Le moteur politique : l’idéologie royale
Le moteur économique : l’administration étatique
Le pouvoir révélé : les pyramides
L’Ancien Empire et le monde extérieur
Dynastie III
Dynastie IV
Dynastie V
Dynastie VI
Dynasties VII et VIII
L’histoire des Pharaons de l’Ancien Empire est encore bien mal connue et ce,
malgré les sources relativement importantes qui sont à la disposition des historiens.
Le tableau d’ensemble brossé un peu plus haut donne une vue des éléments politiques et sociaux mis en place
mais l’étude des rois dans l’ordre strict de leur apparition au pouvoir reste encore à fixer.
C’est pourquoi il faut user de prudence et prendre certaines informations comme des hypothèses à vérifier sous le couvert de découvertes archéologiques futures.
DYNASTIE III
Nebka/Sanakht (2647/2628)
Il serait le premier Pharaon de la dynastie III. Suite aux fouilles et découvertes menées du début du XXème siècle jusqu’en 1996 (fouilles de Garstang en 1900, fouilles de Firth en 1925 et fouilles de Dreyer en 1996), Sanakht et Djeser auraient été les deux fils du dernier roi de la période thinite Khasekhemouy et de la reine Nimaâtapis mère des enfants du roi. Deux stèles au nom de Sanakht ont été découvertes dans le wadi Maghara (musée du Caire et British museum) et des sceaux à son nom ont été trouvés dans le complexe de Djeser. Sur l’un de ces sceaux, l’on peut deviner les traces du signe hiéroglyphique ka qui pourrait autoriser l’assimilation de Sanakht à Nebka cité sur le canon de Turin. Les ruines d’un complexe funéraire qui aurait pu appartenir à Sanakht/Nebka ont été mises à jour près d’Abou Roach mais rien ne permet encore de confirmer complètement cette information.
Djeser
(vers 2690/264070/2620) (2628/2609)

Djeser est le second roi de la dynastie III et serait donc le frère de Nebka et le fils de Khasekhemouy. Il est surtout connu pour l’impressionnant édifice construit sur le plateau de Saqqarah par un architecte de génie, Imhotep : une pyramide à degrés qui domine un immense ensemble constitué d’édifices factices. De dimensions inouïes pour l’époque, ce superbe complexe funéraire est la première architecture réalisée en pierre de taille, matériau qui avait été utilisé auparavant de manière très ponctuelle. D’autre part, Djeser et Imhotep inaugurent un style nouveau qui révolutionne l’aspect des tombeaux royaux, celui de la pyramide, pyramide à degrés d’abord puis à faces planes, dont le gigantisme atteindra ses limites sous Khéops.
Imhotep, vizir et architecte royal, mais aussi illustre sage et médecin, fit preuve d’une audace hors du commun dans l’élaboration des plans du tombeau de son roi. Sa renommée fut telle, qu’à l’époque tardive il fut déifié et les Grecs l’assimilèrent à Esculape. Vous trouverez dans le plan Arts et Monuments tous les détails relatifs à cette fabuleuse construction.
Quelques grands traits sont cependant à retenir : Résidence éternelle de Djeser, le complexe funéraire reproduit symboliquement le Palais de Pharaon à Memphis. Tous les éléments sont placés à l’intérieur d’une enceinte dont les murs reproduisent les murs du Palais royal. Mais cet ensemble n’est pas dédié au roi, il est dédié à son ka, principe vital et composante de la personnalité humaine (voir Espérance et Résurrection). Les édifices qui sont tous des simulacres sont destinés à son heb-sed, cérémonie destinée à renouveler son pouvoir royal dans l’au-delà. Toute cette architecture aux décors symboliques avait été érigée pour l’âme de Pharaon et comme le dit Lauer, elles (les fausses portes) ne pouvaient fonctionner qu’au commandement du ka royal.
Deux vestiges de Djeser ont été retrouvés : l’un par Firth qui, dégageant un tas de sable, mit à jour une statue du roi en calcaire peint encore en place dans le serdab (musée du Caire). L’autre, toujours par Firth, est un socle de statue découvert aux abords de la colonnade d’entrée dont la valeur archéologique et historique est indéniable : à côté du propre nom de Djeser, Horus Neteri-khet, apparaît le nom sculpté de son célèbre architecte Imhotep.
La tradition conserve de Djeser le souvenir d’un Pharaon bon, juste et ingénieux. C’est en tout cas ce que raconte la Stèle de la Famine datant de l’époque ptolémaïque et située dans la région d’Assouan sur l’île de Sehel : sous le règne de Djeser, une cruelle sécheresse sévissait sur l’Egypte depuis sept ans. Sur les conseils du sage Imhotep, Djeser entreprit des recherches dans les bibliothèques des temples et découvrit que le dieu Khnoum était l’instigateur des crues du Nil. Il rendit alors hommage à ce dieu qui libéra les flots nourriciers. En remerciement, Pharaon attribua à Khnoum la région d’Eléphantine.
Vous trouverez des renseignements complémentaires sur Djeser, Imhotep, Lauer et Saqqarah dans la plan Arts et Monuments.

