L'histoire de la civilisation égyptienne nous est parvenue grâce aux monuments somptueux et innombrables que le peuple de Pharaon a disséminés tout le long des berges du Nil.
Cet héritage architectural est sans conteste le plus spectaculaire de tous les souvenirs
qui s’offrent à nous. Mais il en est un,
tout aussi monumental, mais bien moins connu du grand public :
ce sont les œuvres littéraires, les savoureux papyrus qui traduisent au travers des différents thèmes qu’ils abordent les manifestations de l’esprit égyptien.
Monuments de papier, monuments de la conscience collective,
toutes les productions littéraires égyptiennes conservent le souvenir des actes d’autrefois
que les hommes ont désiré confier,
dans un ultime désir de promesse d’éternité et au même titre que les pyramides
ou les temples de pierre, aux générations futures.

Extraits de Romans
Sinouhé l'Egyptien
Description d'Hérodote sur la momification
Description d'Hérodote sur les animaux
Description d'Hérodote sur l'écriture
Description d'Hérodote sur les pyramides
Ramsès II par C.Desroches-Noblecourt le Ramesseum
Ramsès II par C.Desroches-Noblecourt la Fête de Min au Ramesseum

Extraits de Textes religieux ou funéraires
les textes funéraires
les textes religieux

Extraits de Littérature égyptienne
les Lamentations
les Prophéties
les contes et récits
les Biographies
les Sagesses et Enseignements
les Chants d'Amour
les Lettres, Inscriptions, Documents juridiques
les Papyrus médicaux

Extraits de romans et autres pages d'auteurs
Sinouhe l égyptien
Sinouhé est un tout jeune enfant quand commence ce récit. Trouvé par ses futurs parents adoptifs sur les berges du Nil, dans un curieux couffin d'osier, il grandit dans la belle ville de Thèbes. Il décide de suivre les traces de son père et se prépare à devenir médecin. C'est le début d'une longue aventure, douloureuse souvent, excitante toujours et terriblement enrichissante qui le propulsera aux côtés d'un monarque exalté, Akhenaton, qui voulut dans son délire atonien imposer avec une fiévreuse sincérité et une maladresse touchante une réforme spirituelle que le peuple égyptien trop attaché à des traditions religieuses séculaires n'était pas prêt à accepter. Pour son plus grand malheur, Sinouhé s'est laissé prendre aux charmes envoûtants d'une mystérieuse jeune femme, Nefernefernefer. Hypnotisé par les ordres de cette magicienne, il lui abandonne toute sa fortune, et plus terrible encore, il gage tous les biens de ses parents. Honteux, désespéré, déshonoré, maudit par ses amis et honni devant les dieux et les hommes, il s'en retourne à la Maison des Morts afin d'y travailler à la momification de ses parents qu'il avait privés, dans sa folie amoureuse, de toute espérance de vie éternelle.
" Comme médecin, je m'imaginais être familiarisé avec la mort et la souffrance, être endurci aux puanteurs et au contact des abcès et des plaies purulentes. Mais lorsque j'eus commencé le travail dans la Maison des Morts, je compris que je n'étais qu'un novice et que je ne savais rien. A la vérité, les pauvres ne donnaient guère de peine, car ils reposaient tranquillement dans leur bain de natron à l'odeur âcre, et j'appris vite à manier le croc avec lequel on les déplaçait. Mais les corps du degré supérieur exigeaient beaucoup plus d'habilité, et le lavage des intestins et leur mise en canopes demandaient de l'endurcissement. Mais ce qui m'écœura surtout, ce fut de constater que les prêtres d'Amon volaient les gens encore plus après leur mort qu'avant, car le prix des conservations variait selon la fortune, et les embaumeurs roulaient les parents des défunts et leur facturaient de nombreux baumes et onguents coûteux qu'ils affirmaient avoir utilisés, bien qu'ils n'employassent qu'une seule et même espèce d'huile pour tout le monde. Les cadavres des grands étaient préparés selon toutes les règles de l'art, mais dans les cavités des autres on se bornait à injecter une huile qui dissolvait les entrailles, et on y insérait des roseaux trempés dans la poix. Pour les pauvres, on ne se donnait même pas cette peine ; on les laissait sécher après les avoir sortis du bassin salé au bout de trente jours, et on les remettait à leur famille. Les prêtres surveillaient la Maison des Morts, mais malgré cela les embaumeurs volaient tout ce qu'ils pouvaient, et ils jugeaient en avoir le droit. Ils dérobaient des plantes médicinales et des huiles et onguents précieux et des bandelettes de toile pour les revendre et les voler de nouveau, et les prêtres ne pouvaient les en empêcher, car ces hommes savaient leur métier, s'ils le voulaient, et il n'était point facile de recruter des ouvriers pour la Maison des Morts. Seuls les gens maudits par les dieux et les criminels s'engageaient comme embaumeurs, pour échapper à la justice, et on les reconnaissait de loin à leur odeur de saumure et de morgue, si bien que tout le monde les évitait et qu'on ne les admettait pas dans les cavernes ni dans les maisons de joie…
S'il existe un royaume du Couchant, je crois que maints défunts seront surpris de constater combien leur corps est incomplet pour entreprendre le long Voyage, bien qu'ils aient déposé de l'argent au temple pour leur repos éternel. Mais la joie était à son comble lorsqu'on apportait le cadavre d'une jeune femme. Peu importait qu'elle fut belle ou laide. On ne la jetait pas tout de suite dans le bassin, mais elle devait passer une nuit sur le grabat d'un embaumeur, et ceux-ci la tiraient au sort. Car tel était l'effroi inspiré par les embaumeurs que même la plus vile fille des rues refusait de se divertir avec eux, malgré l'or qu'ils lui offraient. Et les négresses aussi les craignaient trop pour les accueillir. Jadis, ils se cotisaient pour acheter des esclaves en commun, lorsqu'on en vendait de bon marché après les grandes expéditions guerrières, mais la vie était si atroce dans la Maison des Morts que ces femmes ne tardaient pas y perdre la raison et causaient du bruit et du scandale, de sorte que les prêtres durent interdire d'acheter des esclaves. Dès lors les embaumeurs durent eux-mêmes préparer leurs repas et laver leurs vêtements et ils se contentèrent de se divertir avec des cadavres. Mais ils s'en expliquaient en disant qu'un fois, au temps du grand roi, on avait apporté dans la Maison des Morts une femme qui s'était réveillée pendant le traitement, ce qui fut un miracle en l'honneur d'Amon et une joie pour les parents et le mari de la femme. C'est pourquoi, c'était pour eux un pieux devoir de chercher à renouveler le miracle en réchauffant de leur affreuse chaleur les femmes qu'on leur apportait, sauf si elles étaient trop vieilles pour que leur résurrection causât de la joie à qui que ce fût.
Quiconque s'était embauché comme embaumeur en ressortait rarement, pour éviter les railleries des gens, et il vivait sa vie parmi les cadavres... Chacun avait son domaine spécial, tout comme les médecins dans la Maison de Vie, et l'un traitait la tête du cadavre, un autre le ventre, un troisième le cœur, un quatrième les poumons, jusqu'à ce que toutes les parties du corps eussent été préparées pour l'éternité... Avec le temps, je me risquais aussi à poser à Ramôse des questions. Je lui demandais tout d'abord pourquoi les embaumeurs juraient sans cesse et se battaient pour les cadavres des femmes et ne pensaient qu'à leur passion charnelle.
" Ce sont des hommes de basse extraction et leur volonté se meut dans la fange, tout comme le corps de l'homme n'est que boue, si on le laisse se décomposer. Mais la boue recèle une passion pour la vie, et cette passion a fait naître les bêtes et les hommes, et elle a suscité aussi les dieux, j'en suis sûr. Mais plus l'homme est près de la mort, plus fort surgit en lui l'appel de la boue, si sa volonté vit dans la fange. C'est pourquoi la mort apaise le sage, mais elle transforme l'homme vil en une bête qui, même transpercée par une flèche, répand sa semence dans le sable. Or le corps de ces hommes a été transpercé par une flèche, car sans cela ils ne seraient point ici. Ils ne causent plus de dommage ni de mal au cadavre, puisque le cadavre est froid et ne sent rien mais chaque fois ils se font du tort à eux-mêmes en retombant dans la boue."
Prudemment, et lentement, avec de courts instruments enfilés dans le nez, Ramôse brisait les minces os intérieurs du crâne d'un noble, puis, prenant de longues pinces flexibles, il extrayait la cervelle et la déposait dans un vase contenant une huile forte.
" Pourquoi faut-l conserver éternellement le corps bien qu’il soit froid et ne sente rien ?"
"On l’a fait et on le fera toujours. Qui suis-je pour expliquer une coutume qui remonte au début des temps ? Mais, on dit que, dans la tombe, le kâ de l’homme, qui est son âme, regagne le corps et mange la nourriture qu’on lui offre et se réjouit des fleurs qu’on place devant lui. Mais le kâ consomme très peu, si peu que l’œil humain ne peut le mesurer. C’est pourquoi la même offrande peut servir à plusieurs, et l’offrande au pharaon passe de sa tombe à celles des nobles et enfin les prêtres la mangent, quand le soir est venu. »

