
Dans les pages précédentes (voir
Univers des pyramides) nous avons tenté de comprendre comment ces édifices spectaculaires avaient pu être conçus puis construits et nous avons fait un petit tour non exhaustif des méthodes possibles qui avaient présidé à leur édification. Etudions maintenant les nombreux mystères qui planent sur l’infrastructure de la pyramide de Khéops et tentons de lever le voile sur certaines affirmations, aujourd’hui remises en cause.
L’entrée (1)
L’entrée se situe sur la face Nord de la pyramide à près de 17 m du sol.
Première descenderie et chambre souterraine (3) (2)

Un
long couloir (3) descendant s’enfonce dans le corps de la pyramide puis dans le sol et, 103 m plus loin, on aboutit à une
première chambre (2) a priori inachevée. Supposons, et nous verrons plus loin que cette théorie est largement remise en cause, un abandon du projet en raison, peut-être d’une impossibilité d'y faire accéder le sarcophage royal par une descenderie trop étroite.
Couloir ascendant et chambre intermédiaire (au départ du 3) (5)
A 18 m de l’entrée de la pyramide
(3), dans ce même couloir descendant, une bifurcation a été opérée qui mène, grâce à un couloir ascendant long de près de 38 m, puis à un couloir horizontal à une chambre appelée improprement par les Arabes
Chambre de la Reine (5). Située à mi-chemin entre la face Nord et la face Sud, son plafond s’élève à une hauteur de 6,75 m. Une niche était prévue, probablement pour y placer la statue du
ka du roi. De nombreux indices portent à croire que cette chambre intermédiaire, elle aussi, n’a pas été achevée. Nous confirmerons ou infirmerons cette hypothèse plus loin On pense qu’elle n’a jamais contenu de sarcophage et il faut signaler la présence de deux petits conduits qui s’enfoncent, l’un dans le mur Nord, l’autre dans le mur Sud et qui, contrairement aux conduits de la chambre du Roi, n’aboutissent pas à la surface du monument.
La Grande Galerie et la Chambre du Roi (4) (6)
Nous voilà en présence de deux œuvres architecturales d’une grande complexité et de toute beauté.
La Grande Galerie
(4) est longue de 46 m et sa voûte en encorbellement est l’un des chefs d’œuvre de la prodigieuse technique égyptienne. Chacune des sept assises qui la compose est décalée de 9 cm vers l’intérieur et compte tenu de la masse énorme qui pèse au-dessus d’elle, sa réalisation est d’une perfection rarement atteinte.
La Chambre du Roi
(6) est exceptionnellement grande pour une chambre funéraire : 10,50 m de long, 5,20 m de large et 5,80 de hauteur. De plus, elle est construite entièrement en granit, pierre qui n’avait encore jamais été utilisée dans les pyramides précédentes. Sa position, presque au cœur de la pyramide, à une cinquantaine de mètres au-dessus du sol, devait sûrement revêtir une valeur symbolique et permettre à Pharaon de monter au ciel. Cinq chambres de décharge soutenues par des dalles pesant près de 40 tonnes absorbent la pression et l’on a retrouvé, gravés sur les parois de ces chambres, des graffiti mentionnant le nom de Kheops. Quatre de ces chambres présentent un toit plat tandis que la dernière offre un toit pointu. Tout comme pour la Grande Galerie, la prouesse architecturale atteinte ici dans le but d’éviter tout risque d’effondrement est colossale et a tenu son rôle à la perfection.
Si la construction des pyramides relève d’un exploit sans précédent, la construction de ces chambres de décharge n’en est pas moins spectaculaire compte tenu, là aussi, du poids des blocs de pierre utilisés variant entre 40 et 70 tonnes.

Tout comme dans la Chambre de la Reine, des
couloirs factices (7) mènent vers les faces méridionale et septentrionale de la pyramide jusqu’à la surface de celle-ci. La question reste de savoir si ces conduits avaient une vocation religieuse, permettre à Pharaon de rejoindre les étoiles correspondantes, Sirius et Orion ou simplement technique, permettre l’aération de la Chambre.
Dans cette chambre, le sarcophage de granit du roi fut retrouvé, vide, le couvercle et la momie royale n’ayant jamais été retrouvés.
On a très longtemps assimilé la construction successive des deux premières chambres, la chambre souterraine, la Chambre de la Reine, à des abandons de projet qui auraient abouti, finalement, à la Chambre du Roi, chambre définitive. Certains chercheurs en quête de mysticisme ont même affirmé que ces trois chambres recelaient les trésors du savoir.
Ce serait bien méconnaître les architectes de génie qui auraient ainsi conçu cet édifice unique avec autant de perfection mais sans en avoir, au préalable, réfléchi l’agencement intérieur. Peut-être faut-il chercher une éventuelle réponse dans le domaine religieux qui présidait à cette époque. Nous avons vu dans
Mythes et Légendes que les Egyptiens étaient passés maîtres dans l’art d’assimiler plusieurs conceptions, à priori contradictoires mais, en fait, complémentaires. La conception chtonienne du début des temps historiques qui plaçait l’Au-delà dans les profondeurs de la Terre a probablement déterminé la présence de la chambre souterraine. La montée d’une théologie solaire dès le règne de Snéfrou aurait alors suggéré la construction des deux autres chambres. D’ailleurs, aucun système de protection (herses) n’a été encore découvert dans les deux premières chambres, le seul connu étant celui protégeant la Chambre du Roi à vocation réellement funéraire. De grands chercheurs tels Vassil Dobrev ou Maragioglio ne pensent pas que ces trois salles aient répondu à des projets successifs :
" le système de chambres et de galeries construites dans le massif de la pyramide appartient à un seul et même projet."
L’île mystérieuse
"… à cela s’ajouteraient sur la colline où s’élèvent les pyramides, les chambres souterraines qu’il fit construire sur une île pour y être enseveli car il amena le Nil par un fossé…maçonné où l’on dit que Khéops est enseveli…" Hérodote II.
Cette île mystérieuse et sa prétendue localisation sous la Grande Pyramide a fait bouillonner bien des imaginations. A 250 m de la pyramide de Khéops, sous la chaussée du Pharaon Kephren, l’égyptologue égyptien Zahi Hawass a fouillé plus profondément un puits découvert au début du XXème siècle. A quelque 30 m de profondeur, une grande salle inondée par les eaux souterraines de la nappe phréatique a révélé la présence d’un sarcophage en granit. Cependant, rien n’indique que ce tombeau soit celui de Khéops,
Hérodote ayant été informé de la présence de cette île de Khéops dans un texte relatif à la pyramide Kephren.