Khâba
(2603/2597)

Le règne de Khaba fut encore plus obscur que celui de ses prédécesseurs. On a retrouvé son nom inscrit sur quelques vases de pierre trouvés par Reisner dans des mastabas de la dynastie III. Mais cela ne justifie en rien la preuve de son règne durant cette dynastie car il arrivait souvent que l’on plaçât des objets inscrits au nom d’anciens rois dans des tombeaux édifiés par leurs successeurs. On pourrait lui attribuer, sous certaines réserves, la pyramide à degrés de Zaoutiêt el-Aryân dont quelques grands traits permettent de la comparer à la pyramide de Sekhemkhet. On ne retrouva ni sarcophage ni mobilier funéraire : n’aurait-elle jamais été occupée, les travaux n’ayant jamais abouti ou bien aurait-elle subi l’assaut des voleurs antiques ?
Houni
(vers 2663/2613
2639/2589) (2597/2573)

Houni est le dernier souverain de la dynastie III. Sa tombe n’est toujours pas clairement identifiée. En effet, on a longtemps attribué à ce Pharaon la pyramide à degrés de Meïdoum à l’aspect si particulier (voir plan Arts et Monuments). Pyramide qui aurait été achevée par son fils Snéfrou, premier roi de la dynastie IV, et qui aurait tenté de lui donner l’aspect d’une pyramide à faces planes. On semble aujourd’hui douter du bien fondé de cette attribution de Meïdoum à Houni. Il serait plus probable, suite aux regroupements de plusieurs investigations, d’attribuer la paternité de cette pyramide à Snéfrou, son fils. Mais les interrogations subsisteront tant qu’une preuve archéologique irréfutable ne sera pas mise à jour. Voir Snéfrou.
Par contre, toute une série de petites pyramides édifiées du Delta à Eléphantine seraient l’œuvre de Houni désirant ainsi marquer sa présence du Nord au Sud de l’Egypte. Une stèle conservée au musée du Louvre représente l’Horus Qahedjet, identifiable mais sans assurance aucune à Houni.
Sekhemkhet
(vers 2670/2620 – 2663/2613) (2609/2603)

Sekhemkhet serait le fils et successeur de Djeser. Il édifia, comme son père, une vaste pyramide à degrés entourée d’un mur d’enceinte dans la nécropole de Saqqarah. Ce souverain est relativement mal connu et, en dehors de son tombeau, il ne nous reste de lui que trois représentations en relief dans un rocher du wadi Maghara et injustement attribuées à Semerkhet, sixième roi de la dynastie I. Son règne fut très court, à peine six ans, ce qui explique l’inachèvement des travaux entrepris pour son compte. On a pu déceler une certaine ressemblance entre l’œuvre de Sekhemkhet et celle de Djeser : le mur d’enceinte présente des redans et des bastions ayant des dimensions similaires et, si les travaux avaient été achevés, il est probable que l’on aurait trouvé le système des simulacres de portes à deux battants fermés. Dans la chambre funéraire, les fouilles mirent à jour un sarcophage fermé sur lequel avait été déposée une couronne. Malheureusement, il était vide. Par contre, l’on retrouva quelques bijoux et objets précieux datant de la dynastie III.
DYNASTIE IV
Snéfrou
( vers 2639/2589 – 2604/2554) (2573/2549)