Description d Herodote sur la momification
" Ils pleuraient et enterraient leurs morts de la manière suivante. Lorsqu'un homme important meurt, toutes les femmes de la famille se couvrent le visage et la tête de boue, puis avec tous les parents, quittent le mort et errent dans la ville en se lamentant, le vêtement replié à la taille, montrant leur poitrine. Les hommes se lamentent aussi, les vêtements ouverts de la même manière. Cela fait, ils portent le corps aux embaumeurs. Il est des hommes dont c'est le seul rôle et qui sont les seuls à savoir faire ce travail. Lorsqu'ils recouvrent une dépouille mortelle, ils montrent aux parents des modèles réalisés en bois peint à l'effigie parfaite du défunt.
La première manière d'embaumer un défunt, disent-ils, est le secret exclusif d'un homme et ils ne sont pas autorisés à prononcer son nom. La deuxième manière qu'ils me montrent est moins parfaite que la première, mais plus économique. La troisième est la moins chère de toutes. Après avoir expliqué cela, ils demandent aux parents de quelle manière ceux-ci souhaitent que soit préparée la dépouille. Les parents, après avoir arrêté le montant des dépenses s'en va, laissant les experts à leur ouvrage.
Si c'est la technique la plus élaborée qui a été choisie, ils extraient tout d'abord le cerveau au moyen d'un crochet en métal et injectent des substances à la place. Puis avec un couteau de pierre éthiopienne affûté, ils font une ouverture près de la hanche, extraient les intestins, nettoient l'abdomen en le rinçant avec du vin de palme et des épices grillés. Ils remplissent ensuite l'abdomen avec de la myrrhe pure broyée, du cassier et d'autres épices à l'exception de l'encens, puis ils cousent l'anus. Ceci fait, ils placent le corps dans le salpêtre pendant soixante-dix jours, c'est le temps accordé à l'embaumement. Passés les soixante-dix jours, ils lavent le corps et l'enveloppent entièrement de bandelettes de lin enduites de mastic, substance que les Egyptiens utilisent comme colle. Puis ils rendent la dépouille aux parents. Ceux-ci construisent une figure de bois creuse à forme humaine dans laquelle ils placent le corps qu'ils enferment et conservent dans un sarcophage appuyé debout contre un mur. C'est la manière la plus coûteuse.
Pour ceux qui choisissent la formule intermédiaire, moins chère, les embaumeurs remplissent leur seringue d'huile de cédrat et remplissent immédiatement l'abdomen du mort, sans pratiquer aucune incision et sans enlever les intestins, mais en injectant le liquide par l'anus en s'assurant qu'il ne parte pas. Ensuite ils embaument le corps pendant le nombre de jours prescrits. Le dernier jour, ils laissent sortir l'huile qu'ils avaient injectée. Cette huile est si forte qu'elle emporte avec elle tous les intérieurs dissous. Les chairs sont consumées par le salpêtre de sorte qu'à la fin il ne reste que la peau et les os. Les embaumeurs rendent le corps à la famille sans rien faire d'autre.
Lorsqu'ils mettent en pratique la troisième méthode choisie pour les morts par les pauvres, ils nettoient l'abdomen en effectuant un lavement, embaument le corps dans le salpêtre pendant soixante-dix jours et le rendent à la famille.
Les corps des épouses des hommes importants et des femmes d'une certaine réputation ou d'une grande beauté ne sont pas immédiatement confiés aux embaumeurs. On les laisse trois ou quatre jours à leur famille pour éviter que les embaumeurs ne prennent la liberté d'avoir avec elles des rapports charnels. »

Description d Herodote sur les animaux
L’ibis (II, 76) " Il est tout entier d’un beau noir ; il a les pattes de la grue, un bec fortement recourbé et la taille du crex. C’est l’ibis noir, qui lutte contre les serpents. Une autre espèce d’ibis (car il y en a deux) se mêle plus familièrement aux hommes : cet oiseau a la tête et la gorge chauves et son plumage est blanc, sauf sur la tête, le cou, et les extrémités des ailes et de la queue, qui sont d’un beau noir."
L’hippopotame (II, 71) " Voici les caractéristiques de cet animal : c’est un quadrupède qui a le pied fourchu, les sabots du bœuf, un museau camus, la crinière du cheval, des dents saillantes, la queue et le hennissement du cheval et la taille des bœufs les plus gros. Son cuir est si épais que, lorsqu’il est sec, on en fait des hampes de javelines."
Le crocodile (II, 68) " C’est un quadrupède, mais il vit également sur la terre et dans l’eau. Il pond ses œufs et les fait éclore sur la terre et il passe la plus grande partie de la journée sur terrain sec, mais la nuit toute entière dans le fleuve, car l’eau en est plus chaude que l’air nocturne et la rosée. C’est, de tous les êtres vivants qui sont connus, celui qui passe de la plus petite taille à la plus grande : si, à sa naissance, le petit ne dépasse les dimensions de l’œuf, il croît au point d’atteindre dix-sept coudées, et même davantage. Il a les yeux du porc, mais des dents longues et saillantes."

Description d Herodote sur l'écriture
L’écriture (II, 36) " Les Grecs écrivent et disposent les jetons qui servent à calculer en déplaçant la main de gauche à droite : les Egyptiens vont de droite à gauche, et ce faisant ils assurent qu’ils écrivent à l’endroit, et les Grecs à l’envers. Ils ont deux sortes d’écriture appelées l’une sacrée, l’autre populaire."

Description d Herodote sur les pyramides
Kheops et la construction de la Grande Pyramide
" Kheops réduisit le pays à la misère la plus totale… obligeant les égyptiens à travailler pour lui : on ordonna aux uns de transporter les pierres des monts d’Arabie jusqu’au Nil, aux autres de les décharger, après le trajet en barque, au-delà du fleuve, puis de les emporter jusqu’aux flancs des montagnes dites de Libye. Cent mille hommes travaillèrent ainsi par roulement de trois mois et, pendant dix longues années, le peuple fut réduit en esclavage pour construire la route par laquelle les pierres étaient acheminées… les souterrains, creusés dans la roche sur laquelle s’élève la pyramide destinée à être le sépulcre du roi et entourée par les eaux du Nil distribuées par un canal… Kheops atteignit un degré de perversion tel que, se trouvant à court d’argent, il prostitua sa propre fille, lui ordonnant ainsi de gagner une certaine somme… Elle obéit aux ordres de son père mais, voulant elle aussi laisser un souvenir, elle demanda à chacun des hommes venus la voir de lui donner une pierre et, avec toutes ces pierres, fit construire la pyramide intermédiaire des trois qui se dressent devant la plus grande."
"A certains, il fut commandé le transport des pierres des carrières jusqu'au Nil... à d'autres le transport le long du fleuve dans de grandes barques. On travaillait sans interruption pendant trois mois par roulement d'équipes de 100.000 hommes... Il fallut dix ans pour construire la route le long de laquelle était traînés les blocs de pierre, faite de pierres carrées décorées de figures et d'animaux. Dix ans employés à faire cette route et les chambres creusées dans la roche qui sert de base aux pyramides... Vingt ans furent nécessaires pour exécuter la Grande Pyramide... Revêtue de pierres taillées, polies et jointes à la perfection, la pyramide fut ainsi réalisée : d'abord comme une suite de degrés avec une série de paliers... puis, dès que les paliers étaient finis, les pierres restantes étaient soulevées avec des machines avec des petites poutres (morceaux de bois courts). Les machines portaient les pierres du sol au premier niveau, là elles étaient chargées sur d'autres machines déjà prêtes et soulevées jusqu'au second niveau et de celui-ci au troisième et ainsi de suite, car il y avait autant de machines que de paliers dans le site des gradins. On parachèvera les parties les plus hautes de la pyramide puis les suivantes et enfin les parties les plus basses et celles de la base."

Ramses II par Christianne Desroches Noblecourt Le Ramesseum
Ramsès II avait été profondément ébranlé par la réforme religieuse d’Aménophis IV. Cette réforme audacieuse, traduite dans l’architecture même ne lui avait pas échappé. En ordonnant la construction du Ramesseum, sur la rive gauche de Thèbes,…, il avait envisagé les moyens de reprendre plus discrètement, sans choquer l’ensemble du clergé, cette éclatante démonstration des rites de régénération. Ramose lui avait alors suggéré de prendre modèle sur ce qui avait déjà dû inspirer Aménophis IV, et que l’architecte Senenmout, un précurseur de la réforme, avait réalisé pour la reine Hatchepsout : les mains de l’image momiforme de la reine dans sa grande galerie de piliers osiriaques à Deir-el-Bahari tenaient effectivement, non seulement les sceptres osiriens, crochet-Héqa et fouet-Nekhakha, mais aussi les deux signes solaires, ânkh signe de vie et ouas souffle et force solaire, qu’Aménophis IV à son tour placera dans les petites mains terminant les rayons d’Aton. Cependant, Ramsès préférait de beaucoup utiliser les deux images conçues par Aménophis IV, moins intellectuelles, plus explicites, en les dépouillant néanmoins du réalisme amarnien .
Il fit donc ajouter une seconde cour au plan prévu initialement pour son temple : l’une d’elles devait être bordée d’un péristyle orné de piliers osiriaques traditionnels, évoquant l’état du souverain au début de la cérémonie de régénération, c’est-à-dire enveloppé du suaire ; l’autre cour, d’architecture semblable, était également entourée de piliers, mais contre lesquels l’image du roi, les pieds encore joints, était vêtu du pagne des vivants et portait la coiffure solaire. Ces images du roi renouvelé étaient flanquées de statuettes d’enfants royaux. Lorsque Ouser-Maât-Rê-Setepen-Rê, après que sa nef eût abordé devant le quai du temple, passa à travers la grande porte du pylône du Ramesseum, sa satisfaction fut totale à la vue de ses effigies en image solarisée, telles que la foule pourrait l’admirer au sortir du sanctuaire, une fois rénové pour l’année entière. Après avoir contemplé son immense colosse flanquant le montant sud de la porte, au fond de la cour, et constaté les préparatifs pour l’érection du colosse nord, passant alors dans la seconde cour avant d’aborder la salle large à colonnes papyriformes, il put retrouver l’image royale momiforme dressée devant chaque pilier ; comme les précédentes, ces statues mesuraient 16 coudées : la hauteur de l’inondation idéale… Plus que jamais la statuaire participait à la signification et à l’efficacité du rite sur le cheminement de Pharaon, durant les fêtes du Nouvel An.

