L’enceinte
On pénètre dans le complexe après avoir franchi un mur d’enceinte qui mesure 544 x 277 m et près de 11 m de haut. Sa structure imite celle des murailles et alterne saillies et redans, alternance que l’on retrouve dans les mastabas depuis les plus anciennes dynasties. Quatorze bastions plus imposants que les autres dévoilent une fausse porte à deux battants fermée. La véritable entrée se situe à l’angle Sud de la face Est du mur d’enceinte. Réplique du palais royal, ce mur d’enceinte en pierre recouvert de calcaire de
Tourah a pu imiter aussi les célèbres murailles blanches de la ville de
Memphis, construites par le Pharaon Mènes en briques crues peintes en blanc.
L’entrée
L’entrée est située à l’angle Sud-Est du mur d’enceinte. Elle se prolonge par un portique de 54 m de long dont la couverture imitant sur sa face interne des rondins de bois est portée par une galerie de quarante colonnes à demi-engagées, appelées colonnes fasciculées, évoquant symboliquement par leur forme stylisée des gerbes de roseaux. A l’extrémité Ouest de la colonnade une salle transversale présente, elle aussi, un plafond imitant des rondins de bois soutenu par huit colonnes fasciculées. J’emploie ici le présent car, grâce au minutieux et patient travail d’anastylose de J.P. Lauer, l’on peut admirer cet ensemble tel qu’il a pu s’offrir au regard des Egyptiens antiques.
A l’entrée de cette colonnade, en 1924, Firth découvrit, enfoui dans les sables, un socle de statue où l’on put lire le nom du Pharaon Djeser associé à celui de son architecte, Imhotep. Les nombreux titres donnés à ce génial inventeur et qui dépassent de beaucoup ceux gravés sur ce même socle à l’intention de son Pharaon, prouvent l’importance qu’on lui accordait non seulement à l’époque qui nous intéresse mais aussi durant les nombreux siècles qui suivirent.
Le tombeau Sud et la chapelle, la frise aux cobras
Face à la colonnade d’entrée, dans l’angle Sud-Ouest de la cour Sud, un bâtiment rectangulaire orné d’une frise de cobras symbolisant la Basse-Egypte (frise elle aussi reconstituée par J.P. Lauer) servait de chapelle au tombeau Sud adossé au mur d‘enceinte.
Ce tombeau Sud offre de grandes similitudes avec le tombeau de la pyramide à degrés. Il fut exploré conjointement par Firth et Lauer dans les années 1927-1928. Au terme de la première année consacrée au creusement et au déblaiement qui mirent à jour un puits, les explorateurs atteignirent la chambre funéraire qui, trop petite pour contenir le corps d’un homme, a pu, en toute hypothèse, abriter les vases canopes. Malheureusement, elle était vide et ne révélait aucune trace d’inhumation. Poursuivant leur exploration, ils atteignirent, enfin, une première salle oblongue recouverte de faïences bleues dont la plus grande partie était tombée à terre, puis une seconde salle décorée de trois stèles fausses portes dont l’une représentait le Pharaon Djeser accomplissant la course rituelle du Heb-Sed. Ils venaient de découvrir le cénotaphe du roi, tombeau destiné au ka du roi, la pyramide quant à elle, devant abriter la momie royale.
De plus, grâce à la patience de deux jeunes femmes, les épouses de Lauer et de Firth, les panneaux de faïences bleues effondrés dans le tombeau Sud furent reconstitués. Ramenés à la surface, les carreaux, lavés par leurs soins attentifs, retrouvèrent leur éclat d’origine et furent remis en place à plus de trente mètres sous terre.
Cour de la course rituelle
La grande cour Sud qui prend place entre la pyramide et le tombeau Sud présente deux éléments appelés autels en B et qui ont été interprétés comme les symboles des limites méridionale et septentrionale du pays entres lesquelles Pharaon effectuait la course rituelle du jubilé.
Cour du heb-sed
Par un étroit passage, l’on accède vers l’Est à la cour du
heb-sed. Cette surface et les constructions qui l’entouraient, une succession de chapelles à façades arrondies, étaient destinées à la fête du jubilé célébrée symboliquement pour le renouvellement des millions de fois dans l’au-delà du pouvoir royal. Imhotep a construit là un décor entièrement factice qui devait permettre au ka royal de trouver son chemin dans l’autre monde. Après les funérailles, il ne se déroulait plus aucune cérémonie dans ce lieu qui devenait un domaine purement symbolique.
