"L’homme y passe
à travers des forêts de symboles
qui l’observent avec des regards familiers"

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les pyramides de Sahourê, Niouserrê, Neferirkarê
les pyramides de Ounas, Teti, Pepi I, Merenrê, Pepi II

mastabas de l'Ancien Empire
LA PYRAMIDE DE SAHOURE
Lorsque commence le règne de Sahourê, second roi de la dynastie V, débute aussi l’usage d’introduire définitivement dans la titulature royale le titre de Fils de Rê. Un premier essai avait été tenté par Didoufri, fils de Khéops, tentative que ses successeurs immédiats n’avaient pas renouvelée.
Sahourê choisit le site d’Abousir pour édifier son complexe funéraire d’une exceptionnelle beauté. L. Borchardt qui étudia ce lieu dans les années 1900 estima que ce fabuleux complexe occupait près de 10 000 m2. Malheureusement la magnificence des bas-reliefs travaillés dans le beau calcaire de Tourah excita les convoitises et la majeure partie fut démantelée pour fabriquer de la chaux. Seulement 150 m2 subsistèrent, conservés actuellement dans plusieurs musées.
La pyramide
Gravement endommagée, la pyramide appelée le Ba de Sahourê resplendit mesure 77 m de côté et s’élève à 49 m de hauteur. Sur la face Nord de la pyramide, une descenderie dont les parois étaient en partie recouvertes de calcaire fin, obstruée par des nombreux éboulements, menait à la chambre funéraire. Celle-ci était entièrement recouverte de calcaire fin et son plafond consistait en un toit formé de trois assises de maçonnerie dont la majeure partie des blocs sont, malheureusement brisés.
Le temple funéraire
Son entrée se situait à l’Est et il comprenait tous les éléments constitutifs d’un temple. On pénétrait dans un hall d’entrée dont il ne reste plus beaucoup de traces mais l’on sait que les murs étaient décorés de bas-reliefs. Puis, l’on accédait à une cour à ciel ouvert pavée de basalte et munie d’un autel en albâtre. Cette cour péristyle présentait des colonnes palmiformes qui soutenaient un plafond parsemé d’étoiles. C’est dans cette cour que les parois étaient recouvertes de reliefs en calcaire blanc, démantelés au fil des siècles. Ils illustraient admirablement le roi, victorieux des Asiatiques (côté Nord) et des Nubiens (côté Sud), égorgeant, sous l’aspect d’un redoutable griffon, les chefs ennemis vaincus. Par contre, les reliefs sculptés tout le long de la galerie qui entourait la cour du côté extérieur, étaient d’un tout autre registre : on y voit Pharaon dans des scènes de la vie quotidienne tantôt harponnant des poissons, tantôt chassant gazelles et antilopes. Des scènes très intéressantes illustrent aussi les préparatifs visant à mener des expéditions royales vers l’étranger, probablement en Syrie ou en Palestine.
Après avoir traversé la cour, l’on accédait à une petite pièce abritant les cinq niches à statues. Les magasins, disposés sur deux rangées, jouxtaient cette pièce.
Le Temple de la Vallée
Le Temple de la Vallée possédaient deux entrées, l’une face à l’Est et l’autre face au Sud, précédées de portiques à colonnes. Du côté Est, huit colonnes en granit imitant des palmiers dattiers soutenaient un plafond peint en bleu. Du côté Sud, le portique était constitué de quatre colonnes sans chapiteau. Ces deux entrées menaient à une petite salle soutenue par deux colonnes où l’on retrouve Pharaon piétinant de nouveau ses ennemis.
Le temple solaire
Sahourê édifia à Abou Gorab un temple solaire dont il ne reste que quelques ruines qui n’ont pas été l’objet de fouilles systématiques.
LA PYRAMYDE DE NEFERIRKARE
Successeur de Sahourê, Neferirkarê dont l’ambition architecturale aurait pu dépasser celle de Sahourê, mourut bien avant l’achèvement des travaux de son complexe funéraire.