Ramses II par Christianne Desroches Noblecourt La Fête de Min
Autre héritage de l’époque amarnienne, la technique des reliefs en creux qui procurait aux images des effets d’ombre et de lumière. Dans son temple jubilaire, Ramsès suivait personnellement une nouvelle évocation des fêtes de Min, plus complète que celle du temple de Louxor. L’artiste avait terminé les dessins des trois épisodes de la régénérescence de la nature royale. L ‘ensemble de ce relief devait montrer plus de deux cents personnages.
A la tête de la procession, il y avait d’abord le maître des cérémonies tenant, semble-t-il, un rouleau de formules à la main. Son costume se compose d’une chemise aux manches évasées et plissées, d’un long pagne et d’un tablier bouffant. Il est suivi de quatorze prêtres au crâne rasé, torse nu, le tour du cou signalé par une incision. Chacun porte une statue royale représentant une sélection d’effigies de pharaons depuis la première dynastie, tenant dans les mains le signe de vie ankh.
En tête Ramsès lui-même, suivi de Seti I, Ramsès I, Horemheb, Aménophis III, Thoutmosis IV, Aménophis II, Thoutmosis III et d’ancêtres encore plus lointains. Il est à remarquer, entre Horemheb et Aménophis III, l’absence du 4ème Aménophis, de Toutankhamon et de Aÿ, ainsi que celle de la reine Hatshepsout entre Thoutmosis III et Aménophis II. Ramsès voulait certainement ménager la susceptibilité du clergé, toujours sensibilisé par l’évocation de la trouble période amarnienne mais aussi des signes avant-coureurs ébauchés par la reine Hachepsout et son savant conseiller Senenmout.
La suite du cortège est composée des prêtres portant des offrandes alimentaires et des breuvages dans des récipients en or. Puis des porteurs d’enseignes à l’emblème d’Oupouaout, le jeune chien ouvreur des chemins devant lequel se dresse l’uraeï.
L’épisode suivant marque le point culminant, l’instant où le mystère du renouvellement du roi va s’accomplir. La reine Nofretari exécute une danse rituelle s’accompagnant en chantant un hymne. Elle est vêtue d’une tunique rouge, étroite, découvrant les chevilles, le collier ousekh sur la gorge, ses deux mains fermées se rejoignant sur sa poitrine. La tête est recouverte d’une perruque bleue lapis-lazuli.
Devant elle : le taureau blanc. Ses cornes encerclent le globe solaire surmonté de deux hautes plumes d’autruche. Sur son col est posée une bandelette rouge.
Dans le registre inférieur, nous retrouvons les statuettes des ancêtres mais, cette fois-ci, posées sur le sol. Le roi, tourné vers le sud, occupe le centre de la scène. Pharaon coupe une gerbe de blé à l’aide d’une faucille en cuivre noir damasquiné d’or. C’est l’offrande de l’épeautre au dieu Min, pendant qu’un prêtre chante l’hymne en déroulant son papyrus dont le texte est inscrit en hiéroglyphes devant et au-dessus de lui.
Deux actions ont lieu simultanément dans ce nouvel épisode : le rite relatif aux âmes de l’orient et l’envol des oiseaux vers les quatre points cardinaux, porteurs du message concernant l’achèvement de la cérémonie sacrée.
Le roi est coiffé du pschent encerclé d’un diadème d’uraeï. Cette fois-ci il porte la barbe postiche bleue, jaune à la base. Le costume royal, identique à celui de l’épisode précédent, est richement orné. Il tient dans sa main droite deux épis de blé et un bâton bleu terminé en forme de croix. De l’autre main, il soutient une sorte de lance rituelle.
Le premier rite des âmes de l’orient est exécuté par deux officiants qui tournent la tête vers les maîtres des cérémonies. Ils tiennent à deux mains une queue de taureau devant un emblème que les textes nomment les âmes de l’orient et qui est en rapport avec l’animal sacré du dieu Min. Les paroles proférées par les deux prêtres exécutant les rites sont inscrites au-dessus et derrière le prêtre en haut du registre.
A l’issue du deuxième rite, quatre oiseaux sont lâchés aux quatre coins cardinaux, avec pour mission de proclamer le renouvellement royal par la célébration des mystères du dieu ithyphallique Min.

Extraits de Textes Religieux et Funéraires
Textes Funéraires

Livre de Sortir au Jour (Livre des Morts). Chapitre CXXV. La confession négative
En pénétrant dans la salle de vérité, le défunt prononcera ce qui suit afin de se débarrasser de ses péchés et de pouvoir contempler les dieux.
" Salut, dieu grand, seigneur de vérité et de justice,
Maître puissant ! Voici que j’arrive devant toi !
Laisse moi donc contempler ta rayonnante beauté !
Je connais ton non nom magique et ceux de quarante-deux divinités
Qui, dans la vaste salle de vérité-justice, t ‘entourent le jour où l’on fait le compte des péchés devant Osiris.
Le sang des pécheurs leur sert de nourriture.
Ton nom est : le Seigneur de l’ordre de l’univers dont les deux yeux sont les deux déesses sœurs.
Voici que j’apporte dans mon cœur la vérité et la justice, car j’en ai arraché tout le mal…
Je n’ai pas causé de souffrances aux hommes.
Je n’ai pas usé de violence contre ma parenté.
Je n’ai pas substitué l’injustice à la justice.
Je n’ai pas fréquenté les méchants.
Je n’ai pas commis de crimes.
Je n’ai pas fait travailler pour moi avec excès.
Je n’ai pas intrigué par ambition.
Je n’ai pas maltraité mes serviteurs.
Je n’ai pas blasphémé les dieux.
Je n’ai pas privé l’indigent de sa subsistance.
Je n’ai pas commis d’actes exécrés des dieux.
Je n’ai pas permis qu’un serviteur fut maltraité par son maître.
Je n’ai pas fait souffrir autrui.
Je n’ai pas provoqué de famine.
Je n’ai pas fait pleurer les hommes mes semblables.
Je n’ai pas tué ni ordonné de meurtre.
Je n’ai pas provoqué de maladies parmi les hommes.
Je n’ai pas dérobé les offrandes dans temples.
Je n’ai pas volé les pains des dieux.
Je n’ai pas dérobé les offrandes destinées aux esprits sanctifiés.
Je n’ai pas commis d’actions honteuses dans l’enceinte sacro-sainte des temples.
Je n’ai pas diminué la ration de l’offrande.
Je n’ai pas essayé d’augmenter mes domaines en usant de moyens illicites ni d’usurper les champs d’autrui.
Je n’ai pas manipulé les poids de la balance ni son fléau.Je n’ai pas enlevé le lait à la bouche de l’enfant.
Je ne me suis pas emparé du bétail sur les prairies.
Je n’ai pas pris au piège la volaille destinée aux dieux.
Je n’ai pas pêché de poisson avec des cadavres de poissons.
Je n’ai pas obstrué les eaux au moment où elles devaient couler.
Je n’ai pas coupé les barrages établis sur les eaux courantes.
Je n’ai pas éteint la flamme d’un feu au moment où il devait brûler.
Je n’ai pas violé les règles sur les offrandes de viande.
Je n’ai pas pris possession du bétail appartenant aux temples des dieux.
Je n’ai empêché à un dieu de se manifester.
Je suis pur ! Je suis pur ! Je suis pur ! Je suis pur !
J’ai été purifié comme l’a été le grand phénix d’Héracléopolis.
Car je suis le seigneur des respirations qui donne la vie à tous les initiés.
Au jour solennel où l’œil d’Horus en présence du seigneur divin sur cette terre, culmine à Héliopolis.
Puisque j’ai vu culminer à Héliopolis l’œil d’Horus,
Puisse aucun mal ne m’arriver, ô dieux,
Ni dans votre salle de vérité-justice !
Car je connais le nom de ces dieux qui entourent Maât, la grande divinité de la vérité-justice."

