Vous êtes à l ankh
Introduction, un règne d'exception
Avant le règne d'Akhenaton
Amenhotep III et l’influence amonienne
L’enfance d’Amenhotep IV
Pendant le règne d'Akhenaton

L’accession au trône
L'innovation fondamentale d'Amenhotep IV
Un symbole qui devient Révolution
Les autres innovations d'Amenhotep IV
Un exil nommé Amarna
Portrait d’une reine énigmatique
Album Les enfants du Soleil
Il n’est pas dans l’histoire égyptienne de personnages plus illustres et pourtant plus mal connus qu’
Amenhotep IV/Akhenaton
et Néfertiti.
S’engager sur la voie amarnienne, c’est étudier une des pages les plus complexes et les plus controversées de l’Histoire pharaonique.
Les dates sont souvent imprécises, floues, très souvent remises en question par les grands noms de l’égyptologie, les acteurs principaux de cette grande aventure sont eux aussi sujets à caution tant leur personnalité est exacerbée, tant leurs origines, par exemple pour Néfertiti, sont encore imprécises et tant leur parcours reste exceptionnel et hors du commun.
Mon propos tentera d’être le plus objectif possible,
les sources seront les plus larges possibles,
toute interprétation sera retenue dans la mesure où elle ne rejoint pas un romantisme déplacé.
Je ne cache pas mon intérêt pour cette délicate période car on assiste durant quelques années à un véritable schisme remettant gravement en question l’histoire religieuse millénaire du Double-Pays. En effet, les éléments d’une lutte inégale se dessinent opposant le clergé d’Amon, fort de son expérience et des liens qui l’unissent au peuple égyptien, affichant une souveraine patience doublée d’une inébranlable cohésion,
clergé amonien donc opposé à un jeune Pharaon fougueux, bien trop enthousiaste, souvent mal averti par des conseillers avides de pouvoir et qui ne saura trouver la maturité et la tempérance nécessaires pour imposer une vision religieuse nettement trop teintée de dogmatisme
à un peuple prisonnier de ses traditions séculaires
et à qui le temps a sûrement manqué pour « digérer » l’esprit visionnaire et novateur de son Pharaon.
Amenhotep III et l'influence amonienne
La grande aventure amarnienne ne surgit pas du néant et si Aton semble s’imposer brutalement sur l’Egypte, de nombreux faits ont nourri son arrivée sur le devant de la scène religieuse égyptienne du Nouvel Empire.
Amenhotep III est le fils de Thoutmosis IV et de la reine Moutemouia, il voit le jour très probablement à Memphis et sa naissance se situe, très probablement aussi, en l’an 2 du règne de Thoutmosis IV. A la mort de celui-ci, Amenhotep III Nebmaâtrê monte sur le trône d’Egypte. Il épouse, entre autres femmes, une certaine Tiyi, fille de personnages très influents de la région d’Akhmin. Elle devient l’épouse favorite, la Grande Epouse Royale et son implication dans les domaines diplomatique et politique du Double-Pays est éminente. C’est elle qui donne le jour au futur Pharaon, Amenhotep IV. Tiyi est une femme à la personnalité très forte et très affirmée, elle joue un rôle essentiel dans toutes les manifestations royales, il semble que son autorité équilibre quelque peu l’indolence d’Amenhotep III et c'est indubitable, elle a fortement influencé son fils, le futur Amenhotep IV.
Cependant, souscrivant à l’idée novatrice de son père qui avait ouvert la voie aux mariages diplomatiques, Amenhotep III épouse en l’an 10 de son règne la jeune princesse mitanienne Gilukhepa puis, quelques années plus tard, une autre princesse de même souche, Tahudepa. Celle-ci survit à Pharaon qui, d’après la tradition, obèse et gravement malade, s’éteint avant même d’avoir pu profiter de son nouvel hymen (selon certains, une fillette serait toutefois née de leur union). D’après les écrits des fameuses archives de Tell el-Amarna, Tahudepa devient alors la femme d’Amenhotep IV et en profite pour changer de nom comme cela arrivait souvent en de telles circonstances sans que cela soit pour autant systématique et il n’est pas impossible qu’elle soit devenue la nouvelle Kiya en qui l’on a vu longtemps Néfertiti (associée aussi à Gilupekha), affirmation longtemps retenue mais actuellement écartée par les égyptologues.
