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à travers des forêts de symboles
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mastabas de l'Ancien Empire
LA PYRAMIDE DE SEKHEMKHET
Sekhemkhet est le successeur de Djeser (voir Ancien Empire). La pyramide qui lui est attribuée se trouve, elle aussi, dans l’antique nécropole de Saqqarah. Voir carte de la nécropole de Saqqarah. Située non loin du complexe funéraire de son illustre prédécesseur, elle s’en inspire beaucoup sans pour autant atteindre le haut degré de perfection de la première pyramide à degrés.
Des fouilles furent entreprises dans les années cinquante par Zakaria Goneim, fouilles interrompues par le service des Antiquités égyptiennes.
La base de la pyramide devait mesurer 120 m2 et, si elle avait été achevée, elle aurait pu atteindre une hauteur de 70 m. De nos jours, les vestiges de la superstructure ne dépassent pas les 7 m. Tout comme pour le complexe de Djeser, un mur d’enceinte entourait la pyramide et les édifices annexes mais, lui aussi, ne fut pas achevé, probablement en raison de la mort du souverain. Bâti selon le modèle de Djeser, il présente bastions et redans ainsi que les mêmes simulacres de fausses portes à deux battants fermées.
Dans la chambre funéraire, un sarcophage en albâtre, apparemment encore scellé mais malheureusement vide, sur lequel avait été déposée une couronne présentait l’originalité d’avoir un couvercle muni à l’une de ses extrémités d’un panneau à glissière qui pouvait être déplacé à l’aide d’une corde. Tout au fond du puits, les explorateurs découvrirent une collection de bijoux en or datant de la dynastie III ainsi qu’une série de 62 papyrus écrits en démotique.
Pyramide de Sekhemkhet. Coupe vers l’Ouest. D’après Goneim
LA PYRAMYDE A TRANCHES DE KHABA
A dix kilomètres au Nord de Saqqarah, sur le site de Zaouiêt el-Aryân, s’élève une autre pyramide à degrés, très érodée, datant probablement de la dynastie III. Appelée aussi pyramide à tranches, l’absence de sarcophage et de mobilier funéraire laissent à penser qu’elle ne fut jamais achevée. Le propriétaire de cette pyramide serait Khaba, souverain ayant régné après Djeser, attribution généralement admise après la découverte d’objets en albâtre par Reisner dans des mastabas de la dynastie III situés au Nord de la pyramide. Le côté de la superstructure dont il ne reste que les assises inférieures mesure 83 m et il est à peu près certain que l’ouvrage aurait supporté six à sept étages s’il avait été achevé.
Pyramide à tranches de Khaba. Coupe vers l'Ouest. D'après Reisner
LES PYRAMIDES DE SNEFROU
Pyramide de Meïdoum
La pyramide de Meïdoum peut être considérée comme le maillon intermédiaire entre la pyramide à degrés et la pyramide à faces lisses.Certains égyptologues affirment que la pyramide de Meïdoum serait l’œuvre du Pharaon Houni terminée par son successeur Snéfrou. Cependant, rien n’atteste sur les lieux la présence de Houni tandis que des graffiti datant du Nouvel Empire mentionnent clairement le beau monument de Snéfrou. D’autre part, des mastabas destinés à la famille royale avaient été construits à proximité de la pyramide royale ce qui laisse croire que Snéfrou avait choisi d’être inhumé dans ce tombeau et de faire de ce site la nécropole royale.