Livre de Sortir au Jour (Livre des morts).Chapitre 30
Formule pour empêcher que le cœur de N. ne s’oppose à lui dans l’empire des morts.
" Ô mon cœur de ma mère, ô mon cœur de ma mère, ô viscère de mon cœur de mon existence terrestre, ne te lève pas contre moi en témoignage en présence des Maîtres des biens ! Ne dis pas à mon sujet "Il a fait cela en vérité", à l’égard de ce que j’ai fait. Ne le fais pas se produire contre moi devant le grand dieu, maître de l’Occident.
Salut à toi, mon cœur ! Salut à toi, viscère de mon cœur ! Salut à toi, mon sein ! Salut à vous, ces dieux prééminents, porte-tresses mystérieux qui s’appuient sur leurs sceptres ! Annoncez-moi à Rê, recommandez-moi à Nehebkaou quand il aborde à l’Occident du ciel. Que je sois durable sur terre, que je ne meure pas dans l’Occident, que je sois un bienheureux là-bas.
Formule pour empêcher que le cœur de N. ne s’oppose à lui dans l’empire des morts.
Qu’il dise : "O mon cœur de ma mère, ô mon cœur de ma mère, viscère de mon cœur de mes différents âges, ne te lève pas contre moi en témoignage, ne t’oppose pas à moi dans le tribunal, ne montre pas d’hostilité contre moi en présence du gardien de la balance. Tu es mon ka qui est dans mon corps, le Chnoum qui rend prospères mes membres. Monte vers le bien qui nous est préparé là-bas ! Ne rends pas puant mon nom pour les assesseurs qui mettent les hommes à leurs vraies places ! Ce sera bon pour nous, ce sera bon pour le juge, ce sera agréable à celui qui juge. N’imagine pas de mensonges contre moi devant le grand dieu, maître de l’Occident. Vois : de ta noblesse dépend d’être proclamé juste.
Traduction P. Barguet

Livre de Sortir au jour. Chapitre 100 
Paroles dites par N quand il adore la corporation divine qui est dans la double campagne des Félicités. Qu’il dise :
"Salut à vous, maîtres des subsistances ! Je suis venu dans de bonnes dispositions à vos campagnes pour recevoir des aliments. Faites que je parvienne au grand dieu et que je reçoive les offrandes alimentaires que donne régulièrement son ka, en pain, bière, viandes, volailles"
Faire adoration à la corporation divine et flairer le sol devant le grand dieu par N.
Offrande à Osiris et à la corporation divine qui est dans la double Campagne des Félicités, pour qu’il donne les offrandes funéraires de pain, bière, viandes, volailles, tissus et toutes bonnes choses chaque jour, déposées sur l’autel au cours de la journée. Ceci afin de recevoir les pains, gâteaux, galettes, lait, vin et aliments. Accompagner le dieu dans ses sorties en procession lors des fêtes de Ro-Setaou, dans les faveurs du grand dieu. Pour le ka de N.
Ici commencent les formules de la Campagne des Félicités et les formules de la sortie au jour. Entrer et sortir dans l’empire des morts ; s’établir dans les champs des souchets, séjourner dans la double Campagne des Félicités, la grande ville maîtresse de la brise ; y être puissant, y être glorieux, y labourer, y moissonner, y manger, y boire, y faire l’amour, faire tout ce que l’on a l ‘habitude de faire sur terre, de la part de N.
Qu’il dise :
"Le faucon avait été enlevé par Seth, et j’ai vu Rê qu’on renversait (les murs) de la Campagne des Félicités. (Alors) j’ai délivré le faucon de l’emprise de Seth. Et j’ai ouvert à Rê les chemins en ce jour de tourment et d’étouffement du ciel, jour de colère de Seth contre la brise parce qu’elle fait vivre Celui qui était dans son œuf et qu’elle avait arraché aux Igerou Celui qui était dans son sein.
Et voilà que je pagaie dans cette barque, dans les canaux de Hotep. C’est moi qui l’ai tirée des membres de Chou et ses sebaou, ses membrures, ses mehout sont les années et les saisons. Je pagaie dans ses canaux pour gagner ses villes, je fais remonter le fleuve au dieu qui s’y trouve, puisque je suis, certes, Hotep lui-même dans sa campagne. Il conduit ses deux ennéades bien aimées, il apaise les Deux Combattants pour ceux qui leur sont arrachés, il retranche la tristesse de leurs aînés et éloigne la tempête de leurs plus jeunes, il attrape au filet les maux et peines d’Isis et attrape au filet les peines et maux des dieux, il aplanit la querelle entre les deux Combattants, il sépare Hou de sa lumière, il donne des aliments à profusion aux kas des bienheureux. J’y suis puissant car je suis quelqu’un qui connaît Hotep. Je pagaie dans ses canaux pour gagner ses villes ma parole y a du poids car je suis plus avisé que les autres bienheureux, et ils n’ont pas de pouvoir sur moi. J’équipe cette tienne campagne, Hotep, ta campagne bien aimée, maîtresse de la brise. Je m’y épanouis et j’y suis fort, j’y mange et j’y bois, j’y laboure et j’y moissonne, j’y coïte et j’y fais l’amour, mes incantations magiques y sont puissantes. Je n’en ai pas de reproche ni d’inquiétude et mon cœur y est heureux.
Je suis quelqu’un qui connaît l’Ousret de Hotep :
Beq-Outet est son nom. Elle fut affectée au sang de Chou et attachée avec des cordes annuelles en ce jour où se séparent les années de Celui dont la bouche est cachée et de Celui dont la bouche est silencieuse. Le mystère, je le révèle. J’accomplis l’éternité et je dure éternellement.
Etre Hotep, maître de la Campagne des Félicités. Ceci est Horus en faucon d’une grandeur de mille coudées. La vie et la domination sont avec lui. Il va et vient à la place qu’il désire dans ses canaux et ses villes. Il se lève et se couche en vie dans Meskhen et Qenqenet. Il y fait toute chose comme tout ce qu’on a l’habitude de faire dans l’île de l’embrasement sans qu’il y ait aucune mauvaise chose en elle.
Je vis en Hotep, ma corbeille et mon sac sont sur ma tête, les charges étant dans les corbeilles, étant celui qui conduit les subsistances au maître des biens, je vais, une fois sorti, à celui qui se présente et j’ai pouvoir sur lui. Il m’est favorable car je suis celui qui pourvoit Hotep ; puissant est mon pouvoir magique et ma grande vigueur qui est dans mon sein, en cette place, car je suis celui qui se souvient pour lui de ce que j’avais oublié le concernant ; je vais, je laboure, je moissonne. Je suis Hotep dans la ville du dieu ; je connais le nom des villes, des districts, des canaux qui sont dans la Campagne de Hotep où je suis ; j’y suis fort et j’y suis glorieux, j’y mange et j’y flâne, j’y laboure et j’y moissonne, j’y fais l’amour et j’y repose, j’y suis glorieux tel Hotep, j’y procrée et j’y flâne, je pagaie dans ses canaux pour y gagner les villes et Hotep est près de moi. Mes cornes sont pointues. Je donne des aliments à profusion aux kas des bienheureux, je distribue Hou parce que je te connais. Je gagne ses villes, je pagaie dans ses canaux, je traverse la campagne de Hotep, (car si) c’est bien Rê celui qui est dans le ciel, c’est bien Hotep qui est établi en eux. Je suis descendu à terre et Geb m’a été rendu favorable, je suis remonté et l ‘épanouissement m’a été donné, je me suis emparé de la force, j’ai fait connaître Hotep….
Traduction P. Barguet