Snéfrou, successeur de Houni, inaugure la dynastie IV. Il est fortement probable que sa mère soit Meresankh, épouse ou concubine de Houni.
Mais, une fois encore, les avis divergent. En effet, la venue sur le trône d’Egypte du roi Snéfrou est mentionnée dans l’une des plus anciennes sagesses de l’Egypte antique, Les Instructions adressées à Kagemmi et à ses frères. L’auteur ne fait aucune mention d’un lien de parenté entre Houni et Snéfrou. Il est clair, pour les partisans de cette thèse, que si ce lien avait existé, l’auteur n’aurait pas manqué de le spécifier. Quoiqu’il en soit, cela pourrait expliquer la naissance d’une nouvelle dynastie. De prochaines découvertes archéologiques éclaireront peut-être ce sujet d’un jour nouveau. A débattre.
L’image qu’a laissée le Pharaon Snéfrou dans la mémoire égyptienne est celle d’un souverain bienveillant, le bon roi par excellence. Au Moyen Empire, il devint le modèle du roi parfait dont eurent à cœur de s’inspirer les Pharaons de la dynastie XI. Vénéré, divinisé, son charisme perdura jusqu’à l’époque ptolémaïque.
Son gouvernement fut très actif : il organisa une expédition en Basse-Nubie, d’où furent ramenés 7000 prisonniers, et d’autres en Libye et au Sinaï. Il est considéré comme l’instigateur des exploitations minières du Sinaï et il développa d’intéressantes et fructueuses relations commerciales avec le Levant, la Syrie et le Liban.
Mais Snéfrou reste avant tout célèbre pour ses constructions novatrices. Plusieurs sites lui sont attribués, Meïdoum, Dachour, et Seila. Et une fois encore, le débat est ouvert quant à la signification de ces pyramides et l’identification de leur propriétaire.
A Meïdoum s’élève une pyramide que certains spécialistes attribuent strictement à Snéfrou tandis que d’autres pensent que sa construction a commencé sous le règne du roi Houni. Des graffiti du Nouvel Empire gravés sur la face Est de la pyramide mentionnent le beau monument de Snéfrou. Elle représente toutefois la première ébauche d’une vraie pyramide à pentes lisses dont le revêtement extérieur se serait écroulé. Des tentatives plus fructueuses auraient alors été faites sur le site de Dachour.
A Dachour, deux grandes pyramides s’élèvent sur ce site et les fouilles entreprises par A. Fakhry en 1951/1952 laisseraient supposer que ce fut la nécropole du roi.
A Dachour-Sud s’élève la pyramide dite pyramide rhomboïdale, édifiée la première. L’aspect de cette pyramide est curieux puisqu’elle se présente comme une pyramide à double pente : une première forme aurait été donnée avec une pente de 60° mais des fissures seraient apparues au fur et à mesure de la progression de l’ouvrage. Pour rétablir l’équilibre, les architectes auraient modifié l’inclinaison de la pente en la ramenant à 55° avec des ajouts importants, puis finalement à 43°. Sur la face Est de la pyramide fut mis à jour un sanctuaire avec une table d’offrandes et deux stèles au nom de Snéfrou. D’autre part, un bâtiment aux allures de temple funéraire fut aussi déblayé au nord-est de la pyramide. Temple et sanctuaire furent les lieux de culte funéraire de Snéfrou, culte perpétué aux époques postérieures, notamment au Moyen Empire.
A Dachour-Nord s’élève la seconde pyramide appelée pyramide rouge dans laquelle furent retrouvés les restes d’un squelette humain sans qu’aucune affirmation puisse être faite de sa relation avec Snéfrou. Toujours est-il que cette pyramide a été considérée, suite à cette découverte, comme le tombeau de Snéfrou. Les partisans de cette thèse soutiennent que Snéfrou aurait abandonné sa première pyramide dont la superstructure aurait été défaillante pour en concevoir une autre plus conforme aux lois de la stabilité, c’est la pyramide de Dachour-Nord. Mais Pharaon, impatient, craignant de ne pas voir l’achèvement des travaux aurait usurpé à Meïdoum, la pyramide de son prédécesseur, Houni, pyramide qu’il aurait fait recouvrir d’un revêtement lisse. Cette thèse de l’abandon de la pyramide au profit d’une autre doublée d’une usurpation ne fait pas l’unanimité dans le clan des égyptologues.
Vassil Dobrev avance une autre théorie. Selon lui, la forme de cette pyramide à double pente aurait été mûrement réfléchie. Il met hors de cause le caractère instable du terrain et un déséquilibre présumé de l’ouvrage qui auraient pu provoquer son éboulement et par voie de conséquence auraient entraîné son abandon. En examinant le plan de la pyramide, il remarque qu’elle était pourvue de tous les éléments nécessaires à sa protection (herses), éléments qui n‘existent, au vu de ses recherches, ni à Dachour-Nord ni à Meîdoum. Enfin, les cultes postérieurs qui furent rendus au sein de cette pyramide peuvent prouver l’attachement qu’on lui portait. D’autre part, toujours pour V. Dobrev, la forme voulue de l’ouvrage rappellerait celui de la pierre benben, symbole de l’émergence de la butte primordiale hors du Noun :
" La pyramide à double pente serait l’image pétrifiée d’une butte surgissant des profondeurs du chaos, ce qui est en parfaite harmonie avec l’idée d’ascension céleste du pharaon… Une fois propulsé dans le monde divin, le roi défunt devait garder la possibilité de revenir dans le monde des vivants pour s’assurer de la pérennité de son culte et profiter des offrandes entreposées. La pyramide à double pente ayant servi pour son ascension céleste, il lui fallait un autre moyen pour redescendre, matérialisé par une pyramide de même hauteur, mais à pente lisse…, c’était peut-être la fonction de la pyramide de Dachour-Nord qui serait alors un cénotaphe du roi Snéfrou." Extrait de Snéfrou le roi bienfaisant. Numéro 15 d’Egypte Afrique et Orient.
Toujours à débattre !
A Seila, une mission égypto-américaine entreprit des fouilles sur le site afin d’identifier l’auteur de la pyramide attribuée de par sa forme en gradins aux rois de la dyanstie III. En mars 1987, ils mirent à jour deux stèles en calcaire dont l’une était inscrite avec le Nom d’Horus et le cartouche de Snéfrou, une statuette en bois et une table d’offrandes à trois bassins. La pyramide aurait été construite à l’époque de Snéfrou.
Trois grandes pyramides, une à Meïdoum, deux à Dachour, peut-être une à Seila, neuf millions de tonnes de pierre, un exploit technique que Snéfrou n’était sûrement pas capable de réaliser. Tant que le sarcophage royal ne sera pas retrouvé dans l’une ou dans l’autre, le mystère restera entier et fera encore réfléchir moult spécialistes. Une chose est certaine : sous le règne de Snéfrou, les éléments du complexe royal se mettent en place : pyramide à faces planes, pyramide satellite, temple funéraire, rampe monumentale et Temple de la Vallée. Voir plan Arts et Monuments.
Khéops
(vers 2604/2554 – 2581/2531) (2549/2526)
Khéops est le fils de Snéfrou et de la reine Hetepheres. Les souvenirs qui nous restent de son passage sur la terre d’Egypte, hormis sa colossale pyramide bien sûr, sont très minces. Il est curieux de constater qu’il fut aimé de son vivant mais fortement critiqué après sa mort. Une littérature tardive nous le présente comme un homme autoritaire, méchant et cruel. Au Vème siècle, une tradition est née selon laquelle Khéops serait devenu un être tyrannique obsédé par la construction de sa pyramide. La légende continue en racontant qu’afin de réunir des fonds pour son œuvre, il aurait dépouillé les temples et prostitué sa propre fille. Il faut dire que l’extraordinaire monument qui caractérise son règne et qui a mobilisé une grande partie de la population, a pu influencer certains esprits fâcheux à le considérer comme un despote. Ainsi un conte populaire (papyrus Westcar) le met en face d’un magicien, Djedi qui a le pouvoir de recoller les têtes décapitées. Présenté devant le roi Khéops qui lui ordonne, cruellement, de tenter l’expérience sur un prisonnier, ce magicien refuse et suggère plutôt de ressusciter une oie dont la tête avait été coupée.Tous les évènements politiques de son règne nous échappent, tout au plus peut-on hasarder quelques rivalités personnelles, familiales ou idéologiques. Par contre, l’on ne peut ignorer l’ampleur de sa sépulture pharaonique. Vous trouverez sa description dans Arts et Monuments.
On lui connaît trois épouses qui lui offrirent une douzaine de fils. Parmi eux, Hordjedef s’illustra dans la production littéraire et on lui attribue de nombreux textes sapientiaux. Deux de ses autres fils montèrent sur le trône, Didoufri puis Khephren.
Une des rares représentations que l’on ait retrouvée de Khéops est une petite statue d’ivoire de 7 cm environ découverte à Abydos et conservée au musée du Caire.
Didoufri
(vers 2581/2531 – 2572/2522) 
(2526/2518)

