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![]() La pyramide est le symbole le plus frappant de l’architecture égyptienne. Elle nous semble si familière et si parfaitement intégrée au paysage égyptien que l’on ne voit en elle, très souvent, qu’une prouesse architectonique hors du commun compte-tenu de ses imposantes proportions et des moyens techniques de l’époque qui ont présidé à sa construction. N’oublions pas que la pyramide est avant toute chose le tombeau royal, le sépulcre fastueux et à priori inviolable de Pharaon. Mais comment en est-on arrivé à cette forme parfaite ? ![]() A l’époque préhistorique, les tombes primitives étaient de simples fosses creusées dans le sol et souvent recouvertes d’un tertre de terre afin de protéger le corps du défunt des attaques des animaux sauvages. Progressivement, l’égyptien antique acquit la certitude d’une survie après la mort d’où la nécessité de protéger le corps physique, support des éléments constitutifs de l’homme, en pratiquant les rites de la momification et en protégeant la momie dans des tombeaux souterrains comportant plusieurs chambres destinées à recevoir le sarcophage et les provisions funéraires. (Voir Espérance et Résurrection) Dès le début de l’ère dynastique, tout du moins pour les rois et les nobles, ces tombes initialement recouvertes de terre, se structurèrent pour offrir l’aspect extérieur de véritables maisons comportant sur la façade orientée vers le Nil une fausse porte que l’âme vagabonde du défunt pouvait franchir à son gré. Ces tombeaux construits dans un premier temps en brique crue (période thinite, dynasties I, II) puis, peu à peu, en pierre (dynastie III) furent appelés à l’époque moderne mastabas, mot arabe signifiant banc, par ressemblance, une fois recouverts par les sables, aux bancs de pierre placés devant les maisons arabes. Simulacres de palais pour le roi ou de maison pour les nobles, ces mastabas étaient compris comme de véritables maisons d’éternité. Au contraire des maisons des vivants construites en matériaux périssables et appelées à être rebâties souvent, le tombeau devait durer pour toujours afin d’offrir au défunt et à sa momie les conditions parfaites de survie éternelle. C’est pourquoi l’on rechercha très tôt un matériau fait pour durer, en l’occurrence la pierre largement disponible en Egypte tant en quantité qu’en qualité. ![]() Cette disposition évoluera quelque peu au fil du temps. La salle de la superstructure pourra être flanquée de nombreuses autres salles richement décorées de scènes de la vie quotidienne. Une de ces salles appelée serdab, inaccessible aux vivants, abritait la statue du défunt qui pouvait regarder à l’extérieur par une étroite fente pratiquée dans le mur. Sous les dynasties II et III, les superstructures des mastabas furent transformées en un massif de blocaille plein recouvert de briques. Les magasins et autres salles furent alors dirigés vers la partie souterraine de la tombe. On peut expliquer ce transfert par le souci de protéger un matériel funéraire de plus en riche, source de convoitise pour les pillards et autres voleurs ![]() Un des plus anciens mastabas qui nous soit parvenu est celui du roi Aha (dynastie I). Il était composé d’une substructure peu profonde (1,35 m de profondeur) qui abritait vraisemblablement la momie et tous les biens qui avaient appartenu au défunt, et d’une superstructure en brique aux murs à pilastres et à redans. D’une superficie considérable, elle comprenait 27 chambres destinées à recevoir tout le matériel indispensable à la survie du roi dans l’au-delà. Voir sur la Photo ci-dessous le mastaba de Ti à Saqqarah particulièrement apprécié pour la beauté de ses reliefs. 1. vestibule d'entrée 2. premier serdab 3. cour 4. chapelle des offrandes 5. chapelle 6. deuxième serdab A partir de la dynastie III, le mastaba royal qui se veut toujours plus beau et plus fastueux va évoluer vers une forme plus élaborée en accord avec une certaine idéologie religieuse qui veut établir un lien indéfectible entre le roi-dieu et le Soleil. D’où l’idée de cette forme élancée vers le ciel à degrés dans un premier temps puis à faces planes : la pyramide. |