Textes Religieux
Hymne au Soleil. Akhenaton. Nouvel Empire
Tu apparais en beauté dans l’horizon du ciel,
Disque vivant, qui a inauguré la vie !
Sitôt tu es levé dans l’horizon oriental,
Que tu as empli chaque pays de ta perfection.
Tu es beau, grand, brillant, élevé au-dessus de tout l’univers.
Tes rayons entourent les pays jusqu’à l’extrémité de tout ce qui a été créé.
C’est parce que tu es soleil que tu les as conquis jusqu’à leurs extrémités,
Et tu les lies pour ton fils que tu aimes.
Tu es devant nos yeux mais ta marche demeure inconnue.
Lorsque tu te couches dans l’horizon occidental,
L’univers est plongé dans les ténèbres et comme mort.
Les hommes dorment dans les chambres, la tête enveloppée,
Et aucun d’eux ne peut voir son frère
Volerait-on tous leurs biens qu’ils ont sous la tête,
Qu’ils ne s’en apercevraient pas !
Tous les lions sont sortis de leur antre, et tous les reptiles mordent.
Ce sont les ténèbres d’un four et le monde gît dans le silence.
C’est que leur créateur repose dans son horizon.
Mais à l’aube, dès que tu es levé à l’horizon,
Et que tu brilles, disque solaire dans la journée,
Tu chasses les ténèbres et tu émets tes rayons.
Alors le Double-Pays est en fête
L’humanité est éveillée et debout sur ses pieds.
C’est toi qui les as fait lever !
Sitôt leur corps purifié, ils prennent leurs vêtements
Et leurs bras sont en adoration à ton lever.
L'univers entier se livre à son travail.
Chaque troupeau est satisfait de son herbe,
Arbres et fleurs verdissent.
Les oiseaux qui s’envolent de leurs nids,
Leurs ailes éployées, sont en adoration devant ton être.
Toutes les bêtes se mettent à sauter sur leurs pattes.
Et tous ceux qui s’envolent et tous ceux qui se posent
Vivent, lorsque tu t’es levé pour eux.
Les bateaux descendent et remontent le courant.
Tout chemin est ouvert parce que tu es apparu.
Les poissons à la surface du fleuve bondissent vers ta face :
C’est que tes rayons pénètrent jusqu’au sein de la mer-très-verte.
C'est toi qui fais se développer les germes chez les femmes,
Toi qui crées la semence chez les hommes.
Toi qui vivifies le fils dans le sein de sa mère,
Toi qui l’apaises avec ce qui fait cesser les larmes,
Toi, la nourrice de ce qui est encore dans le sein,
Toi qui ne cesse de donner le souffle pour vivifier chacune de tes créatures.
Lorsqu’elle sort du sein pour respirer, au jour de sa naissance,
Tu ouvres sa bouche tout à fait et tu pourvois à son nécessaire.
Tandis que l’oiselet est dans son œuf et pépie déjà dans sa coquillle.
Tu lui donnes le souffle à l’intérieur pour le vivifier.
Tu as prescrit pour lui un temps fixe pour la briser de l’intérieur.
Il sort de l’œuf pour pépier, au temps fixé,
Et marche sur ses pattes aussitôt qu’il en est sorti.
Qu’elles sont nombreuses les choses que tu as créées,
Bien qu’elles soient cachées à nos yeux,
Ô dieu unique qui n’a point son pareil !
Tu as créé l’univers selon ton désir,
Tandis que tu demeurais seul :
Hommes, troupeaux, bêtes sauvages,
Tout ce qui est sur terre et marche sur ses pattes,
Ce qui est dans les hauteurs et vole, ailes éployées,
Le pays de montagne : Syrie et Soudan
Et la plaine d’Egypte.
Tu as mis chaque homme à sa place
et as pourvu à son nécessaire.
Chacun possède de quoi manger et le temps de sa vie est compté.
Les langues sont variées dans leurs expressions,
Leurs caractères comme leurs couleurs sont distinctes
Puisque tu as distingué les étrangers.
Tu as créé le Nil dans le monde inférieur
Et tu le fais venir à ta volonté pour faire vivre les Egyptiens,
Comme tu les as créés pour toi,
Toi, leur Seigneur à tous, qui prends tant de peine avec eux !
Seigneur de l’univers entier, qui te lèves pour lui,
Disque du jour au prodigieux prestige !
Tout pays étranger, si loin soit-il, tu le fais vivre aussi :
Tu as placé un Nil dans le ciel, c’est le don que tu as fait aux étrangers
Pour arroser leurs champs et leurs territoires.
Qu’ils sont efficients tes desseins, Seigneur dans l’éternité !
Un Nil dans le Ciel, c’est le don que tu as fait aux étrangers
Et à toute bête des montagnes qui marche sur ses pattes,
Tout comme le Nil qui vient du monde inférieur pour le Pays-Aimé.
Tes rayons nourrissent la campagne.
Dès que tu brilles, les plantes vivent et poussent pour toi.
Tu fais les saisons pour développer ce que tu as créé :
L’hiver pour les rafraîchir et l’ardeur pour qu’ils te goûtent.
Ayant fait le ciel lointain pour t’y lever
Et embrasser de la vue toute ta création,
Tu demeures dans ton unité,
Lorsque tu t’es levé en ta forme de disque vivant
Qui apparaît puis resplendit,
Qui est loin mais demeure proche.
Tu ne cesses de tirer des millions de formes de toi-même
En demeurant dans ton unité.
Villes, districts, champs, chemins, fleuves,
Tout œil te voit en face de lui,
Parce que tu es le disque du jour au-dessus de l’univers.
Mais parce que tu es parti
Plus aucun des êtres n’existe, que tu as créés
Pour ne te point contempler uniquement toi-même.
Bien que nul ne te voie de ceux que tu as créés,
Tu demeures pourtant dans mon cœur ;
Il n’y en a point d’autre qui te connaisse.
Sinon ton fils Nebkheperourê Ouâenrê,
Car tu l’as informé de tes desseins et de ta puissance.
L’univers est venu à l’existence sur ta main, comme tu l’as créé.
Te lèves-tu, il vit ; te couches-tu, il meurt.
Tu es la durée de la vie elle-même ; on vit de toi ;
Les yeux ne cessent de fixer ta perfection jusqu’à ton coucher.
On cesse tout travail, lorsque tu te couches à l’Occident ;
Dès ton lever, tu fais croître toute chose pour le roi
Et la hâte s’empare de toute jambe
Depuis que tu as favorisé l’univers
Et que tu les as fais surgir
Pour ton fils, sorti de ta personne,
Le Roi de Haute et de Basse Egypte, vivant de vérité,
Le seigneur du Double-Pays, Neferkheperourê Ouâenrê,
Fils de Rê, vivant de vérité, Seigneur des Couronnes, Akhenaton,
Que la durée de sa vie soit grande !
Et sa grande épouse qu’il aime,
La dame du Double-Pays, Neferneferouaton Nefertiti,
Puisse-t-elle vivre et rajeunir à jamais, éternellement !
Extraits de Littérature égyptienne
Les Lamentations

Chant du Harpiste. Moyen Empire
" Des générations disparaissent et s’en vont,
D’autres demeurent et cela dure depuis le temps des Ancêtres,
Des dieux qui ont existé auparavant
Et reposent dans leurs pyramides.
Nobles et gens illustres sont enterrés dans leurs tombeaux.
Ils ont bâti des maisons dont la place n’existe plus.
Qu’est-il advenu d’eux ?
J’ai entendu des sentences de Imhouthes et de Hardedef,
Que l’on cite en proverbe et qui durent plus que tout.
Où sont leurs demeures ?
Leurs murs sont tombés ;
leurs places n’existent plus, comme si elles n‘avaient jamais été.
Personne ne vient de là-bas annoncer ce qu’il en est,
Annoncer ce dont il a besoin,
Pour apaiser notre cœur jusqu’à ce que nous abordions
Au lieu où ils s’en sont allés.
A cause de cela, apaise ton cœur.
Que l’oubli te soit profitable !
Suis ton cœur, aussi longtemps que tu vis.
Place de l’oliban sur ta tête.
Vêts-toi de fin lin.
Oins-toi avec la véritable merveille du sacrifice divin.
Augmente ton bien-être, pour que ton cœur ne s’affaiblisse pas
Suis ton cœur et ce qui t’est bon.
Expédie tes affaires sur terre.
Ne fatigue point ton cœur,
Jusqu’au jour où viendra pour toi la complainte funéraire.
Celui-dont-le-cœur-est-las n’entend point son appel.
Son appel n’a sauvé personne du tombeau.
C’est pourquoi fais un jour heureux et ne te lasse point de cela.
Vois, personne n’a emporté son bien avec soi.
Vois, personne n’est revenu qui s’en est une fois allé."

Lamentations d'Ipouer. Première Période Intermédiaire
" C'est donc ainsi : le Nil frappe ses rives et pourtant on ne laboure pas. chacun dit :
" Nous ne savons pas ce qui est arrivé à travers le pays
C'est donc ainsi : les femmes sont stériles, car on ne conçoit plus. Et Khnoum ne crée plus à cause de l’état du pays.
C’est donc ainsi : les hommes démunis sont devenus propriétaires de richesses. Celui qui ne pouvait faire pour lui même une paire de sandales possède des monceaux.
C’est donc ainsi : beaucoup de morts sont jetés au fleuve, le flot est une tombe et la Place pure est maintenant dans les flots..
C’est donc ainsi : les riches se lamentent, les miséreux sont dans la joie, et chaque ville dit : " Laissez-nous chasser les puissants de chez nous."
C’est donc ainsi : le peuple est semblable aux ibis, et les souillures sont à travers le pays, personne ne porte de vêtements blancs, en ce temps.
C’est donc ainsi : le pays tourne comme un tour de potier, le voleur est en possession de trésors…
… Voyez donc ce qui se produit : le pays est privé de la royauté par quelques personnes dépourvues de raisons.
Voyez, le secret de ce pays dont on ne connaît pas les frontières est trahi : le Résidence s’est écroulée en une heure.
Voyez, les pays est rempli de bandes : les misérables dérobent sont bien au puissant.
Voyez, celui qui ne pouvait pas se fabriquer un sarcophage possède maintenant une tombe.
Voyez, les fonctionnaires se sont dispersés à travers le pays…
… Voyez celui qui ne savait pas jouer de la harpe possède maintenant une harpe.
Voyez, les pauvres du pays sont devenus les riches, celui qui possédait quelque chose est maintenant quelqu’un qui n’a rien
… Voyez, aucune fonction n’est plus à sa bonne place, ils sont comme un troupeau effarouché sans berger… …

Le dialogue d’un désespéré avec son âme. Première Période Intermédiaire
Premier poème
" Vois, mon nom serait odieux à cause de toi,
plus que l’odeur des vautours, les jours d’été, quand le ciel est brûlant
Vois mon nom serait odieux à cause de toi,
plus que l’odeur du pêcheur de sebenou un jour de prise quand le ciel est brûlant
Vois mon nom serait odieux à cause de toi,
plus que l’odeur des oiseaux dans un fourré de roseaux peuplé de gibiers d’eau.
Vois, mon nom serait odieux à cause de toi,
Plus que l’odeur du pêcheur dans les eaux croupies des marais où ils ont pêché.
Vois, mon nom serait odieux à cause de toi,
plus que l’odeur des crocodiles, plus que résider sur la berge peuplée de crocodiles.
Vois, mon nom serait odieux à cause de toi,
plus que celui de la femme calomniée auprès du mari.
Vois, mon nom serait odieux à cause de toi,
Plus que celui de l’enfant vaillant dont on dit : il est l’amant.
Vois, mon nom serait odieux à cause de toi,
Plus que celui de la ville du souverain qui ourdit une sédition quand il a le dos tourné. "

Deuxième poème
" A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
Les frères sont méchants, et les amis d’aujourd’hui, ils n’aiment plus !
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
Les cœurs sont égoïstes et chacun emporte les biens de son frère !
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
La bienveillance a disparu, la violence entre partout !
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
On se plait à la méchanceté, et le bien est jeté à bas en tout lieu !
A qui pourrais-je parler encore aujourd’hui ?
Celui qui rendait furieux à cause de sa méchanceté fait rire tout le monde de son forfait
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
On pille, et chacun vole son frère.
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
Le criminel est devenu confident, et le frère qu’on fréquentait est devenu un adversaire !
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
On oublie hier, on n’agit plus de nos jours pour celui qui a agi !
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui
Les frères sont méchants, et on doit se tourner vers les étrangers pour trouver la rectitude !
A qui pourrais-je encore parler aujourd’hui ?
Le malheur qui a frappé le pays, il est infini !"