Sa pyramide nommée Neferirkarê est devenu un ba s’élevait à une hauteur de 68 m et ses côtés mesuraient 108 m. C’était la plus grande de toute la nécropole d’Abousir. La pyramide ne fut pas terminée et à la mort du roi, le temple n’était pas encore achevé. Le complexe en chantier sera repris en main par ses successeurs et terminé avec du bois et des briques crues. La rampe qui reliait le Temple de la Vallée au Temple funéraire n’offrait pas plus que ses fondations, les murs et le toit n’ayant pas encore été construits. Niouserrê reprendra à son compte la partie inférieure de cette avenue.
Malgré tout, le temple funéraire de l’infortuné Neferirkarê, permit à des chercheurs fouillant le site dans les années 1893-1907 de découvrir une série de papyrus documentaires des dynasties V et VI.
LA PYRAMIDE DE NIUOUSERRE
Fils probable de Neferirkarê, Niouserrê se lança dans la construction de deux édifices : le complexe funéraire d’Abousir et le temple solaire d’Abou Gorab, le mieux conservé de tous les temples de ce type et à partir duquel on a pu reconstituer d’autres temples nettement moins bien conservés. Photo.
La pyramide royale nommée Stables sont les sièges de Niouserrê s’élève actuellement à une hauteur de 51 m et ses côtés mesurent 81 m. On accédait à la chambre funéraire par un couloir s’ouvrant sur la face Nord
Le temple funéraire au lieu d’être construit dans l’axe de la face Est de la pyramide, se trouve dans la moitié Sud de cette même face Est. La cour du temple était pavée de basalte et des colonnes à chapiteaux papyformes bordaient ses côtés.
Le Temple de la Vallée et la partie inférieure de la chaussée montante appartenant à l’origine à Neferirkarê furent repris par Niouserrê pour son propre usage. Le Temple d’accueil présentait deux entrées, l’une à l’Est et l’autre à l’Ouest, bordées de colonnes à chapiteaux papyformes. Les bas-reliefs qui subsistent représentent, entre autres et tout comme dans le complexe de Neferirkarê, le roi piétinant ses ennemis ou organisant ses expéditions à l’étranger.
Le temple solaire d’Abou Gorab
Je vous propose de découvrir les caractéristiques de ce temple dans le chapitre consacré à Ouserkaf, premier Pharaon de la dynastie V à avoir construit ce type d’édifice.
LA PYRAMIDE D OUNAS
La fin de la dynastie V voit se perdre l’usage, pour chaque roi, de construire un temple solaire. Cela ne signifie nullement l’abandon de la religion solaire. Même si cela ne transparaît pas dans certains de leurs noms (Ounas, Teti, Pepi), Pharaon demeure toujours Fils de Rê. Sous le règne du roi Ounas puis sous celui de ses successeurs de la dynastie VI, une nouvelle conception de la religion osirienne se fait jour et l’on assiste peu à peu à la croyance d’un au-delà chtonien.
Ounas est le dernier roi de la dynastie V. Il quitte le site d’Abousir de ses proches ancêtres pour revernir à Saqqarah Nord tout près du complexe funéraire de Djeser
La pyramide
La pyramide de Ounas nommée Belles sont les places d’Ounas est bien loin de rivaliser dans ses proportions avec ses consœurs des dynasties IV et V. Elle s’élève modestement à 19 m de haut et ses côtés ne dépassent pas les 66 m de long. C’est à l’intérieur même du tombeau qu’il faut rechercher l’originalité du monument car de nombreuses innovations y apparaissent. Ce fut Maspero qui, le premier, y pénétra en 1881. L’entrée s’effectuait côté Nord comme il était d’usage, non plus sur la face de la pyramide mais sous le pavement. Après avoir franchi les trois herses de pierre qui protègent l’accès vers la chambre funéraire royale, on arrive dans une antichambre carrée couverte d’un toit à deux pentes. Sur la droite de cette pièce, à l’Ouest, la chambre funéraire renfermait un très beau sarcophage de pierre rectangulaire, intact mais vidé de son précieux contenu. Sur la gauche, à l’Est, une autre chambre s’ouvrait, dotée de trois niches à statues.