Fils cadet de Khéops, Didoufri/Djedefrê fut le premier à introduire dans sa titulature le titre de Fils de Rê. Il fit construire sa pyramide à Abou Roach. Voir plan Arts et Monuments. Malheureusement, elle présente de nos jours une bien triste apparence, ayant été débitée allègrement à partir de l’époque romaine. Du coup, il est bien difficile de dire à quoi elle avait pu ressembler.
On a longtemps accusé Didoufri d’avoir usurpé le pouvoir et d’avoir abandonné la nécropole de Guizeh inaugurée par Khéops. L’on s’explique mal les raisons d’une telle accusation d’autant plus que l’on n’a constaté aucun effacement de son nom à Abou Roach. Un culte lui aurait même été rendu durant toute la période de l’Ancien Empire. La situation topographique de la colline d’Abou Roach qui rapproche l’édifice du soleil pourrait expliquer cet exil en rapport avec le nouveau titre qu’il ajouta à son nom. Selon le papyrus de Turin son règne ne dépassa pas les huit années tandis qu’une marque peinte sur la fosse orientale de la barque de Khéops mentionne une date qui correspondrait à la vingt-deuxième année de son règne.
On peut admirer au musée du Louvre une tête de Didoufri en quartzite rouge.
Khéphren
(vers 2572/2522)
(2546/2496) (2518/2493)