Les Prophéties
Extrait de la Prophétie de Neferty. Moyen Empire
Mais voici qu’un roi viendra du Sud, nommé Amény, juste de voix. C’est le fils d’une femme de Nubie, c’est un enfant de Haute-Egypte… Réjouissez-vous, hommes de son temps. Le fils d’un homme en vue se fera un renom pour toute l’éternité. Ceux qui étaient disposés au mal et méditaient des actes hostiles ont fait taire leur bouche par crainte de lui… Le droit reviendra à sa place, l’iniquité ayant été poussée dehors. Qu’il se réjouisse, celui qui verra cela et qui se trouvera alors au service du Roi. (Traduction Lefebvre)
Les Contes et Récits
Mythe de l’Oeil du Soleil. Le Singe raconte une fable à Tefnou
tIl arriva qu’un lion allait, cherchant l’homme. Et un petit rat apparut entre ses pattes, d’aspect bien faible et né depuis peu. Comme le lion allait le fouler aux pieds, le rat lui dit :
" Ne me foule pas aux pieds, ô Monseigneur Lion. Si tu me manges, tu ne seras pas rassasié et si tu me laisses partir, tu n’auras même plus envie de me manger. Si tu me donnes mon souffle en cadeau, moi, je te donnerai le tien une autre fois. Si tu m’épargnes et ne me détruis pas, je te ferai sortir de ta propre destruction et te ferai échapper à ton malheur. "
Le lion se rit du rat en disant :
"Qu’est-ce que tu feras finalement ?"
Mais celui-ci jura et dit :
" Je te ferai échapper au malheur quand, quelque mauvais jour, il s’abattra sur toi." 
Le lion considéra ce qu’avait dit le rat comme une plaisanterie et pensa à part soi :
" Si je le mange, je ne serai pas rassasié, c’est vrai."
Et il le laissa partir.
Il advint qu’il y eut un chasseur qui plaça un piège pourvu d’un filet, après avoir creusé une fosse devant le lion. Le lion tomba dans la fosse et fut aux mains de l’homme. Il le plaça dans le filet, et il l’attacha avec des sangles sèches et le lia avec des sangles fraîches. Et ainsi il fut abandonné dans le désert et il était tout triste.
Quand vint la septième heure de la nuit, le Destin voulut que s’effectuât sa plaisanterie par les grandes paroles qu’avait prononcées le lion. Celui-là dit :
" Tu ne me reconnais pas ? Je sus le petit rat à qui tu as concédé le souffle en cadeau et je suis venu pour t’en donner aujourd’hui la récompense : je vais te sauver du malheur dans lequel tu es tombé. Car accomplir de bonnes actions est utile à celui qui les accomplit."
Et aussitôt le petit rat fit aller sa mâchoire sur les liens du lion. Il tailla les sangles sèches et rompit les sangles fraîches dont il était lié tant qu’il y en eut et fit sortir le lion de ses liens. Le rat se cacha dans sa crinière et il le transporta au désert ce jour-là.
Les Biographies
Extraits de la biographie d'Ouni. Ancien Empire.
Extrait I
Cette armée revint en paix,
Après avoir mis à sac le pays de Ceux-qui-sont-sur-le-sable.
Cette armée revint en paix,
Après avoir détruit le pays de Ceux-qui-sont-sur-le-sable.
Cette armée revint en paix,
Après avoir renversé ses forteresses.
Cette armée revint en paix,
Après avoir coupé ses figuiers et ses vignes.
Cette armée revint en paix,
Après avoir mis le feu à ses habitations.
Cette armée revint en paix,
Après avoir tué des troupes par myriades nombreuses.
Cette armée revint en paix,
Après avoir ramené de très nombreuses troupes de prisonniers.
Extrait II
Sa Majesté m’envoya conduire cette armée par cinq fois pour anéantir le pays de Ceux-qui-sont-sur-le-sable, chaque fois qu’ils se révoltaient avec les mêmes troupes. J’agis de sorte que Sa Majesté me loue à ce sujet plus que toute autre choses. Il fut rapporté qu’il y avait des fauteurs de troubles pour une affaire survenue parmi les mêmes étrangers, au Nez-de-la Gazelle. Je fis la traversée sur des navires au long cours avec les mêmes troupes et j’organisai le débarquement derrière les hauteurs de la montagne, au nord du pays de Ceux-qui-sont-sur-le-sable. Tandis que toute l’autre moitié de la même armée avait pris le chemin de terre. Je revins après les avoir saisis et après avoir tué tout rebelle parmi eux.

Autobiographie d’Ahmosis, fils d'Abana.Nouvel Empire
Le commandant Ahmosis, fils légitime d’Abana, prend la parole et dit : " C’est à vous tous que je m’adresse. Je veux vous parler des faveurs dont j’ai bénéficié. A sept reprises, j’ai été récompensé par de l’or au vu et su de la population toute entière, et aussi par des esclaves hommes et femmes. L’on m’a également gratifié de nombreuses terres. Le nom de l’homme valeureux est attaché à ses actes : il ne périra jamais dans son pays."
Les Sagesses et Enseignements
Extraits des Enseignements pour le roi Merikarê 
Extrait I
Imite tes pères, tes ancêtres,
Ils ont assujetti leurs gens par leur savoir.
Voici que leurs paroles demeurent dans leurs écrits.
Ouvre, tu liras et tu imiteras leur savoir.
On ne devient expérimenté qu’après avoir été enseigné.
Extrait II
Pratique la justice et tu dureras sur terre.
Apaise celui qui pleure, n’opprime pas la veuve,
Ne chasse point un homme de la propriété de son père.
Ne porte point atteinte aux grands dans leur possession.
Garde toi de punir injustement.
Extrait III
C’est un savant que le seigneur du Double-Rivage.
Un roi, possesseur d’une cour, n’est point insensé.
Il est plein de sagesse dès qu’ils sort du sein maternel,
Et Dieu l’a distingué parmi des millions d’hommes.
C’est une fonction parfaite que la royauté…
Extrait IV
Sois un artiste en paroles pour atteindre la victoire.
La langue est le glaive du roi.
La parole est plus puissante qu’aucune arme.
On ne trompe pas un homme intelligent…
On respecte la vie d’un homme à l’œil ouvert,
Mais celui qui a trop de confiance va à sa perte…
Ne sois pas méchant, la maîtrise de soi est bonne.
Fais-toi un monument durable par l’amour que tu laisses…
Fais plier la foule et éloigne d’elle la flamme.
Un peuple riche ne se dresse pas pour se révolter.
Ne l’appauvris pas de sorte qu’il ne sois pas poussé à la révolte,
Car c’est le pauvre qui fomente le trouble…
Enrichis paysans et citadins,
Et l’on rendra grâce à dieu pour tes dons.
Honore les grands, mais veille au bien-être de tes gens…
Enrichis tes grands pourvu qu’ils agissent selon tes lois.
Celui qui est riche en sa maison ne se conduit pas en factieux…
Ne fais pas de différence entre le fils d’un homme de qualité et celui d’un homme du commun.
Mais va chercher un homme pour sa conduite,
De façon que tout art soit exercé….
Vois, je t’ai dit le meilleur de ma méditation,
Place-le comme base de ta conduite devant tes yeux.

Extraits de l’Enseignement de Ptahhotep. Ancien Empire
Extrait I
Si tu veux maintenir la paix dans une maison,
Où tu as tes entrées comme Seigneur, comme frère ou comme ami,
En quelque endroit que tu entres,
Garde-toi d’approcher des femmes.
Un lieu où elles sont ne peut être bon…
Mille hommes se sont tenus à l’écart de ce qui leur aurait été utile.
C’est un moment bref comme un songe
Et l’on trouve la mort pour l’avoir connu.
Extrait II
Si tu es un homme en vue, fonde-toi un foyer
Et aime ta femme dans la maison, comme il lui appartient.
Donne lui à manger et couvre son dos de vêtements.
C’est un remède pour ses membres que le parfum onctueux.
Réjouis son cœur tant qu’elle vit.
C'est un champ excellent pour son Seigneur.