Mais l’innovation majeure qui caractérise cette enfilade de chambres sont les longues colonnes de textes qui tapissent entièrement les murs de l’antichambre et de la chambre funéraire. Ces hiéroglyphes gravés appelés Textes des pyramides (voir Espérance et Résurrection) sont le plus ancien corpus religieux de l’humanité. Nous les retrouverons dans les pyramides de Teti, Pepi I, Ibi (peut-être successeur de Pepi II) et Merenrê et même dans trois pyramides de reines, les Grandes Epouses Royales de Pepi II.
Disposés en colonnes verticales, ces hiéroglyphes peints en bleu-vert rassemblent les formules magiques ou rituelles destinées à assurer à Pharaon l'immortalité d'une vie heureuse dans l’au-delà. Les textes se présentent comme une suite d’incantations, de prières, de normes à adopter dans l’au-delà et ne sont pas dénuées d’une certaine poésie. Le roi peut se transformer en oiseau, en étoile, autant d’apparences qui lui permettent d’assurer sa résurrection. En outre, ces textes sont dotés d’une puissante force magique car la présence même du mot écrit procurait au défunt la réalisation du souhait exprimé. Ainsi, de nombreux textes reproduisent les paroles que les prêtres devaient réciter dans le temple funéraire au moment même de leurs offrandes alimentaires : Pharaon s’assure ainsi d’une éventuelle incurie de la part de prêtres négligents.
D’autres textes l’aident à accomplir son voyage dans l’au-delà du ciel, d’autres encore sont des prières destinées à le protéger des animaux monstrueux des ténèbres. L’incohérence de ces textes assemblés sans ordre apparent peut frapper au prime abord et il est vrai que l’on recherche encore l’ordre de lecture qui leur rendrait leur unité. Un énorme travail reste encore à faire pour tenter de retrouver, salle par salle et en tenant compte de leur emplacement, la pensée initiale des hommes qui ont écrit ces paroles magiques.
On a cru pendant très longtemps que les Textes des Pyramides étaient réservés à l’usage exclusif de Pharaon. Dans les années 1930, Gustave Jéquier remit en cause cette certitude en mettant en évidence, tout autour de la pyramide de Pepi II, trois tombes de reines ornées elles aussi de ce privilège royal. Depuis, la Mission française de Saqqarah dirigée par A. Labrousse tente de vérifier si ce prestigieux privilège n’a pu être accordé à des reines antérieures, notamment celles de Pepi I, les tombes des reines de Ounas et Teti n’ayant révélé aucun texte de cet ordre. Voir Egyptologie.
Sur la face Sud de la pyramide, on a retrouvé une inscription de Khaemouaset, l’un des fils de Ramsès II, actif mécène et restaurateur des monuments ancestraux, inscription vantant le plaisir qu’il éprouva à remettre en état ce monument.
La rampe d’accès à la pyramide et le temple funéraire
La chaussée montante qui mène à la pyramide est remarquablement bien conservée. Fouillée dans les années 1937-1938 par Selim Bey Hassan, elle mesure près de 685 mètres de long et change deux fois de direction probablement à fin d’utiliser au mieux les irrégularités du terrain. Les murs s’élevaient peut-être à quatre mètres de haut et soutenaient un toit constitué de dalles épaisses parsemées de petites fentes laissant passer la lumière du jour. Le plafond intérieur d’un beau bleu était constellé de petites étoiles dorées. Les parois intérieures de l’avenue étaient décorées de magnifiques bas-reliefs peints aux couleurs vives qui ont gardé encore de nos jours une partie de leur éclat.
Ces illustrations sont variées et fort instructives : ici, l’on décrit le transport des colonnes palmiformes depuis Assouan, là on montre des artisans au travail ou des paysans oeuvrant dans les champs, tandis que des scènes de chasse mettent en scène des girafes, des léopards et bien d’autres animaux. La scène la plus étonnante et malheureusement incomplète traite d’un épisode douloureux, celui de la famine, sans que l’on sache encore si les faméliques personnages dessinés sont des Egyptiens ou des étrangers .Le temple funéraire fouillé successivement par Barsanti en 1900 et Firth en 1929 ressemble à celui de Sahourê à l’exception du pavement non plus fait en basalte mais en albâtre.