Amenhotep III se situe bien loin de la lignée de ses ancêtres, les Thoutmosides. Ne revenons pas sur son physique qui est bien loin d’égaler la carrure athlétique des Pharaons guerriers, il préfère la douceur et le faste de son Palais de Malqata où il goûte à tous les plaisirs que lui procure l’existence.
Son intérêt se porterait plutôt vers le divin et sa titulature exprime ses préférences : Amenhotep III, Prince de Thèbes, Neb Maât Rê.
Pharaon s’associe donc au grand dieu d’Héliopolis, le Grand Rê, il se réclame l’image de Rê, l’image vivante d’Atoum, l’élu ou l’héritier de Rê. En effet, à cette époque, comme nous l’avons déjà souligné dans l’Histoire de Thèbes, Héliopolis est un fervent centre religieux dont l’importance est égale à celle de Thèbes appelée l’Héliopolis du Sud.
Mais Amenhotep se réclame aussi dans son nom du dieu Amon, l’équilibre se fait tout seul, le ton est donné. Et comme si cela ne suffisait pas, Amenhotep III reprend à son compte, comme l’avait fait avant lui son ancêtre la Pharaonne Hatchepsout, comme l‘avait fait son père Thoutmosis IV et comme le fera Ramsès II, le fameux principe de la théogamie (Louxor).
Et n’oublions pas Maât, la petite déesse de la Justice et de la Vérité, celle par qui l’équilibre du monde existe et qui, par conséquent, permet à Pharaon par l’introduction de son nom précieux de légitimer en quelque sorte sa fonction royale.
Durant les dernières années de son règne, Amenhotep III décide de construire sur la rive occidentale du Nil un monument destiné à exalter son propre caractère divin tout autant que sa royale fonction. L’attachement à l’image divine qu’il veut donner de sa personne se traduit par l’érection de fabuleux colosses restés à la postérité sous le nom de Colosses de Memnon, seuls vestiges conservés de son Château des Millions d’années.
Cependant, cela ne suffit pas à Amenhotep III, et tout doucement, dans les dernières années de son règne, il prépare, sans se douter des conséquences futures de son nouveau penchant religieux, les inclinaisons de son fils. En effet, voici qu’entre en scène, depuis quelques générations de rois, une divinité fort ancienne, connue sous le nom d’Aton et qui désigne le disque solaire dans sa forme matérielle. Aton est donc logiquement associé à Rê dont il est en quelque sorte la manifestation physique. Peu à peu, cette nouvelle divinité sort de l’ombre, sous Amenhotep II, d’abord puis sous Thoutmosis IV et enfin sous Amenhotep III. Certains ont vu dans cette nouvelle apparition divine, un habile moyen pour Amenhotep III de contrecarrer un clergé amonien devenu omniprésent et d’une richesse incroyable. En effet, Amon ne cesse de monter en puissance, son aura se diffuse aux quatre coins de l’Egypte, et malgré cette dimension de dieu d’empire, il n’en reste pas moins très proche du peuple égyptien. Conjointement, la ville de Thèbes et le domaine de Karnak, les lieux de résidence d’Amon ne cessent d’acquérir de nouvelles richesses tandis que de nombreuses dépendances, de fructueux domaines croissent dans le pays tout entier.
D’autres préfèrent voir tout simplement une inclination purement personnelle qui se traduit dans différents domaines. Ainsi, il est bien possible que les vocables Aton est resplendissant ou Aton étincelant aient pu désigner le Palais résidentiel de Malqata. Plusieurs témoignages tendraient à prouver qu’un culte de plus en plus important se met en place sous le règne de Nebmaâtrê. Amenhotep fils de Hapou y fait de nombreuses allusions et parle de contempler l’Aton vivant tandis que le vizir Ramose déclare dans sa tombe :
"Tu te lèves, Neferkheperourê, Ouaenrê, Amenhotep IV, tu apparais comme ton père Aton vivant et il te fait roi pour l'éternité, à jamais..."