La Maison du Nord et la Maison du Sud
Ces deux grands bâtiments au toit bombé se situent dans le prolongement de la cour du Heb-sed, au pied Est de la pyramide. Leur valeur symbolique ne semble pas faire de doute. La Maison Sud représenterait la Haute-Egypte dont le sanctuaire était Hiéraconpolis tandis que la Maison Nord représenterait la Basse- Egypte dont le sanctuaire était Bouto. La décoration respective des cours qui s’étendent devant chaque Maison, le lis pour la Haute Egypte et le papyrus pour la Basse-Egypte ont tendance à en apporter la preuve. Leur caractère est purement symbolique, ce sont les salles du trône du
Delta et de la Vallée. Dans chacune d’elles une niche devait contenir la statue de Djeser en manteau de jubilé. Dans la première il portait la couronne de Haute-Egypte et celle de la Basse-Egypte dans la seconde. (Lauer)
La pyramide
Elle se présente comme une superposition de six gradins s'élevant jusqu'à une hauteur initiale de 61,20 m environ (hauteur actuelle environ 58,80 m). La base mesure à peu près 123,30 m d’Est en Ouest et 107,40 m du Nord au Sud. Initialement le projet se présentait sous la forme d’un mastaba de base carrée qui, une fois achevé, fut agrandi sur les quatre côtés. Mais ce nouvel ouvrage inférieur de 60 cm au mastaba premier lui donnait déjà l’aspect d’un mastaba à degrés. On l’agrandit sur le côté Est seulement ce qui lui procura une forme oblongue orienté d’Est en Ouest. Ce mastaba fut encore agrandi de chaque côté pour aboutir à un premier projet d’une pyramide à quatre degrés. Cet idée ne fut pas poursuivie et fut abandonnée au profit d’une pyramide plus vaste à six degrés recouverte d’un parement en calcaire de Tourah.
Un puits de 28 m s’enfonçant dans le sol conduit aux souterrains qui forment un dédale de galeries où l’on trouve la chambre funéraire du roi revêtue de gros blocs de granit rose d’Assouan. Bien longtemps après Djeser, sous la dynastie XXVI, les Saïtes, désireux de vider ce puits central, construisirent un plafond de bois dont les poutres de soutènement finirent par s’effondrer et endommagèrent le bouchon de granit qui servait à l’obturation du tombeau. La chambre mortuaire, à l’issue des funérailles royales, avait été en effet obturée par le haut au moyen d’un gros bloc de granit resté suspendu dans l’antichambre, antichambre dont il ne subsiste, malheureusement, aucune trace. La chambre funéraire est entourée d’un réseau de galeries dont les parois sont décorées de faïences bleues. Les salles et les couloirs qui composent ce petit labyrinthe imitent, par leur architecture et leur mobilier, le palais du roi. Les petits carreaux de faïence bleue qui tapissent les murs évoquent les nattes murales du palais royal. Sous l’égide de Lacau et de Lauer, un panneau fut reconstitué dans son état d’origine et déposé au musée du Caire. Haut de 181 cm et large de 203 cm, le haut du panneau présente un cintre formé de piliers djed, symboles de pérennité.
Sur la face Est du tombeau, un réseau de onze puits étaient destinés à l’inhumation de la famille royale. Les cinq galeries correspondantes aux cinq puits les plus au Nord livrèrent plusieurs sarcophages dont l’un abritait un enfant. Les six galeries du Sud étaient encombrées d’un matériel funéraire incroyable, quelque quarante mille récipients de pierre dont de nombreux vases datant des dynasties I et II. La pyramide fut visitée par de nombreux explorateurs.
Un des premiers en date fut le général prussien Minuloti qui, en 1821, s’attarda sur des objets découverts par Valeriani dont un crâne et des sandales dorées. Ces reliques expédiées en Prusse n’arrivèrent jamais à bon port puisque le navire qui les transportait fit naufrage. Lauer, le talentueux mécène de Saqqarah qui consacra son existence entière à la patiente reconstitution du site découvrit, au hasard d’une descente au cœur de l’ouvrage, un pied momifié. Scientifiquement étudié par le Professeur Derry au musée du Caire, on peut avancer que ce reste momifié appartient probablement au Pharaon Djeser.
Le temple funéraire
Contrairement à la tradition qui commandait l’emplacement du temple funéraire à l’Est de la pyramide, celui de Djeser fut accolé à la face Nord du tombeau. On y pénétrait par une porte tracée dans le mur Est du temple. La structure de ce temple laisse à penser qu’il est la représentation du palais royal de Memphis. Les éléments architecturaux qui le composent se présentent par paire, probablement dans le but d’accomplir des célébrations rituelles en l’honneur de la Haute et de la Basse Egypte.
Le serdab
Cette petite chapelle (
serdab) accolée, elle aussi, à la face Nord de la pyramide, tout près du temple funéraire, abritait, à l’origine la statue de Djeser. Deux petits trous situés à la hauteur des yeux permettaient à Pharaon de suivre le culte qui se déroulait en son honneur dans la cour du temple funéraire. La statue initiale découverte en 1925 est actuellement conservée au musée du Caire et l’on a déposé à sa place un moulage de la statue représentant le roi assis sur un trône. L’original est la première statue en ronde-bosse représentant un roi égyptien grandeur nature. Pharaon est enveloppé dans le manteau de fête-sed et il est coiffé d’une perruque recouverte du nemes. Sur le devant du trône est mentionné le nom de Pharaon.
La cour du Nord
L’espace compris entre la pyramide et l’enceinte Nord n’a probablement jamais été achevé.