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![]() ![]() Malgré le haut degré de technicité que nous avons atteint aujourd’hui, malgré la somme de connaissances mathématiques que nous avons à notre disposition, comment expliquer qu’un travail a priori impossible pour cette époque donnée ait pu devenir réalité ? Comment éclaircir le mystère des pyramides, comment répondre à toutes les questions qui fusent lorsque, debout au pied de la Grande Pyramide, notre regard vacillant se perd vers la cime lointaine et quasi inaccessible de ce fabuleux escalier ? ![]() Par quel moyen surhumain près de trois millions de cubes de pierre, du poids de trois tonnes chacun ont-ils été apportés des carrières proches ou lointaines, installés et élevés jusqu’à une hauteur proche de 146 mètres à une époque où l’on ne connaissait ni la roue, ni le treuil, ni la poulie ? Il nous faut, pour tenter de comprendre, remettre en place les acteurs de cette merveilleuse aventure, dresser les décors et nous laisser emporter par l’idéologie fabuleuse qui transcenda les hommes des Deux-Terres et leur permit de dépasser les limites du concevable ![]() C’est aussi le moment de se faire engager sur les grands chantiers des pyramides, de répondre à l’appel de la corvée lancé dans tout le Double-Pays afin de prêter main forte à tous les permanents qui œuvrent sur le vaste projet. En outre, les activités parallèles à ce chantier (extraction de la pierre, transport, déplacement des ouvriers) stimulent le développement économique du pays assimilant la construction des pyramides à une politique efficace de grands travaux publics. ![]() Puis, il ajoute : " Ma pyramide portera le nom qui proclamera au monde éternellement et pour toujours : Khéops est celui qui appartient à l’Horizon." Extrait Le secret des bâtisseurs des grandes pyramides. G. Goyon Bien avant les ouvriers et les maîtres d’œuvre, ce sont les prêtres qui ont travaillé sur les ordres de Pharaon. Leur grand savoir a permis d’orienter parfaitement l’édifice dont les faces regardent exactement les quatre points cardinaux. Les astronomes vont déterminer le nord vrai en visant la Polaire, étoile fixe qui va les guider dans leurs mesures. Peu de textes égyptiens nous donnent des renseignements sur les moyens employés pour orienter les édifices, les témoignages sont souvent d'époque tardive et se rapportent aux cérémonies couvertes par Pharaon lors de la fondation d'un temple. Le roi traçait la ligne des quatre murs après avoir observé la Grande Ourse, il était secondé par un représentant du dieu Thot et avait à sa disposition un instrument appelé merkhet, l’instrument du savoir, l’indicateur. "J’ai saisi le jalon et le manche du maillet en tenant la corde quand vint la déesse Sefhket-Aboui. J’ai observé le mouvement des étoiles et j’ai concentré mon attention sur la Constellation de la Cuisse. J’ai passé le temps à observer à l’aide du merkhet. J’ai déterminé les coins de mon temple." (Trad. Lexa) ![]() Les dieux eux-mêmes étaient présents sur les lieux : la déesse Séchat était présente aux côtés du roi lorsqu’il a fallu tendre le cordeau et la pyramide était placée sous la protection d’un dieu désigné par l’astrologue : " Je prends le piquet et je tiens le manche du maillet. Je tiens la corde avec Sechat." Texte du temple d’Edfou Puis, mathématiciens, géologues, géomètres vont définir l’endroit le plus approprié pour construire la demeure d’éternité royale. L’espace choisi et qui doit accueillir le monument est aplani. Parfois, un noyau rocheux a été laissé en place, il est le cœur de pierre sur lequel viendra se blottir la pyramide. La pyramide obéit à des impératifs tant funéraires que religieux. Il est donc logique qu’elle soit placée sous la direction des grands prêtres religieux du moment, ceux de Ptah et de Memphis, par exemple, pour la pyramide de Khéops. L’architecte royal, le medeh, entre en scène. Son rôle est de fixer les grandes étapes du projet et de coordonner toutes les énergies. Il étudie le projet, dessine les plans, fixe l’ordonnancement intérieur de l’ouvrage, définit le temple funéraire, la chaussée montante, l’emplacement du port fluvial qui permettra de faire transiter les matériaux. Les maîtres d’œuvre sont secondés dans leur tâche par des chefs de travaux qui réglent l’ordinaire du chantier et s’occupent des expéditions entreprises pour aller chercher les matériaux nécessaires. ![]() ![]() Le chantier que nous avons sous les yeux grouille d’une foule affairée et parfaitement au courant de la tâche qui lui est impartie. La pyramide n’est pas la seule en cause : une édifiante infrastructure a dû être mise en place : construction d’un canal de dérivation, d’un port, d’une route d’accès à la pyramide, d’ateliers divers sans compter toutes les expéditions qui sont lancées afin de réunir les matériaux indispensables : la pierre, bien sûr, mais aussi le bois, l’or, l’argent. Tous ces moyens mis en œuvre pèsent lourd sur l’économie et sont autant de tâches qui s’ajoutent au projet royal. Mais ils sont indispensables. Ils serviront à acheminer jusqu’au pied de la pyramide les tonnes de pierre venues de Tourah, d’Assouan ou du Fayoum. Et justement, comment ces mégalithes seront-ils portés jusqu’à la pyramide et, surtout, par quel moyen quasi miraculeux seront-ils hissés jusqu’en haut de l’ouvrage. Mystère et boule de gomme serions-nous tentés de dire, mais raisonnons un peu |
