"L’homme y passe
à travers des forêts de symboles
qui l’observent avec des regards familiers"
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la pyramide et le temple solaire d'Ouserkaf
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mastabas de l'Ancien Empire
LA PYRAMIDE DE CHEPSESKAF
Chepseskaf, fils de Mykérinos est le dernier représentant de la dynastie IV qui va s’éteindre au moment même où il rejoindra son père divin dans les cieux. Sa montée sur le trône ne fut pas de tout repos et l’on suppose quelque confusion inhérente à la mort brutale et prématurée de son père Mykérinos. Toujours est-il qu’il innova à son tour dans la recherche d’un site propice à l’édification de son tombeau. Il choisit le site de Saqqarah-Sud encore vierge de toute construction à 5 km de Guizeh. Au loin, toujours plus au Sud, il pouvait apercevoir les pyramides de Meïdoum et de Dachour de son glorieux ancêtre, le roi Snéfrou.
Chepseskaf rompit avec la tradition non seulement dans le choix du lieu de construction de son tombeau mais il innova aussi dans la forme même qu’il voulut donner à celui-ci. De plus, il se dégagea, dans son nom et dans ses titres, d’une quelconque association avec le dieu . Ses prédécesseurs avaient en effet inclus dans leur titulature respective le nom divin tel Didoufri (Djerefrê), Kephren (Kafrê) ou Mykérinos (Menkaourê). Bien sûr, il faut se garder de conclure trop rapidement quant à l’éventualité d’une opposition ou d’une rupture de Pharaon avec le clergé d’Héliopolis. Son successeur Ouserkaf n’inclura par le nom de Rê à sa titulature royale et pourtant il fut le premier à construire un temple solaire, symbole de la puissance héliopolitaine. La prudence s’impose et il vaut mieux voir dans l’aspect original de son tombeau les effets bien involontaires du décès prématuré de Chepseskaf dont le règne n’excéda pas, selon certains, quatre années.
La preuve de son attachement au culte de ses ancêtres et qui tend à démontrer qu’il n’imposa pas une soi-disante rupture tant religieuse que politique peut être apportée, entre autres, par le soin qu’il mit à achever le complexe funéraire de Mykérinos, attention parachevée par une stèle commémorative dans le temple funéraire paternel, stèle édifiée en l’an 2 de son règne en la présence du roi lui-même. Initialement attribué au Pharaon Ounas (dynastie V) dans les années 1858 par Mariette, le Mastabat Faraoun retrouva son véritable propriétaire grâce à Gustave Jéquier qui le fouilla en 1924 et rendit à Chepseskaf ce qui appartenait à Chepseskaf.
Mastabat Faraoun
Le tombeau
Le nom égyptien du curieux tombeau était Qebehou-Chepseskaf, Chepseskaf est rafraîchi. Il se présentait sous la forme d’un immense sarcophage rectangulaire long de 100 m, large de 75 m et haut de 18 m. A l’origine recouvert de calcaire fin, seul le noyau en calcaire est visible de nos jours. Et l’on a vu dans cette forme étrange la fin de la croyance solaire, impression renforcée par l’absence de Rê dans le nom royal. Pourtant si l’on observe bien l’agencement intérieur du tombeau il ne fait pas de doute que le projet initial était bien celui d’une pyramide. On y retrouve toutes les caractéristiques propres à l’infrastructure d’un tel monument : descenderie, vestibule, couloir horizontal, antichambre, chambre funéraire et serdab. De plus les documents viennent accréditer cette hypothèse puisque dans les annales de Pharaon on peut lire gravés sur la pierre les mots suivants : choisir l’emplacement de la pyramide Qebehou-Chepseskaf. Et l’on peut raisonnablement penser que des circonstances fortuites, indépendantes de la volonté royale aient entraîné des modifications du plan initial.
La dynastie IV fut le cœur incomparable d’une architecture démesurée qui prit toute son ampleur sous Khéops pour s’achever progressivement à la fin du règne de Chepseskaf. Les architectes, les ouvriers de cette fabuleuse époque n’eurent de cesse d’améliorer, de perfectionner l’art de la taille des pierres aux dimensions considérables. Dans le domaine de la statuaire, l’art de la sculpture fit un prodigieux bond en avant et l’on estime, par exemple, la production réunie des trois pyramides de Guizeh à quelque cinq cents statues.
Avec la dynastie V s’ouvre une période consacrée au culte grandissant du dieu Rê en l’honneur duquel un nouveau type de construction verra le jour, celui des temples solaires. Bienheureux les premiers Pharaons de cette divine dynastie, engendrés d’après la légende du papyrus Westcar par le grand dieu Rê en personne !