Il est évident que ces balbutiements théologiques ont pu influencer la personnalité du futur Akhenaton que nous allons découvrir maintenant. Signalons simplement qu’à l’instant fatal où un grand malheur s’abat sur la terre de Kemet, la mort de son roi Amenhotep III, l’Egypte est un pays prospère, d’une opulence encore jamais atteinte, le luxe côtoie la volupté, la paix règne en douce maîtresse, l’exquise Maât n’a jamais autant bien œuvré pour le bien être de cette terre que l’on admire et vers laquelle on aime revenir après un long voyage.

L'enfance d'Amenhotep IV
La Grande Epouse Royale Tiyi donne naissance à six enfants, quatre filles et deux garçons. L’aînée de cette longue fratrie s’appelle Satamon, elle est la mieux connue, elle fut nommée Grande Epouse Royale ce qui alimenta de manière fort glauque de possibles relations incestueuses entre elle et son père dont le rejeton le plus célèbre ne serait autre que Toutankhamon. Cette hypothèse est aujourd’hui complètement rejetée de même que celle qui ferait de Toutankhamon le fils d’Amenhotep III et de Tiyi (Voir Toutankhamon) et l’on préfère d’après les sources actuelles accorder cette paternité délicate à Amenhotep IV.
Satamon a trois autres sœurs : Henouttaneb, Isis et Nebetâh. Quant à ses frères, nous connaissons bien sûr le jeune Amenhotep qu’à priori rien ne prédestine au trône dans la mesure où il a un frère aîné, Thoutmosis dont la disparition précoce (en l’an 30 du règne d’Amenhotep III) lui ouvre la voie royale et c’est ainsi que l’histoire commence…
Et malheureusement, nous ne connaissons pas grand chose de la jeunesse de notre futur hérétique. Il ne semble pas avoir grandi à Malqata, la résidence royale ordonnée par Amenhotep sur la rive occidentale du Nil mais plutôt à Memphis (Héliopolis pour d’autres) bien que cette supposition soit encore à vérifier par de nouvelles découvertes bien peu probables dans une région remuée en tout sens et malmenée pas des conditions climatiques désastreuses.
Au décès de son frère, Amenhotep se présente comme l’héritier du trône et commence alors pour les égyptologues des temps modernes l’épineuse question d’une éventuelle corégence entre le futur Pharaon et le Pharaon régnant.
Et tout d’abord, il faudrait définir exactement ce qu’est une corégence à l’égyptienne : la co-existence de deux pharaons ayant leur propre titulature, leur propre comput comptabilisant leurs années de règne, deux règnes parallèles en quelque sorte, ce n’est pas simplement l’expérience d’un Pharaon vieillissant mise au service d’un Pharaon dont il faut faire l’éducation. Et cette définition pose de très nombreux problèmes quand il s’agit d’établir la chronologie des évènements. Une des corégences les plus célèbres, outre celles que l’on a pu définir au Moyen Empire, est celle qui unit la Reine Hatchepsout à son neveu, le futur Thoutmosis III.
Mais, en ce qui concerne une possible corégence entre Amenhotep III et son fils, les suppositions vont bon train. Certains affirment qu’elle aurait duré une dizaine d’années, d’autres ne l’estiment pas à plus de cinq ans tandis que quelques-uns en réfutent complètement l’existence. Pour l’heure, le débat continue entre partisans et détracteurs, certaines théories confirment la possibilité d’une corégence, d’autres l’infirment, tout au plus peut-on affirmer que pour l’instant, justement, l’on ne peut s’asseoir sur aucune certitude.
Je ne peux que conseiller l’excellent ouvrage de Marc Gabolde « D’Akhenaton à Toutankhamon » qui traite avec maestria du problème. Ne laissant de côté aucune des hypothèses susceptibles d’étayer chacune des deux théories, s’appuyant sur une étude précise des documents littéraires ou des vestiges archéologiques mis à sa disposition, il conclut finalement que cette corégence n’a sûrement pas existé. Un excellent ouvrage à mettre dans toutes les bibliothèques tant l’analyse du sujet est fine et objective…

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