Fils de Khéops, il fut aussi le demi-frère de Didoufri. Il renoue avec la tradition et, à l’instar de son père, édifie son tombeau à Guizeh. C’est la seconde pyramide de Guizeh. Voir Arts et Monuments. C’est dans un puits du temple funéraire de ce Pharaon qu’Auguste Mariette retrouva une colossale statue du roi en diorite actuellement au musée du Caire. La nuque royale est dominée par le faucon Horus qui déploie ses ailes sur Pharaon en signe de protection. Les sculpteurs de Khephren atteignirent les sommets de leur art en produisant des œuvres magnifiques sculptées dans les matériaux les plus divers : granite, basalte, grauwacke, porphyre, calcite.
Bafrê ( ? )
Mykérinos
(vers 2539/2489 – 2511/2461) (2486/2458)

Fils de Khephren, il fut le dernier constructeur du plateau de Guizeh. Il arriva au pouvoir après une courte période de querelles dynastiques où l’on suppose que Bafrê joua le rôle d’intermédiaire entre son père et lui. Les dimensions nettement plus modestes de sa sépulture annoncent la fin prochaine de l’ère des pyramides. Voir Arts et Monuments.
Son règne fut de courte durée à peine dix-huit ans et il laisse le souvenir d’un pharaon moins cruel et despote que ses prédécesseurs. Hérodote rappelle les louanges que son peuple lui adressait encore, quelque deux mille ans plus tard. Son parcours fut marqué par des malheurs personnels, la mort de sa fille puis les prédictions d’un oracle qui lui annonça qu’il ne lui restait plus que six ans à vivre. Hérodote rapporte :
" Se rendant compte que son arrêt était dès lors prononcé, Mykérinos fit faire un grand nombre de lampes. Dès que la nuit venait, il les faisait allumer, et il buvait, se livrait aux délices, sans cesser ni le jour ni la nuit, se promenant dans les basses terres, dans les bocages, pour des six années en faire douze, les nuits se transformant en jour."
Dans les ruines de son temple bas, on a retrouvé une statue d’une stupéfiante beauté figurant le souverain accompagné de son épouse, Khâmerernebty. De même, quatre statues triades associant le roi à la déesse Hathor et à une divinité de nome ont été retrouvées. On peut supposer qu’il y en avait quarante-deux, une pour chaque nome égyptien.
Chepseskaf
(vers 2511/2461 – 2506/2456) (2458/2454)

Fils de Mykérinos, Chepseskaf est le denier représentant de la dynastie IV. Il monta sur le trône dans une atmosphère assez confuse en raison, peut-être, de la mort prématurée de son père Mykérinos. Son règne fut bref et les informations sur son compte sont rares et imprécises.
On sait qu’il abandonna le plateau de Guizeh pour édifier son tombeau dans une région encore vierge, Saqqarah-Sud.
Voir plan Arts et Monuments
Son monument porte le nom de Mastabat Faraoun et diffère radicalement de celui de ses ancêtres puisqu’il présente la forme d’un immense sarcophage de 100 m de long et de 18 m de haut. Pourquoi un tel choix ? On peut y voir un abandon de la théologie solaire d’autant plus que le titre de Rê n’apparaît pas dans son cartouche. Toutefois cela ne prouve pas grand chose dans la mesure où son successeur, Ouserkaf, construisit une pyramide et un temple solaire sans intégrer le titre de Rê dans son nom. Certains travaux ont permis de penser qu’à l’origine le monument était conçu pour être une future pyramide. Sur le verso de la Pierre de Palerme on peut lire ceci choisir l’emplacement de la pyramide Qebehou-Chepseskaf, lecture complétée par le déterminatif hiéroglyphique de la pyramide. Mais la prudence s’impose. En effet, l'’étude de l’infrastructure du tombeau démontre qu’il semble avoir été conçu comme une pyramide avec descenderie, vestibule, herses, chambre funéraire et serdab. Pour l’instant, on peut penser que cette tombe ait été abandonnée en raison du décès prématuré de son futur propriétaire d’où cet aspect de pyramide inachevée.
DYNASTIE V
Ouserkaf
(vers 2504/2454 – 2496/2446) (2454/2447)