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![]() Une fois arrivées à destination, et une fois la première assise en place, comment hisser les autres pierres aux niveaux supérieurs ? C’est là tout l’épineux et très controversé mystère de la construction des pyramides. A notre tour, étudions les différentes méthodes proposées et place à la logique ! De nombreuses théories ont fleuri sur ce sujet, certaines mettant en œuvre des technique de levage : sur chaque gradin, un système de poutres et de cordes, sorte de machines à balancier nommées chadoufs, ancêtres de la grue, auraient permis de soulever les blocs de degré en degré. Voir le témoignage d’Hérodote. Cette théorie est réfutée par bon nombre de chercheurs dans la mesure où aucun témoignage archéologique ne vient, selon eux, cautionner l’hypothèse. Il est communément admis que cette technique de machines faites de pièces de bois dont parle l'historien grec fait référence aux traîneaux utilisés pour le déplacement des blocs et non à des instruments d'élévation. Voir photo ci-dessous d'une machine à contre-poids D’autre part, certaines techniques faisant appel à des machines n’ont pas résisté à la logique de nos archéologues. Je citerai donc pour information, les procédés suivants : l’ascenseur oscillant, le procédé par suspension de Croon et de Strub-Roesslern, la technique de la chèvre ou de la sapine, autant de procédés qui n’ont pu faire leurs preuves et que l'on peut rejeter en raison de leur inévitable instabilité. |
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![]() Mais si le concept de la rampe semble attesté, encore faut-il se mettre d’accord sur le type de rampe utilisé. En ce qui concerne la pyramide à degrés, le procédé qui semble le plus unanimement admis est celui d’Uvo Hölscher : le plan incliné latéral. Chaque gradin sert de plate-forme sur laquelle est construite une rampe, une sur chaque face, quatre au total, et qui servent à hisser progressivement les pierres jusqu’au sommet. Cependant cette méthode semble exclusivement réservée à la construction des pyramides à degrés (Djeser) compte tenu du problème soulevé, pour les pyramides à pentes lisses, par la pose du revêtement extérieur. Il faut savoir, afin de mieux comprendre toutes les hypothèses envisagées, que la pyramide à faces lisses cache sous son parement extérieur, une structure interne faite de degrés superposés les uns sur les autres tels qu’ils peuvent apparaître en clair sur la pyramide de Saqqarah du roi Djeser. Comment se présente alors la rampe sur ce type de pyramide ? |
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![]() On a pu envisager la construction d’une rampe circulant autour de l’édifice. Surélevée en même temps que le monument, la pyramide ressemblait, une fois les ouvriers arrivés au sommet à une énorme montagne de briques crues. Cette méthode présentait l’avantage de permettre, au moment de démonter ce gigantesque échafaudage, le ravalement du haut vers le bas de l’édifice, opération finale qui allait lui donner son aspect définitif, lisse et parfait. C’est la méthode préconisée par N.F. Wheeler et retenue par G. Goyon. Outre la commodité du ravalement par le sommet, cette technique résout, selon ses partisans, de nombreux soucis : très peu d’encombrement sur le chantier, sécurité optimale pour les ouvriers, pente légère et rapide suivant la progression de l’édifice et ne subissant aucune modification (au contraire des pentes perpendiculaires à l’édifice), procédé économique et conforme au témoignage des auteurs tels Hérodote, Diodore, Pline. Pourtant, cette théorie ne fait pas l’unanimité, certains la jugeant trop peu commode. Cette méthode a été expérimentée en 1951 par T.B Pittman pour le Musée de Boston et a abouti à l’élaboration d’une maquette représentant la pyramide de Mykérinos. Inspirée du concept de Wheeler, elle s’en éloignait cependant par le fait qu’une rampe partait en zigzag de chaque angle de l’édifice, autour des quatre faces. Cette méthode a, elle aussi, ses détracteurs qui lui préfèrent la méthode du plan incliné perpendiculaire. Voir photo rampe hélicoïdale admise par la majorité des spécialistes. |