Extraits des Conseils des Scribes. Nouvel Empire et Basse Epoque
N’épargne pas le travail à ton fils quand il peut le faire.. Apprends-lui à écrire, labourer, attraper les oiseaux et poser des pièges au cas où la crue du Nil serait peu abondante, afin qu’il puisse retirer les fruits de ses leçons. (Basse Epoque)
Ne copule pas avec une femme mariée. Celui qui copule avec une femme mariée dans le lit de celle-ci, sa propre épouse pourrait à son tour être violée sur le sol. (Basse Epoque)
Choisis une épouse tant que tu es jeune, afin qu’elle puisse te donner un fils. Engendre-le dans ta jeunesse, pour le voir devenir un homme. (Nouvel Empire)
Conseil aux parents : Ne favorise pas l’un de tes enfants aux dépens des autres. Après tout, tu ne sais pas encore lequel se montrera le plus gentil avec toi. (Basse Epoque)
Double la ration de nourriture que ta mère t’a donnée, et occupe-toi d’elle comme elle s’est occupée de toi. Tu as été un lourd fardeau pour elle, mais elle ne t’a pas abandonné. Lorsque tu es né, après de longs mois, elle n’a pas rompu le lien avec toi puisqu’elle t’a donné le sein pendant trois ans. Alors que tu grandissais et que tes excréments étaient dégoûtants, elle n’a pas été dégoûtée. (Nouvel Empire)
Montrez vos richesses à votre femme mais ne les lui confiez pas… N’ouvrez pas votre cœur à votre femme, car ce que vous lui direz en privé sera répété dans la rue… Si une femme ne désire pas les biens de son mari, c’est qu’elle est amoureuse d’un autre. (Propos du scribe Ankhshéshonq)

Les Chants d Amour
Quand je te vois, mes yeux brillent et j’aspire à te regarder,
toi qui gouvernes mon cœur et que je chéris entre tous les hommes.
Oh, si seulement ce moment merveilleux pouvait durer toujours.
Depuis cette nuit passée avec toi, le bonheur emplit mon cœur. Ne me quitte jamais ! (Nouvel Empire)
C’est un voisin qui habite tout près de la maison de ma mère, mais je ne sais comment aller vers lui. Mère a raison de vouloir lui dire : Arrête de la voir ! Mon cœur souffre lorsque je pense à lui, et mon amour pour lui m’habite toute entière. En vérité, il est fou, et moi aussi. Il ignore combien j’aimerais l’étreindre, sinon il irait trouver ma mère. (Nouvel Empire)
Je vois ma sœur approcher. Mon cœur exulte, mes bras s’ouvrent pour l’accueillir. Mon cœur danse dans ma poitrine comme le poisson rouge dans son bassin. Oh, nuit, puisses-tu être mienne à jamais maintenant que ma bien-aimée est là. (Nouvel Empire)
Je ne le quitterai pas même s’ils me battent et m’obligent à me réfugier dans les marécages. Même s’ils me chassent jusqu’en Syrie avec des massues, en Nubie avec des stipes de palmier, dans le désert avec des bâtons ou jusqu’à la côte pour m’obliger à abandonner l’homme que j’aime. (Nouvel Empire)
Lettres, inscriptions et Documents juridiques

Inscription du sculpteur Irtisen
J’étais un artiste doué dans mon art, inégalé dans ma technique…
Je savais comment rendre les mouvements d’un homme et le maintien d’une femme…
A part moi et mon fils aîné, chair de ma chair, nul n’y parvient aussi bien.

Lettre du prêtre Hekanakht

Celui qui commet une offense, quelle qu’elle soit, contre ma concubine devient mon ennemi et moi le sien. Voyez ! Elle est ma concubine, et tout le monde sait comment traiter la concubine d’un homme.. Lequel d’entre vous saurait se montrer patient si l’on insultait sa femme devant lui ? Alors, pourquoi devrais-je me montrer patient ?

Extrait du décret de Pepi I
Décret dit de Dachour exemptant la ville des deux pyramides de tout impôt ou corvée.
Le roi de Haute et de Basse Egypte, Snéfrou dans les deux pyramides Kha-Snéfrou.
Ma Majesté a ordonné que ce domaine des deux pyramides soit exempté en sa faveur de l'exécution de tout travail de construction de la maison du roi, pour toute l'éternité, de toute corvée sur l'ordre de qui que ce soit, pour toute l'éternité.
Ma Majesté a ordonné que tous les gens de la ville des deux pyramides soient exemptés, en sa faveur, du passage de tous messagers soit par eau, soit par terre, descendant ou montant le fleuve.
Ma Majesté a ordonné qu'aucun laboureur de la ville des deux pyramides ne soit mis en service de labourage pour le compte des gens d'une quelconque épouse royale, d'un fils royal, d'un prince ou d'une princesse quelconque, d'un ami ou d'un notable quelconque, exempté pour le compte des gens du domaine des deux pyramides.
Ma Majesté a fait exempter la ville des deux pyramides de ces charges afin d'assurer le service des prêtres, la célébration des fêtes mensuelles, l'accomplissement des rites pour le roi de Haute et Basse Egypte Snefrou dans ce domaine des deux pyramides appelées Kha-Snefrou sur l'ordre et pour la vie, la santé, le salut du roi de Haute et Basse Egypte Merire vivant à jamais.
Scellé devant moi le roi.

Révolte des ouvriers de la nécropole royale sous Ramsès III. Papyrus conservé à Turin.
" En la 29ème année, le 10 du mois de Mechir, en ce jour, bris de cinq murs de la nécropole par les équipes d’ouvriers qui disaient : « Nous avons faim car il y a dix-huit jours de passés dans le mois. » Et ils s’installèrent à la partie postérieure du temple de Thoutmosis III. Alors vinrent les scribes de la prison de la Nécropole, les deux chefs d’équipe, les deux représentants et les deux chefs de district. Et ils crièrent : Rentrez-donc. Et ils firent de grands serments en disant : « Venez, nous avons la parole de pharaon V.S.F. Demeurez en ce lieu. Passez la nuit dans la nécropole."
"Nous en sommes arrivés là de faim et de soif : nous n’avons pas de vêtements ; nous n’avons pas d’huile ; nous n’avons pas de poisson, nous n’avons pas de légumes verts. Envoyez-le dire à Pharaon V.S.F, notre Seigneur parfait. Et envoyez-le dire aussi au vizir, notre supérieur, qu’il nous donne le moyen de vivre."

Ramses II s’adressant à ses ouvriers
"J’ai assuré votre subsistance en tout produit, pensant que vous travailleriez pour moi d’un cœur reconnaissant. J’ai été constamment soucieux de vos besoins, multipliant les vivres en votre possession, car je sais que le genre de travail que vous faites, on se réjouit de le faire quand on a le ventre plein. Les greniers sont pleins de blé pour vous. J’ai empli à votre intention les magasins de toutes sortes de produits, tels que pains, viandes, gâteaux pour vous sustenter, sandales, habits, huiles en abondance, pour vous enduire la tête tous les dix jours, vous vêtir à neuf tous les ans, et vous pourvoir de sandales tous les jours. Personne d’entre vous ne passe la nuit à déplorer sa pauvreté. J’ai affecté des quantités d’hommes à votre alimentation, des pêcheurs pour vous apporter du poisson, et d’autres comme vignerons pour faire pousser le raisin ; des potiers faisant tourner le tour et fabriquant des vases pour rafraîchir votre eau au moment des chaleurs. De Haute et de Basse Egypte s’acheminent vers vous, continuellement, blé, orge, grain, helba, fèves en nombre illimité. J’ai fait tout cela en me disant que vous y trouveriez un motif de travailler pour moi d’un cœur unanime."

Testament de Dame Naunakhte (voir Deir el Medineh)
Extrait du catalogue du Louvre relatif à l'exposition de Deir el-Medineh.
A. Document contenant la déclaration datée que la citadine Naunakhte a faite de ses biens.
An 3, quatrième mois d'akhet, le 5.
Sous la Majesté du roi de Haute et de Basse Egypte, seigneur du Double-Pays, Ousermaâtrê Sekhenperenrê VSF, le fils de Rê, seigneur des couronnes comme Atoum, Ramses Amonkerkhopechef Meryimen VSF, doué de vie pour toujours et à jamais.
En ce jour a été établie une déclaration datée de ses biens par la dame Naunakhte devant le conseil ainsi constitué :
- le chef d'équipe Nekhenmout
- le chef d'équipe Anhourkhâou
- le scribe de laTtombe Amonnakhte
- le sribe Horcheri
- le dessinateur Amonhotep
- l'homme d'équipe Telmontou
- l'homme d'équipe To
- le dessinateur Pentaourê
- l'homme d'équipe Ouserhat
- l'homme d'équipe Nebnefer
- l'homme d'équipe Amonpahâpy
- l'inspecteur Amonnakhte
- l'inspercteur Ramose
- l'homme d'équipe Nebnefer, fils de Khonsou
Elle a déclaré : " Quant à moi, je suis une femme libre du pays de Pharaon VSF. J'ai élevé ces huit serviteurs qui vous appartiennent et je leur ai donné un nécessaire pour se fonder un foyer comportant toutes sortes de biens, tel que celui que l'on fait pour ceux qui sont de leur condition. Or voyez, je suis devenue vieille, mais ils ne s'occupent pas de moi à leur tour. Celui d'entre eux, quel qu'il soit, qui placera sa main dans ma main, je lui donnerai mes biens, mais celui qui ne m'a pas donné, je ne lui donerai rien de mes biens. "
Liste des hommes d'équipe et des femmes à qui elle a donné :
- l'homme Mainakhouf
- l'homme d'équipe Qenherkhepechef
Elle a déclaré : " Je lui ai donné en récompense une cuvette en bronze, en plus de la part de ses compagnons, valant 10 khar de blé amidonnier."
- l'homme d'équipe Amonnakhte
- la citadine Ouasenakhte
- la citadine Menatnakhte
De la citadine Menatnakhte elle a déclaré :" Elle a droit à une part de tous mes biens, excepté l'oipé de blé amidonnier que m'ont donné mes trois enfants mâles et la citadine Ouasenakhte, et excepté le vase hin d'onguent qu'ils m'ont donné de la même manière."
Liste de ses enfants dont elle a dit : " Ils ne bénéficieront pas du partage de mon tiers; ce n'est que du partage des deux tiers de leur père qu'ils bénéficieront."
- l'homme d'équipe Neferhotep
" Quant à mon chaudron que je lui ai donné pour s'acheter des provisions ainsi que le pic de 7 deben, le vase irer de 7 deben et le pic ânet de 6 deben, en tout 40 deben, ils seront pour lui une part. Il ne bénéficiera d'aucun cuivre, car celui-ci est destiné à ses frères et soeurs."
- la citadine Menatnakhte
- la citadine Henoutchenou
- la citadine Khârnebou
" Ces quatre enfants de moi ne bénéficieront du partage d'aucun de mes biens. Quant à tous les biens du scribe Qenerkhepechef, mon mari, ses places, ce magasin de mon père, et la mesure de blé que j'ai acquise avec mon mari, ils ne les partageront pas. Quant à ces huit enfants de moi ils bénéficieront du partage des biens de leur père pour une seule part."
Fait par le scribe de la Tombe enclose Amonnakhte.

