprenant palais de résidence et fenêtre des apparitions dont il ne reste, malheureusement, rien de visible. Les talatates employées furent réutilisées pour de nouvelles constructions ordonnées par les Pharaons successifs du Nouvel Empire. ![]() Dans les années 1980, la technologie moderne est venue apporter un soutien non négligeable à cette reconstitution pharaonique, EDF et le CNRS se sont unis et, grâce à l’informatique, le travail a pu avancer nettement plus rapidement. Robert Vergneux qui a travaillé sur près de 7228 talatates découverts dans le pylône IX affirme que l’étude chronologique de ces blocs a livré des informations incontestables sur l’évolution du règne d’Amenhotep IV et la progression de sa croyance en Aton au détriment d’Amon et de tous les autres dieux. Les scènes restituées sont d’une extrême richesse et les plus curieuses d’entre elles nous montrent Pharaon inlassablement accompagné par la famille royale. Et peu à peu monte cette idée nouvelle qui révèle au monde un couple unique, Amenhotep IV et son épouse, intermédiaire révélé entre le dieu Aton et les hommes. Plus besoin de statues ou d’idoles à vénérer, le peuple a le devoir d’adorer ce couple choisi par Aton et qui s’expose ainsi au regard de tous sur les murs des temples. ![]() |
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![]() ![]() ![]() ![]() De même, dans le domaine de la littérature et de l’écriture, Pharaon bouleverse l’ordre établi : le néo-egyptien, la langue parlée pénètre dans les textes et remplace les medou neter, les hiéroglyphes sacrés qui verrouillaient l’accès des textes sacrés. Bien sûr, tous ces changements ne se sont pas opérés en un jour. Progressivement, durant les quatre premières années du règne, les choses se sont mises en place jusqu’à la cassure finale, jusqu’à la goutte qui fait déborder le lac. Il est clair que l’attitude d’Amenhotep ne plaisait pas à tout le monde, les dépenses qu’il engageait pour la construction de ses temples, l’émergence d’Aton au détriment d’Amon, les libertés artistiques autant de raisons propres à faire monter la tension. C’est alors qu’Amenhotep ose faire quelque chose qui apparaît impensable et profondément grave pour tout Egyptien antique : il ose changer de nom, il abandonne son propre nom pour revêtir celui d’Akhenaton Celui qui plait àAton, le Serviteur d’Aton. Ce fait d’importance prouve nettement l’osmose recherchée par le Roi dans sa quête religieuse. Le nom de la Reine aussi est modifié, Nefertiti devient Neferneferouaton-Nefertiti. Certains datent ce changement juste après l’inauguration de sa nouvelle capitale, peu importe, c’est un Pharaon tout neuf qui se prépare à rejoindre son dieu dans la nouvelle cité qui lui est dédiée. C’est aussi à ce moment qu’il se passe quelque chose, quoi nous ne le savons pas trop, mais sûrement un fait très grave qui incite Pharaon à provoquer le clergé thébain. Brutalement, Akhenaton décide de quitter la belle Thèbes, il abandonne temples et palais pour s’exiler en un endroit choisi par lui, vierge de toutes constructions antérieures, situé en Moyenne Egypte, au centre même du Double-Pays. ![]() © Reproduction des textes non autorisée sans le consentement de son auteur. Meretseger |