Ouserkaf, premier souverain de cette dynastie naissante, serait le fils de Khentykaous, fille ou épouse d’un roi de la dynastie précédente. Son nom est l’un des rares qui ne comporte pas le nom de Rê. Pourtant les monuments qu’il édifia durant son règne prouvent bien l’attachement qu’il portait à ce dieu.
Il perpétua la coutume de ses ancêtres en élevant à Saqqarah, près du complexe funéraire de Djeser, une pyramide dont il ne reste pas grand chose de nos jours. Au Nouvel Empire, Khâemouaset, un des nombreux fils de Ramses II, précurseur antique des premiers égyptologues modernes, amoureux des monuments de ses ancêtres, entreprit la restauration de cette pyramide. C’est dans le temple funéraire de ce tombeau que fut découverte une tête de statue du roi, œuvre colossale conservée actuellement au musée du Caire.
L’innovation majeure d’Ouserkaf tient en la réalisation d’un temple aux formes nouvelles dédié au culte de l’astre solaire. Ce premier temple du soleil vit le jour sur le site d’Abousir en bordure du désert entre Guizeh et Saqqarah. D’une grande simplicité, il ne semble pas avoir été achevé sous son règne. On sait que les successeurs l’imiteront et construiront à leur tour des temples similaires. Actuellement, seulement deux temples ont été fouillés, ceux d’Ouserkaf et de Niouserrê. Le culte du dieu Rê se faisait à ciel ouvert, sous les rayons de l’astre divin, sur une grande esplanade entourée d’une enceinte et garnie de bassins et de tables d’offrandes. Voir plan Arts et Monuments la description et la signification de ces temples. Dans le sanctuaire de ce temple, une statue retrouvée d’Ouserkaf le montre coiffé de la couronne rouge, elle aussi conservée au musée du Caire.
En Haute-Egypte, à Tôd, l’on retrouva dans le temple de Montou, un bloc de granit réutilisé où apparaissait le cartouche d’Ouserkaf.
Au Metropolitan muséum de New York, on peut admirer des statues de soldats qui ornaient, sûrement, la chaussée montante du temple royal, et qui avaient été réutilisées dans le complexe d’Amenemhat I à Licht (Moyen Empire).
Sahourê
 (vers 2496/2246 – 2483/2433) (2447/2438)

Il est le successeur d’Ouserkaf et c’est sous son règne que le titre de fils de Rê fut définitivement incorporé au nom royal. Contrairement à ses prédécesseurs, il fit élever sa pyramide à Abousir, superbe monument tant par ses dimensions que par sa décoration encore remarquablement préservée de nos jours. Les fresques montrent Pharaon en compagnie des dieux, bataillant contre ses ennemis ou recevant des tributs des pays conquis parmi lesquels figurent, butin un peu inattendu, des ours.
Tout comme Mykérinos, tout du moins comme le prouve un ensemble que l’on a retrouvé et qui peut être vu au Metropolitan muséum, il se fit représenter aux côtés d’une divinité de nome, celle de Coptos.
Neferirkarê Kakaï
(vers 2483/2433 – 2463/2413) (2438/2425)

Il est peut-être le frère de Sahourê et lui succède sur le trône d’Egypte. Il fit construire, lui aussi, une pyramide à Abousir beaucoup plus vaste que celle de son prédécesseur mais qui a grandement souffert du ravage des ans. Inachevée à sa mort, une partie en fut reprise pour le propre compte de Niouserrê.
Les documents qui furent découverts dans son temple funéraire ont une immense valeur historique car ils donnent une idée relativement précise du fonctionnement du culte funéraire et de tous les éléments qui le mettaient en œuvre (tableaux de service, noms des prêtres, listes de produits, inventaires).
Chepseskarê (2425/2418)
Neferefrê Isi
(vers 2456/2406 – 2445/2395) (2418/2408)

Il serait le successeur de Chepseskarê. Il éleva lui aussi une pyramide inachevée à Abousir. Des fouilles récentes ont levé le voile sur son règne un peu obscur. Des statues du Pharaon ont été retrouvées de même que quelques archives du sanctuaire. Une statue imitant celle de Khephren le montre lui aussi, la nuque protégée par le faucon Horus (musée du Caire).

Niouserrê Ini
(vers 2445/2395 – 2414/2364) (2408/2377)