An 4, troisième mois d'akhet, le 17.
En ce jour, l'homme d'équipe Khaemnoun est venu de nouveau au conseil avec ses enfants pour déclarer : " Ces écrits qu'a faits la citadine Naunakhte à proposde ses biens sont absolument exacts. L'homme d'équipe Neferhotep ne bénéficiera pas de partage là-dedans."
Il a fait une déclaration sous serment par le seigneur VSF en ces termes : " Que si je change d'avis en sorte d'élever une contestation à ce propos, je sois passible de 100 coups et privé de mes biens."
En présence du chef d'équipe Khâoun du chef d'équipe Nekhemmout, du scribe de la Tombe Hori, de l'inspecteur Ramose et de l'inspecteur Pentaourê, fils de Nakhtmin.

B. Déclaration de Khâemnoun et Qenhrekhepechef
Déclaration par l'homme d'équipe Khâemnoun en présence de l'homme d'équipe Anyakhte, l'homme d'équipe Qedakhetef, l'homme d'équipe Horinefer, l'homme d'équipe Neferhotep, l'homme d'équipe Amonnakhte, l'homme d'équipe Mainakhte et l'homme d'équipe Khonsou.

" Voyez, je vais donner cette cuvette qui pèse 13 deben de cuivre. Elle appartient désormais à Qenherkepechef. Aucun fils ni aucune fille ne pourra le contester, sa parole ne sera pas entendue, et il ne figure dans aucun partage."
An 3, troisième mois d'akhet, le 10.
Ce jour, l'homme d'équipe Khâemnoun a déclaré : " Quant à cette cuvette que j'ai donnée à l'homme d'équipe Qenherkhepechef, mon fils, elle lui appartient maintenant. Aucun fils, aucune fille ne peut le contester ni sa plainte entendue à l'avenir."
Transmission ce jour, en présence de l'homme d'équipe Qedakhetef, l'homme d'équipe Nebnakhte, l'homme d'équipe Khonsou,, l'homme d'équipe Neferhotep, l'homme d'équipe Amonnakhte et l'homme d'équipe Khâemnoun lui-même, après que l'homme d'équipe Qenherkhepechef eut déclaré : " Je lui donnerai deux khar et deux oipé par mois.", et eut fait une déclaration sous serment par le seigneur VSF en ces termes : " Par Amon et par le souverain VSF si je reprends ces rations à mon père, que cette récompense qui est la mienne me soit prise. Je serai redevable d'une paire de sandales à l'homme d'équipe Amonnakhte et je donnerai une boîte à l'homme d'équipe Maanakhtouf en échange de ces écrits qu'ils ont faits concernant la déposition de leur père."

Les Papyrus médicaux

Extraits du Papyrus médical de Kahoun
Prescription destinée à soigner une femme que son vagin fait souffrir pendant la marche : Demande -lui :
"Quelle odeur sens-tu ?"
Si elle répond :
"Je sens le grillé"
alors tu sauras que ce sont des symptômes nemsu. Fais-lui des fumigations à base de tout ce qui rappelle l’odeur de grillé.

Extraits du Papyrus Elbers
Prescription à suivre pour remettre en place l’utérus d’une femme : mélanger le bitume prélevé sur la coque d’un bateau avec un peu de bière d’excellente qualités, et faire avaler ce breuvage à la patiente.
Quant aux différents souffles morbides, ils entrent dans l'œil gauche et sortent par le nombril. C'est un souffle propre au champ d'activité du prêtre de Sekhmet. C'est le cœur qui fait, de façon répétée, qu'ils entrent dans les conduits de l'intérieur du corps de l'homme et ils provoquent une cuisson de tout le corps de l'homme. Alors le cœur chute à cause d'eux, en s'échauffant et les conduits reliés au cœur frissonnent à cause de ce qu'ils contiennent. S'ils se calment cela veut dire qu'ils étouffent les souffles morbides, mais si le flux de ces derniers augmentent, ils seront submergés. »
Paragraphe 348. Probablement très ancien, ce passage est typique des grandes collections de remèdes que sont les papyrus médicaux.
" Remède pour chasser le sang qui est dans les yeux : ocre rouge 1 ; malachite 4 ; galène 1 ; bois pourri 1 ; caroube 1 ; eau 1. Ce sera finement broyé et placé dans les yeux."
Paragraphe 191. Texte probablement de l'Ancien empire. Ce passage est assez caractéristique de l'approche égyptienne des maladies internes. Ici, l'origine du mal est très traditionnelle : un démon (un mort). Mais les signes recensés sont présentés assez précisément pour définir une pathologie spécifique grave. Rétrospectivement, on reconnaîtra dans ce texte une description possible d'un infarctus du myocarde, pour le médecin de l'époque un simple problème de démon qui parcourt les conduits du corps.
"Si tu procèdes à l'examen d'un homme atteint à l'entrée de l'intérieur-ib ( = vers l'estomac), et qu'il est atteint dans le bras, à la poitrine et sur un côté de l'entrée de l'intérieur-ib, et qu'on dit à ce sujet : " C'est la maladie verte ! », tu devras dire à ce sujet : " C'est quelque chose qui est entré dans la bouche, c'est un mort qui le parcourt ! "Tu devras lui préparer un traitement fortifiant... tu devras placer la main au-dessus de lui, la gardant étendue jusqu'à ce que le bras aille bien, étant exempt de douleur."
Paragraphe 767. Texte datant de l'Ancien Empire, comme la plupart des textes chirurgicaux. Ce passage montre l'existence d'interventions chirurgicales simples qui devaient toutefois s'apprendre avec des maîtres expérimentés. Il s'agit de l'exérèse d'un kyste.
" Tu devras lui faire le traitement au couteau, mais sois prudent au sujet des vaisseaux ! Il y a quelque chose qui en sort et qui est semblable à de l'eau de gomme. Elle a fabriqué une cloison : ne permets pas qu'il en reste quelque chose et elle ne reviendra pas."

Extraits du Papyrus Smith
Quant à l'expression examiner un malade, cela veut dire faire un bilan de quelqu'un... L'acte d'examiner quelqu'un est comme faire le bilan des choses quelconques au moyen d'une mesure ou avec les doigts... Faire le bilan des endroits atteints qui sont dans le malade revient à examiner les endroits atteints chez l'homme en examinant son cœur car des conduits (vaisseaux sanguins) sont dans l'homme et sont pour chaque endroit du corps. Tout prêtre de Sekhmet, tout médecin, qui met les mains, les doigts, que ce soit sur la tête, sur la nuque, sur les mains, à l'endroit du cœur, sur les jambes, c'est vers le cœur qu'est dirigé son examen, car il est avéré que les conduits à l'intérieur du corps de l'homme prennent naissance à l'arrière du cœur et que le cœur parle devant chaque conduit de chaque endroit du corps. Le médecin dit examiner à propos de la plaie en plaçant les doigts sur les conduits de la tête, ceux de la nuque, ceux des jambes... dans le but de reconnaître les caractéristiques médicales de ce qui se déroule dans le malade."

Extraits du Papyrus Hearst
Paragraphe 170. Conjuration datant du Nouvel Empire, contre la maladie cananéenne, probablement la lèpre.
"Qui est savant comme le dieu Rê ? Qui en connaît autant que ce dieu, alors que le corps est charbonné comme avec du charbon de bois, pour se saisir du Dieu d'en Haut. Alors comme Seth conjura la mer, Seth te conjurera de même, Ô maladie cananéenne... Que l'on dise cette formule quatre fois sur de l'huile fraîche de moringa et des résidus de pot-rehedet. Conjure-la avec cela puis scelle-la avec des sceaux en carapace de tortue.