La structure de Meïdoum est très originale : initialement, la pyramide aurait dû avoir sept degrés, puis un agrandissement sur les côtés l’aurait transformée en pyramide à huit degrés recouverte, beaucoup plus tard, d’un revêtement lisse. Tout cela n’est que suggestion et le doute subsiste encore. Le temple funéraire est implanté à l’Est de la pyramide, simple sanctuaire qui abritait une table d’offrandes et deux stèles anépigraphes représentant le roi. C’est là que furent découverts les fameux graffiti du Nouvel Empire. La chambre sépulcrale dont l’accès est situé sur la face Nord, ne se trouve plus au fond d’un puits comme dans la pyramide de Djeser mais au dessus du niveau du sol
Certains chercheurs ont expliqué l’actuel aspect de la pyramide comme la conséquence d’un effondrement, théorie qui semble bien hasardeuse. D’autres ont proposé de la considérer comme un temple solaire, certaines analogies avec le temple solaire de Niouserrê pourraient en effet le laisser croire. A suivre…
Les raisons qui poussèrent Snéfrou à abandonner, au cours de la quinzième année de son règne, le site de Meïdoum pour aller construire une nouvelle résidence à Dachour sont encore très floues. Peut-être désirait-il se rapprocher du Delta afin de mieux le contrôler. Peut-être aussi, en raison d’une idéologie religieuse en pleine mutation, aurait-il choisi ce nouveau site, réceptacle d’une pyramide à faces lisses, symbole plus probant des rayons solaires.
Pyramide de Meïdoum. Coupe vers l’Ouest. D’après Borchardt
Pyramide de Dachour Sud
Il ne fait pas de doute que cette pyramide, tout comme sa petite sœur de Dachour Nord, située à quelque quarante kilomètres au Nord de Meïdoum ait été l’œuvre de Snéfrou. En 1904, non loin du site en question, on découvrit un décret de Pepi I (dynastie VI) octroyant privilège et protection aux prêtres s’occupant du culte de Snéfrou dans deux pyramides, logiquement les deux édifices de Dachour.
Prévue initialement comme une pyramide à pentes lisses, le projet ne put finalement pas aboutir à une forme géométrique pure. L’œuvre royale est parvenue jusqu’à nous sous la forme d’une curieuse construction appelée pyramide rhomboïdale. A mi chemin de la construction, l’angle de sa pente passe de 54°31’ à 43°21’, curieuse inclinaison qui peut s’expliquer par une construction hâtive ou quelques problèmes techniques rencontrés en cours de réalisation. Chaque côté mesure environ 185 m et sa hauteur a dû atteindre, à l’origine, les 100 m. Photo
Sa structure si caractéristique est la preuve que la passage de la pyramide à degrés vers la pyramide lisse et parfaite n’allait pas forcément de soi et qu’il fallut beaucoup de tâtonnements, d’ingéniosité, de réflexion et d’audace pour effectuer le grand saut.
Intérieurement, la pyramide comporte deux entrées. L’une au Nord s’enfonce dans le sol sur 72 m, long couloir descendant qui mène à un palier surmonté d’une voûte en encorbellement montant à près 12 m de haut. Puis l’on trouve la première des deux chambres surmontée elle aussi d’une voûte de 17 m. Une autre entrée située sur le côté Ouest de la pyramide mène à la deuxième chambre funéraire.
Sur la face Est de la pyramide, l’on découvrit un petit sanctuaire pourvu d’une table d’offrandes et de deux stèles au nom de Snéfrou. Un temple découvert par Fakhry en 1951-1952, au nord-est de la pyramide, désigné à tort selon l’avis de certains chercheurs comme le temple de la Vallée ou temple bas, pourrait bien être le temple funéraire constitué d’un hall d’entrée, d’une cour, d’un couloir et de six chapelles, le sanctuaire étant construit sur la face Est de la pyramide.
Au cours de la construction des fissures apparurent dans les chambres et les couloirs, que l’on crut pouvoir réparer dans un premier temps. C’est ainsi que l’on modifia l’angle d’inclinaison de l’édifice mais en vain, Snéfrou dut se résoudre à abandonner l’ouvrage.

Pyramide de Dachour Sud. Coupe vers l’Est et coupe vers le Sud. D’après H. Vyse.
Pyramide de Dachour Nord
Conjointement à l’édification d’une nouvelle pyramide, Snéfrou achevait la pyramide de Meïdoum et lui donnait son aspect définitif pyramidal.