LA PYRAMIDE ET LE TEMPLE SOLAIRE D OUSERKAF
Ouserkaf est le premier Pharaon de la nouvelle dynastie qui se met en place, la dynastie V. Son règne fut relativement court et, outre l’édification d’une pyramide classique, il inaugure un nouveau type de construction, le temple solaire, réplique de celui d’Héliopolis, ville sainte dont se réclameront les souverains de cette nouvelle dynastie. Les origines de cette lignée sont consignées au sein d’un papyrus conservé à Berlin, le fameux papyrus Westcar, mettant en scène des Pharaons anciens tels que Snéfrou, Khéops, Didoufri, Kephren etc, et expliquant, sur le ton de la légende, la naissance des nouveaux Pharaons Ouserkaf, Sahourê, Neferirkarê, tous frères, fils de Rê et de l’épouse d’un des grands prêtres. Voir Littérature.
La pyramide
Ouserkaf renoue avec la tradition et construit son complexe pyramidal à Saqqarah. Pures sont les places d’Ouserkaf côtoie ainsi la pyramide à degrés de l’illustre Djeser. A l’origine elle s’élevait à 43 m de haut et il est à signaler que toutes les pyramides à venir n’atteindront plus jamais les mesures « pharaoniques » de leurs aînées de la dynastie IV. On y retrouve cependant les éléments classiques d’une telle construction et, patiemment, entre 1948 et 1955, Lauer étudiera les éléments constitutifs de celle d’Ouserkaf.
Sur la face Est de la pyramide, seul le sanctuaire du Temple funéraire a été bâti, le reste du Temple se trouvant sur la face Sud du tombeau. Ce choix inhabituel peut s’expliquer probablement par le fait que le terrain à cet endroit s’élève anormalement empêchant une construction plus ambitieuse ou aussi par l’existence de tombes plus anciennes.
Le Temple funéraire sur la face Sud proposait une entrée près de l’angle sud-Est de la pyramide et se composait de deux chambres suivies d’une cour bordée de colonnes sur trois de ses côtés. C’est au cœur de ce temple que C. Firth a découvert une colossale tête statue d’Ouserkaf de 70 cm environ conservée au musée du Caire.
La pyramide d’Ouserkaf a subi les outrages du temps et malgré une restauration entreprise par le prince Khaemouaset, fils de Ramses II, il reste bien peu de vestiges de ce tombeau.
Pyramide d'Ouserkaf
Le temple solaire
Le temple solaire d’Ouserkaf situé à Abou Gorab est bien mal conservé et l’on s’en réfère à celui de son successeur Niouserrê pour en comprendre l’agencement. Exploré en partie par Borchardt au début du XIXème siècle, il fut fouillé plus précisément dans les années 1955.
Nous avons vu dans Pharaon, Fils de Rê, Maître du monde, que les souverains de la dynastie V adoptèrent le titre de Fils de Rê, le dieu d’Héliopolis. Les temples solaires qu’il édifièrent en l’honneur de celui-ci ne sont pas des complexes funéraires même si leur structure s’en rapproche sous certains aspects. On y célébrait le déclin du soleil jusqu’à l’Occident. Construit sur le modèle du temple solaire d’Héliopolis, il se déchiffre comme suit, tel qu’on a pu le définir grâce au temple de Niouserrê :
Un Temple de la vallée ou Temple bas, accessible en barque, puis une chaussée montante qui mène au Temple funéraire. Cette avenue était couverte et éclairée grâce à des ouvertures pratiquées dans la toiture. Le Temple funéraire était accessible par une porte monumentale dont les murs, probablement inclinés vers l’intérieur, préfiguraient les futurs pylônes du Nouvel Empire. A l’intérieur de l’enceinte du Temple, une cour pavée au fond de laquelle se trouvait l’élément principal, l’obélisque solaire, symbole du dieu solaire, monolithe de pierre qui s’appuyait sur un socle évoquant une pyramide tronquée. Au pied de l’obélisque un autel en albâtre servait de support pour les sacrifices. L’obélisque de Niouserrê s’élevait à 36 m de hauteur sur un socle de près de 16 m. Revêtu de dalles de calcaire son sommet était fait de blocs de granit peut-être plaqués de cuivre. Dans la zone délimitée par le mur d ‘enceinte, on trouvait des magasins et des cours où l’on immolait des animaux .
Dans le sanctuaire du Temple solaire fut retrouvée une tête de statue en schiste représentant le roi Ouserkaf portant la couronne rouge de Basse-Egypte.
Les temples de la dynastie V, dont celui de Niouserrê, offraient un abondant décor de bas-reliefs peints évoquant avec une admirable richesse des scènes d’une très grande variété : faune, flore, dieux des nomes, scènes agraires, cérémonies jubilaires etc. Ces scènes visibles tant sur les murs de l’avenue couverte que sur les murs entourant le Temple pouvaient être admirées grâce à la lumière habilement diffusée par des ouvertures pratiquées dans la toiture tandis que d’autres ne pouvaient être lues qu’à la faveur des flambeaux.
Grâce à des inscriptions, l’on sait aujourd’hui que cinq pharaons de la dynastie V élevèrent des temples solaires. Seulement deux ont pu être mis à jour, ceux d’Ouserkaf et Niouserrê.
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