LES PYRAMIDES DE TETI, PEPI I, MERENRE, PEPI II
Les trois premières pyramides, celles de Teti, Pepi I et Merenrê construites sur le site de Saqqarah ressemblent beaucoup à la pyramide d’Ounas et leurs dimensions respectives s’en rapprochent aussi nettement. Une grande entreprise de restauration de ces trois monuments fut lancée dans les années 1950 sous la direction de Lauer, puis de Leclant. Deux sarcophages furent retrouvés. L’un en basalte gris fait pour Teti, l’autre en granite fait pour Merenrê, celui de Pepi I ayant été détruit. Par contre dans la fosse creusée à côté de chaque sarcophage, on a retrouvé dans celle de Pepi I le coffret aux vases canopes contenant les viscères du roi. Dans le temple funéraire de Teti, l’on découvrit un masque en plâtre, peut-être le masque mortuaire de ce Pharaon sans que cette hypothèse puisse être validée.
Comme nous l’avons vu un peu plus haut, les pyramides des reines de Pepi I sont l’attention de patientes recherches. Voir Egyptologie
Pepi II est le dernier roi de la dynastie VI et son règne, d’une exceptionnelle durée, marque la fin de l’Ancien Empire. Sa pyramide est plus imposante que celles de ses prédécesseurs immédiats : 51 m de haut et 77 m de côté. Elle fut fouillée par Jéquier qui trouva dans la chambre funéraire des fragments de vases en albâtre brisés. La chaussée montante qui relie le Temple de la Vallée au Temple funéraire de la pyramide ressemble à celle d’Ounas dans la mesure où elle présente les mêmes déviations mais, au contraire de celle d’Ounas, très peu de vestiges des bas-reliefs la décorant sont parvenus jusqu’à nous. Le peu qui a subsisté s’inspire des mêmes thèmes que l’avenue de Sahourê à savoir des illustrations de Pharaon victorieux foulant ses ennemis captifs.
On a souvent parlé pour justifier la construction de pyramides de moins en moins imposantes, d’un déclin de l’architecture. Pourtant les dernières pyramides des dynasties V et VI sont, techniquement, parfaitement exécutées. Leurs proportions, même si elles ne peuvent rivaliser par la taille avec celles de Guizeh, offrent une harmonie et un équilibre parfaits. Si l’Ancien Empire amorce une longue descente aux enfers, c’est bien plus en raison de la décadence des structures de l’Etat qui contrôle de plus en plus difficilement les nomarques de province désireux d’acquérir une autonomie propre.
Le règne de Pepi II fut d’une longueur exceptionnelle et à la fin des travaux de son complexe funéraire, le pays se retrouva dans une période d’improductivité relativement longue. La foi religieuse qui unissait Pharaon et son peuple dans une même idéologie et qui se matérialisait pas l’édification de son tombeau ne trouvait plus sa raison d’exister. Le rôle unificateur et mobilisateur tenu pas la construction de la pyramide tout au long de son élaboration n’était pas négligeable. Privé de ce lien actif, déprimé par le règne interminable d’un Pharaon sénile, témoin de la cassure entre l’Etat et les nomes, le peuple, entre autres raisons développées dans l'histoire de l'Ancien Empire, perdait peu à peu son identité et ses repères.
Mais, à proximité de ces pyramides royales, se trouvent aussi les monuments les plus représentatifs de cette époque, les mastabas des nobles et hauts dignitaires venus chercher à l’ombre de la royale personne de Pharaon, une parcelle d’immortalité. Si l’architecture royale évolue très rapidement vers la pyramide, celle des fonctionnaires reste semblable à elle-même dans sa conception même si certaines améliorations techniques, telles que l’emploi de la pierre qui remplace la brique crue, est apportée. L’intérêt des mastabas de cette époque réside dans les reliefs qui ornent les parois des différentes pièces. On y trouve des illustrations de la vie quotidienne qui nous renseignent très précisément sur les conditions de vie des Egyptiens de l’Ancien Empire.
Une petite visite s’impose dès lors au cœur de ces tombeaux aux images vivantes et colorées dont le répertoire dessine avec bonheur la vie du défunt dans l’au-delà.







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