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![]() Reste, donc, l’hypothèse d’un plan incliné perpendiculaire à l’une des faces de la pyramide. Il possède l’avantage de permettre la circulation d’un grand nombre d’ouvriers grâce à l ‘aménagement d’une chape de terre autour de l’édifice. Un fois le sommet atteint, le pyramidion est posé sur la cime du sépulcre. Deux problèmes cependant : au fur et à mesure de l’élévation de la pyramide, à chaque assise nouvelle, la rampe était à la fois élevée et, surtout, allongée afin de conserver une inclinaison raisonnable. Selon les opposants à cette méthode, cette rampe aurait demandé beaucoup de temps et de place disponible pour sa construction, chantier à lui seul presque aussi imposant que la pyramide. Et, enfin, placée contre une seule face de l’édifice, comment résoudre le problème du ravalement final ? Ainsi les pyramides n’ont-elles pas livré encore tous leurs secrets ! Peut-être pourrions-nous envisager la conciliation de toutes ces hypothèses : rampe développée jusqu’à mi-hauteur de l’édifice et relais pris par des monte-charges à contrepoids ? Il est certain, en tout cas, que les techniques de construction furent différentes selon les édifices et leurs dimensions. |
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![]() "Quant à la manière dont ils ont procédé, malgré des siècles d’hypothèses et de conjectures, le mystère demeure entier. L’égyptologue Audran Labrousse qui travaille depuis des années sur les pyramides de Pepi à Saqqarah, a dit un jour cette chose très juste : Même si demain on trouvait une méthode qui permette de construire les pyramides, cela ne voudrait en rien dire que c’est cette méthode qu’employèrent les Egyptiens car aujourd’hui nous n’avons aucun élément qui nous en apporterait la preuve. » |
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![]() le temple funéraire qui repose à ses pieds le temple en aval sur la rive du canal ou Temple de la Vallée la longue rampe galerie qui relie les deux temples. Actuellement, c’est grâce à la pyramide de Khephren que l’on arrive à reconstituer au mieux les caractéristiques du complexe funéraire qui entrait en fonction au moment des funérailles du souverain. Dès la mort du Roi, son corps était rapidement transporté jusqu’au Temple de la Vallée dit Temple bas. C’est là que s’effectuaient les rites de l’embaumement et les purifications d’usage. Puis, au jour choisi des funérailles, la momie devenue pure et couverte des amulettes propitiatoires entreprenait son voyage vers la pyramide en empruntant, à l’abri des regards profanes, la longue galerie, la chaussée montante dont le toit laissait filtrer un peu de divine lumière. C’est ce chemin qu’emprunteront régulièrement les prêtres du ka pour entretenir le souvenir de Pharaon par les offrandes et les prières. |
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![]() Enfin, il est important de souligner la présence au pied de presque toutes les pyramides, de barques royales qui avaient pu servir à Pharaon de son vivant et qu’il emportait avec lui dans l’Au-delà. Déjà, les mastabas de l’époque thinite avaient adopté cette coutume. Comme le dieu Rê qui se déplaçait sur sa barque céleste, celle du jour et celle de la nuit, il était naturel que Pharaon disposât, lui-aussi d’un tel équipage. Inexorablement, le bel élan qui avait soufflé sur l’esprit des pyramides s’est éteint à la fin de l’Ancien Empire. Témoignages formidables et extraordinaires d’un peuple exceptionnel, les pyramides ont traversé les âges, ont résisté au temps qui passe mais, plus jamais, une telle expérience n’a pu voir le jour. Malgré les efforts des architectes qui ont eu à coeur de protéger par d'ingénieux systèmes la demeure d'éternité de leur Pharaon, pillages, profanation et dégradations malheureuses ont endommagé ces amulettes magiques et ont, peut-être, participé encore plus à leur mutilation que les outrages du temps. A nous de conserver ce patrimoine essentiel qui témoigne du prodige et du génie humains. Avis aux amoureux des mathématiques, aux amateurs de migraine et à ceux qui aiment traquer la petite bête, je leur propose de se retrouver ici, à la recherche du nombre d'or. Les Egyptiens étaient de très fins astronomes, mais aussi de brillants mathématiciens. En voici un exemple : La grande pyramide, par l'inclinaison de ses faces, obéit au nombre d'or. Dans la demi-section médiane on trouve entre l'apothème a, la hauteur h, le demi-côté c, la relation a que divise h égale h que divise c, la valeur commune de cette proportion étant 1,272. Il s'ensuit que le rapport de l'apothème au demi-côté est 1,272 x 1,272 = 1,618... le nombre d'or. L'inclinaison des faces est donc de 51°83. Le rapport 1,272 de la hauteur au demi-côté fut matérialisé par les géomètres égyptiens par le rapport des nombres 14 et 11. Si vous avez tout compris, vous pouvez passer sans problème aux pages suivantes. |
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