Il serait le frère de Neferefrê auquel il aurait succédé. Il fit édifier une pyramide à Abousir et reprit à son compte la partie basse de la pyramide de Neferirkarê dont il détourna la chaussée vers son propre tombeau.
Mais il fit ériger son temple solaire à Abou Gorab au nord d’Abousir. On peut en voir encore les vestiges dévoilant ce que pouvait être le Château du Benben du dieu Rê à Héliopolis. Au milieu de la cour à ciel ouvert, s’élevait un obélisque évoquant un rayon de soleil pétrifié et la butte primordiale.
Menkaouhor (2377/2369)
Djedkarê Isesi (2364/2340)
Ounas
(vers 2367/2317 – 2374/2297) (2340/2311
)
Il fut le dernier roi de la dynastie V et l’on suppose qu’il n’était pas de sang royal. Il renoue avec la tradition de ses lointains ancêtres et fait construire sa pyramide à Saqqarah. Elle est relativement bien conservée et une partie de la chaussée montante a été reconstruite in situ. Une colonne de granit rose qui ornait son complexe est exposée au musée du Caire. L’originalité de son œuvre se traduit essentiellement dans les textes funéraires gravés sur les parois de la chambre funéraire et qui sont appelés les Textes des Pyramides. Considérés comme le plus ancien corpus religieux de l’humanité, ces textes évoquent l’ascension royale vers les cieux. Assimilé aux dieux par la magie des textes, Pharaon divinisé est assuré de vivre auprès d’eux pour l’éternité, purifié et protégé des nombreux dangers de l’au-Delà.
Voir dans Arts et Monuments la description des pyramides, temples solaires et imposants mastabas privés de l’Ancien Empire.
Au crépuscule de cette dynastie V, on assiste progressivement à une diminution  de la pyramide royale et à l’accroissement des tombeaux privés des hauts dignitaires. L’importance prise par les nomarques, fonctionnaires royaux de province, constitue une dangereuse féodalité qui affaiblit le pouvoir royal entraînant une décomposition tant politique que sociale
DYNASTIE VI
Teti 
(vers 2347/2297 – 2337/2287) 2311/2281

Il est le successeur d’Ounas, peut-être son gendre. Il édifia une pyramide à Saqqarah qui nous est parvenue en très mauvais état.
Parmi les mastabas impressionnants qui seront construits à cette époque, il faut signaler les tombeaux de Kagemi et Mererouka, vizirs de Teti. Voir plan Arts et Monuments.
Ouserkarê ?
Pepi I
Meryrê (vers 2335/2285 – 2285/2235) 2280/2243

Si nous ne connaissons pratiquement rien des deux premiers souverains, le règne de Pepi I est un peu moins obscur. Fils de Teti et de la reine Ipout, son règne fut relativement long (cinquante ans). En premier lieu, il épousa les deux filles d’un dignitaire d’Abydos, Khoui, dont il eut deux fils qui montèrent successivement sur le trône d’Egypte.
Il édifia son complexe funéraire à Saqqarah où Maspero identifia les Textes des Pyramides pour la première fois. Quand il découvrit ce tombeau, il ne restait plus beaucoup de vestiges du temple et de la pyramide débités dès la période pharaonique. En 1996, le MAFS entreprit des fouilles autour de cette pyramide et parvint, peu à peu, à reconstituer l’histoire et les secrets de ces monuments. La Mission Française dégagea le sanctuaire aux offrandes, une cour à portiques, le hall d’entrée. Dans plusieurs magasins, elle retrouva des statues de prisonniers aux bras liés et dans les niveaux postérieurs du temple, elle dégagea des statues, des stèles de personnages du Moyen Empire, des tables d’offrandes. Voir Egyptologie et Arts et Monuments.
Grand bâtisseur, il fit élever des monuments du Delta jusqu’à Eléphantine. Pepi I fut un dévot de la déesse Hathor. Il entreprit de nombreuses expéditions en Phénicie, Palestine. En Nubie, il commença une politique de conquête poursuivie par son successeur Merenrê.
Son règne fut ponctué par un complot impliquant une épouse du harem qui conspira contre lui pour favoriser l’accession de son fils sur le trône. Cet enfant était encore très jeune au moment des faits. Pepi voulut le sauver et, après la condamnation de la reine, il le fit adopter par l’une de ses deux nouvelles épouses, Ankhesenmerirê.
Merenrê 2243/2237
Le règne de ce Pharaon pose un problème de datation et un doute subsiste. En effet, les documents archéologiques proposent un règne de quarante-quatre ans tandis que Manéthon en propose seulement sept. Cette différence pourrait s’expliquer par une probable co-régence, Pepi I ayant associé à son trône son fils adolescent qui n’aurait pris le pouvoir qu’à l‘âge de trente ans. Voir Chronologie
Mais il semble avoir été un roi énergique. Il continua la politique de Pepi I en Nubie dont il reçut la soumission. Il édifia une pyramide à Saqqarah dont les parois étaient couvertes de hiéroglyphes. Malgré la profanation de la tombe, on retrouva, en 1880, le corps momifié et en relativement bon état du souverain. La momie fut transportée au musée du Caire, seulement en 1975, ce qui explique son état de décomposition avancée.
Au musée d’Edimbourg, on peut admirer un sphinx gravé au nom du souverain. Parmi les deux statues retrouvées à Hiéraconpolis, la plus petite fut longtemps attribuée à Merenrê, mais l’on pense aujourd’hui, sa restauration achevée, qu’elle représente plutôt Pepi I.
Pepi II Neferkarê 
(vers 2279/2229 – 2219/2169) 2237/2143

