La fin de la dynastie V voit se perdre l’usage, pour chaque roi, de construire un temple solaire. Cela ne signifie nullement l’abandon de la religion solaire. Même si cela ne transparaît pas dans certains de leurs noms (Ounas, Teti, Pepi), Pharaon demeure toujours
Fils de Rê. Sous le règne du roi Ounas puis sous celui de ses successeurs de la dynastie VI, une nouvelle conception de la religion osirienne se fait jour et l’on assiste peu à peu à la croyance d’un au-delà chtonien.
Ounas est le dernier roi de la dynastie V. Il quitte le site d’Abousir de ses proches ancêtres pour revernir à Saqqarah Nord tout près du complexe funéraire de Djeser
La pyramide
La pyramide de Ounas nommée
Belles sont les places d’Ounas est bien loin de rivaliser dans ses proportions avec ses consœurs des dynasties IV et V. Elle s’élève modestement à 19 m de haut et ses côtés ne dépassent pas les 66 m de long. C’est à l’intérieur même du tombeau qu’il faut rechercher l’originalité du monument car de nombreuses innovations y apparaissent. Ce fut
Maspero qui, le premier, y pénétra en 1881. L’entrée s’effectuait côté Nord comme il était d’usage, non plus sur la face de la pyramide mais sous le pavement. Après avoir franchi les trois herses de pierre qui protègent l’accès vers la chambre funéraire royale, on arrive dans une antichambre carrée couverte d’un toit à deux pentes. Sur la droite de cette pièce, à l’Ouest, la chambre funéraire renfermait un très beau sarcophage de pierre rectangulaire, intact mais vidé de son précieux contenu. Sur la gauche, à l’Est, une autre chambre s’ouvrait, dotée de trois niches à statues.
Mais l’innovation majeure qui caractérise cette enfilade de chambres sont les longues colonnes de textes qui tapissent entièrement les murs de l’antichambre et de la chambre funéraire. Ces hiéroglyphes gravés appelés
Textes des pyramides (voir
Espérance et Résurrection) sont le plus ancien corpus religieux de l’humanité. Nous les retrouverons dans les pyramides de Teti, Pepi I, Ibi (peut-être successeur de Pepi II) et Merenrê et même dans trois pyramides de reines, les Grandes Epouses Royales de Pepi II.
Disposés en colonnes verticales, ces
hiéroglyphes peints en bleu-vert rassemblent les formules magiques ou rituelles destinées à assurer à
Pharaon l'immortalité d'une vie heureuse dans l’au-delà. Les textes se présentent comme une suite d’incantations, de prières, de normes à adopter dans l’au-delà et ne sont pas dénuées d’une certaine poésie. Le roi peut se transformer en oiseau, en étoile, autant d’apparences qui lui permettent d’assurer sa résurrection. En outre, ces textes sont dotés d’une puissante force magique car la présence même du mot écrit procurait au défunt la réalisation du souhait exprimé. Ainsi, de nombreux textes reproduisent les paroles que les prêtres devaient réciter dans le temple funéraire au moment même de leurs offrandes alimentaires : Pharaon s’assure ainsi d’une éventuelle incurie de la part de prêtres négligents.
D’autres textes l’aident à accomplir son voyage dans l’au-delà du ciel, d’autres encore sont des prières destinées à le protéger des animaux monstrueux des ténèbres. L’incohérence de ces textes assemblés sans ordre apparent peut frapper au prime abord et il est vrai que l’on recherche encore l’ordre de lecture qui leur rendrait leur unité. Un énorme travail reste encore à faire pour tenter de retrouver, salle par salle et en tenant compte de leur emplacement, la pensée initiale des hommes qui ont écrit ces paroles magiques.
On a cru pendant très longtemps que les Textes des Pyramides étaient réservés à l’usage exclusif de Pharaon. Dans les années 1930, Gustave Jéquier remit en cause cette certitude en mettant en évidence, tout autour de la pyramide de Pepi II, trois tombes de reines ornées elles aussi de ce privilège royal. Depuis, la Mission française de Saqqarah dirigée par A. Labrousse tente de vérifier si ce prestigieux privilège n’a pu être accordé à des reines antérieures, notamment celles de Pepi I, les tombes des reines de Ounas et Teti n’ayant révélé aucun texte de cet ordre. Voir
Egyptologie.
Sur la face Sud de la pyramide, on a retrouvé une inscription de Khaemouaset, l’un des fils de
Ramsès II, actif mécène et restaurateur des monuments ancestraux, inscription vantant le plaisir qu’il éprouva à remettre en état ce monument.
La rampe d’accès à la pyramide et le temple funéraire
La chaussée montante qui mène à la pyramide est remarquablement bien conservée. Fouillée dans les années 1937-1938 par Selim Bey Hassan, elle mesure près de 685 mètres de long et change deux fois de direction probablement à fin d’utiliser au mieux les irrégularités du terrain. Les murs s’élevaient peut-être à quatre mètres de haut et soutenaient un toit constitué de dalles épaisses parsemées de petites fentes laissant passer la lumière du jour. Le plafond intérieur d’un beau bleu était constellé de petites étoiles dorées. Les parois intérieures de l’avenue étaient décorées de magnifiques bas-reliefs peints aux couleurs vives qui ont gardé encore de nos jours une partie de leur éclat.
Ces illustrations sont variées et fort instructives : ici, l’on décrit le transport des colonnes palmiformes depuis Assouan, là on montre des artisans au travail ou des paysans oeuvrant dans les champs, tandis que des scènes de chasse mettent en scène des girafes, des léopards et bien d’autres animaux. La scène la plus étonnante et malheureusement incomplète traite d’un épisode douloureux, celui de la famine, sans que l’on sache encore si les faméliques personnages dessinés sont des Egyptiens ou des étrangers .Le temple funéraire fouillé successivement par Barsanti en 1900 et Firth en 1929 ressemble à celui de Sahourê à l’exception du pavement non plus fait en basalte mais en albâtre.