Pour cette nouvelle et troisième pyramide, le site fut soigneusement choisi (en effet, l’instabilité du terrain de Dachour Sud a pu être un des facteurs d’abandon) à deux kilomètres au Nord de la pyramide rhomboïdale. L’angle d’inclinaison fut modifié pour atteindre 43°36’ et la hauteur d’origine est estimée à 103 m.
Elle est appelée pyramide rouge en raison de la couleur de la pierre employée, un grès calcaire rougi par l’oxyde de fer qu’il contient. La méthode employée pour l‘édification de cette pyramide a changé. En effet, il était d’usage pour les pyramides à degrés d’utiliser la méthode des tranches indépendantes à lits déversés. La technique se transforme pour la pyramide à face lisse : les lits de pierres sont horizontaux.
Il est à noter que seule la pyramide de Meïdoum présente les deux techniques de maçonnerie : la pyramide à degrés est à lits déversés tandis que la deuxième partie de l’ouvrage en forme de pyramide lisse présente des lits horizontaux. La lecture de ces techniques de mise en place des pierres pourrait bien apporter quelque lumière quant à la chronologie de tous ces évènements. A suivre...
Pyramide de Dachour Nord. Coupe vers l’Ouest. D’après Vyse
Pyramide de Meïdoum : coupe montrant la construction de la pyramide à degrés en lits déversés tandis que ceux de la pyramide à faces lisses sont horizontaux.
La chambre funéraire de la pyramide rouge est imposante et techniquement, parfaite. Elle mesure 8,35 m de long et près de 15 m de haut. Sa voûte en tas de charge, d’une grande perfection rivalise avec sa grande sœur de Guizeh, la pyramide de Khéops, tant par sa majesté que par sa perfection technique. Photo Des pilleurs de tombes très mal intentionnés ont, à l’époque moderne, dévasté cette chambre en éventrant le plancher et en brûlant tout le matériel funéraire.
Sur le côté Est de l’ouvrage, le pyramidion qui recouvrait à l’origine la cime de la pyramide, sûrement en électrum, a été retrouvé en très mauvais état. Il fut soigneusement restauré et c’est le seul pyramidion de l'Ancien Empire qui nous soit ainsi parvenu en cet état de conservation.
Nous voici donc avec trois pyramides pour un seul et unique Pharaon. Mais laquelle est son tombeau ? Pour l’instant rien ne permet encore de le préciser même si les restes d’un corps embaumé ont été trouvés dans la pyramide rouge. Reste à prouver qu’il s’agit bien là de la momie de Snéfrou.
Quoiqu’il en soit le culte de Snéfrou fut bien maintenu au moins dans deux pyramides jusqu’au Moyen Empire. A la fin de la dynastie V, la pyramide de Meïdoum était aussi active que le complexe de Dachour. Certains égyptologues regrettent cette image de monarque instable et d’humeur changeante dont on accable le bon roi Snéfrou et remettent en cause les allégations selon lesquelles la pyramide rhomboïdale aurait souffert d’instabilité et de défauts de construction. Elle est toujours là pour nous prouver le contraire. Où faut-il aller chercher alors la vérité ? Peut-être que Dachour Sud, en raison d’un important appareillage de protection (herses) aurait pu abriter la dépouille de Snéfrou, l’aspect même de l’ouvrage symbolisant peut-être le ben-ben des origines lui permettant l’accès aux cieux. La pyramide rouge à pentes lisses serait alors l’instrument qui faciliterait son retour sur terre. (Théorie de Vassel Drossev).
Toujours est-il que ce long règne de Snéfrou apporta à la technique des pyramides les immenses progrès qui lui manquaient. C’est ainsi que Khéops, fils et successeur de Snéfrou put disposer de tous les atouts nécessaires pour réaliser la plus grande œuvre architectonique de tous les temps.
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