STRUCTURES FONDAMENTALES
La première période historique égyptienne, celle où l’on commence à parler de dynastie est appelée période thinite du nom de la ville de This près d’
Abydos et qui semble être le fief des premiers
Pharaons. This fut la plus ancienne capitale de l'Egypte dynastique. Sa localisation exacte est encore incertaine. Cette lointaine période, riche d’apports nouveaux, est relativement mal connue. Elle demeure cependant la période charnière qui instaura, et ce pour toute la durée de l’Histoire pharaonique, les structures fondamentales égyptiennes tant sur le plan administratif que royal, religieux et architectural.
Institution royale
Dès l’aube historique, toute la société reposait sur
Pharaon. Glorieux unificateur des deux pôles du pays, il devint
Celui qui appartient au roseau et l’abeille, le roseau étant l’emblème de
Haute-Egypte (Sud) et l’abeille celui de
Basse-Egypte (Nord). Cette attribution lui valut le droit de coiffer les deux
couronnes, la Blanche du Sud et la Rouge du Nord et, pour confirmer la jonction des Deux Terres, ces deux couronnes furent réunies en une seule, le Pschent. Pour parfaire cette harmonie, chacune des deux couronnes était placée sous la bienveillance de deux déesses tutélaires,
Nekhbet, déesse vautour du Sud, et
Outo, déesse cobra du Nord. Protégé par l’action de ces deux divinités, Pharaon fondait ainsi sa royauté sur le droit religieux. Mais la légitimité de Pharaon puisait ses sources dans des racines encore plus divinement célestes : celles qui avaient fait d’
Horus, fils d’
Isis et d’
Osiris, l’héritier de droit de la terre de son père trahi, assassiné et enfin
ressuscité. Descendant d’Horus, Pharaon avait non seulement reçu son pouvoir du dieu vainqueur, mais il en était la réincarnation terrestre. Devenu dieu lui-même, son royaume était la copie de celui d’Horus et, par conséquent, la dualité de la terre d’Egypte s’inscrivait dans ce double reflet. Le protocole royal se mit ainsi lentement en place. Il sera enrichi d’apports nouveaux au fil de l’évolution de la conception de la royauté. Voir
Pharaon, fils de Rê, Maître du Monde
Organisation sociale
Si
Pharaon était considéré comme chef unique de son peuple et de sa terre, si son ascendance divine ne faisait aucun doute, ses capacités physiques si extraordinaires qu’elles fussent ne pouvaient lui procurer le don d’ubiquité. C’est pourquoi, dès les origines, il s’appuya sur une
administration extrêmement bien structurée, organisée et contrôlée. Vizir, indispensables scribes, fonctionnaires de tous ordres gravitaient autour de la toute puissante personne de Pharaon, soit dans le Palais Royal, centre du gouvernement, soit par délégation politique dans les provinces, les
nomes, soit par délégation religieuse dans les temples. Cet effort de centralisation ne se fit pas sans heurt et sans débordement (notamment dans le Delta). Gestion de l’eau, évaluation des récoltes, exploitation des richesses minières, recensement, imposition, rien n’échappait au contrôle royal. La perte de cette omnipotence dans les moments de désagrégement interne, autorité habilement récupérée par quelques nomarques ambitieux précipitera la royauté affaiblie dans des périodes de troubles et de division comme ce sera le triste cas à la fin de l’
Ancien Empire.
Architecture
Dans le domaine de l’architecture civile, la construction du Palais royal à Memphis devait répondre aux exigences royales et politiques de la souveraine fonction. Les tombeaux de cette époque, considérés comme les images décalquées de la maison des vivants, ainsi que les peintures des sarcophages des dynasties IV et V peuvent donner une idée de ce que pouvait être le Palais royal : un parallélépipède offrant une succession de saillies et de redans. Les matériaux utilisés, briques, pisé, bois, roseaux trop perméables à l’usure du temps n’ont laissé aucune trace, les détails ne nous étant connus que par l’étude des édifices funéraires. Sommet de la ville et du pays, siège de toutes les grandes décisions, le Palais se devait aussi de répondre à toutes les exigences administratives (locaux destinés aux finances, à l’armée, à la justice, archives, etc.) cérémonielles et familiales (salle du trône, d’audience, harem, etc.)
Dans le domaine de l’architecture religieuse, une volonté manifeste de perdurer vers l’éternité a incité les artistes égyptiens à concevoir, très progressivement, une architecture en pierre, matériau durable et inaltérable. Le souci de protéger les tombeaux des incursions des voleurs, le désir d’offrir au roi et aux dieux une demeure parfaite pour l’éternité ont conduit à faire progresser considérablement les techniques de la construction.
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Vie spirituelle
L’idéologie religieuse qui souffle sur la terre d’Egypte inspire l’architecte, anime la main habile de l’artiste dont les œuvres doivent être éternelles.
Dans le même esprit, deux cérémonies capitales seront élaborées pour
Pharaon :
l’intronisation royale durant laquelle Pharaon coiffe la
couronne Blanche, puis la couronne Rouge, réunit le Double-Pays et, enfin, accomplit symboliquement une course autour du mur de la capitale.
l’institution du heb-sed, sorte de jubilé trentenaire qui permet à Pharaon de prouver sa vigueur et son aptitude à régner sur son peuple. On a pu voir dans cette coutume une manière de renouveler la puissance royale. En tant que protecteur des Deux-Terres et garant de l'intégralité de la terre reçue par les dieux, il était essentiel que Pharaon fût en excellente santé physique et le prouve concrètement aux yeux de tous.
Dans les foyers religieux, dans les temples d’Héliopolis, de Memphis, des cosmogonies complexes mais patiemment élaborées se dessinent à force de tâtonnements et de réflexion. L’ingénieux système
hiéroglyphique d’une extrême richesse permet à la bureaucratie rapidement tentaculaire de donner le meilleur d’elle-même et de coordonner les différents rouages de l’
économie égyptienne.
Bien d’autres aspects de la millénaire Egypte sont activement élaborés, inventés durant l’ère thinite. Les nouveautés fusent, la pensée explose, les esprits sont en ébullition, le génie des artistes et des artisans s'épanouit dans la moindre des créations, la marmite égyptienne donne le meilleur d’elle-même. Quand s’achève cette géniale période, l’Ancien Empire des pyramides est prêt pour concrétiser ce foisonnement d’idées novatrices dont la finalité ultime est d’assurer à Pharaon, garant de l'Ordre Universel, une vie éternelle