Fils de Pepi I et de la reine Ankhesenmerirê II, Pepi II succéda à son frère. Son règne fut extrêmement long puisqu’il est considéré comme le plus long règne de l’histoire égyptienne : 94 années selon Manéthon. Le chiffre a été revu à la baisse, et l’on estime maintenant qu’il gouverna l’Egypte entre 60 et 70 ans.
Avant d’entamer la douloureuse histoire du règne de Pepi II, on peut citer un épisode original qui marqua le tout début du règne du Pharaon. Le jeune roi apprit que le nomarque d’Eléphantine, Herkhouef, avait ramené de ses tribulations en Nubie un pygmée qui dansait la danse du Dieu. Fasciné, Pepi exhorta le nomarque à l’amener au plus tôt à la cour. Herkhouef fut si fier de cet engouement qu’il fit graver cet épisode sur les parois de son tombeau.
C’est sous le règne de Pepi II que s’amorce inexorablement la chute de l’Ancien Empire. Les nomarques locaux qui ont acquis de plus en plus d’indépendance n’obéissent plus et se dégagent progressivement de la tutelle royale. Malgré la nomination d’un gouverneur du Sud dont la mission est d’obliger les nomarques à régler les impôts dont ils ne s'acquittent plus, le pays se désintègre et le pouvoir royal s’affaiblit. Il devient impossible de fixer l‘impôt, les tributs des nomarques ne rentrent plus dans les caisses royales. Et l’on assiste à l’effondrement des structures sociales et politiques, la perturbation entraîne la chute des fondements mêmes de l’ordre ancien qui avait fait la gloire de l’Egypte. Le désordre gagne les milieux populaires, c’est l’anarchie qui règne en maître : les lois sont bafouées, les procédures judiciaires sont divulguées, les riches sont anéantis, les pauvres pillent leurs richesses. Pire encore, les tombes sont saccagées, profanées, le culte divin est interrompu, les privilèges funéraires sont usurpés.
Durant la Première Période Intermédiaire, Ipouer se lamente au travers de six poèmes sur les dégâts causés par ce désordre. Voir Extraits de Textes.
Le long règne de Pepi II n’est pas étranger non plus à cette lente désagrégation du pouvoir. Agé, affaibli, retiré dans son palais, il ne peut réagir et délaisse les affaires du royaume. Le chaos arrive sur tous les fronts et la menace asiatique gronde aux frontières de l’Empire. De larges dotations faites aux temples, eux-mêmes exonérés d’impôts et de corvées, une main d’œuvre qui se retrouve plus ou moins au chômage puisque les grands chantiers royaux ne mettent plus en œuvre l’énergie nécessaire à la construction des pyramides, une tendance à un affaiblissement constant de la crue du Nil, une féodalité croissante en provenance de la province, excès de toutes sortes, une royauté affaiblie, autant de facteurs qui précipitent le déclin et finalement la chute de l’Ancien Empire.
A la mort de Pepi II, les fastes, la splendeur, l’organisation structurée du royaume, l’omnipotence royale ne sont que des souvenirs.
Antiemsaf-Nemtyemsaf
Nitocris 
(vers 2218/2168 – 2216/2166) 2141/2140
Cette reine aurait succédé à son époux Antyemsaf-Nemtyemsaf assassiné lors d'un complot. Première femme Pharaon, son souvenir nous est gardé davantage par la légende qui l'entoure que par les preuves archéologiques. L'une de ces légendes raconte qu'elle aurait vengé son mari en noyant ses invités à l'issue d'un fastueux banquet. Hérodote rapporte qu'elle se serait ensuite suicidée. Une autre légende raconte qu'elle aurait achevé la pyramide de Mykérinos
DYNASTIES VII ET VIII
Certains auteurs choisissent d’inclure ces dynasties dans la Première Période Intermédiaire. Comme nous sommes encore incapables d’établir avec certitude les événements qui se sont déroulés durant cette période troublée, je passerai rapidement sur ces épisodes obscurs. L’état est désagrégé, le pouvoir central s’effondre, les nomarques les plus puissants sont prêts à récupérer pour leur compte une partie de la puissance royale.
Pour décrire la dynastie VII, Manethon emploiera l’expression 70 rois en 70 jours.
Avec la dynastie VIII, un pâle effort d’autorité se fait jour aux prix d’efforts considérables concédés aux nomarques. Mais en vain, l’état se disloque. La dynastie comporte 17 rois attestés. Parmi les puissants du Sud, on peut citer, Idi, prince de Coptos et Shemaï, gouverneur de Haute-Egypte.
C’est d ‘Héracléopolis qu’un espoir va poindre avec la dynastie IX des Akhtoes : c’est la Première Période Intermédiaire.
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