Tableau historique des Périodes égyptiennes
"Le but ultime d'une histoire de la Civilisation serait de faire approcher l'âme de ceux qui l'ont créée,
le foyer ardent d'où ont jailli les créations sociales, littéraires, artistiques
d'un monde qui, bien que disparu depuis deux mille ans,
nous fascine encore par ses réussites et ses prestiges." François Daumas
 
Avant d’entamer ce long voyage qui va nous transporter dans l’Egypte des Pharaons, une petite mise au point chronologique s’impose. Un tel bond dans l’histoire nous propulsant quelque trois mille ans dans le passé ne peut entraîner que de houleuses polémiques et, souvent, les opinions divergent quant à la question épineuse de la datation des évènements. Je ne rentrerai pas sur cette page dans le débat, certes passionnant, laissant aux éminents spécialistes le soin de mener leur enquête.
Je me contenterai, en ce qui concerne les dates de chaque période et de chaque règne, de me référer à deux sources, à peine plus éloignées l’une de l’autre, afin de cadrer au mieux les épisodes de l’Histoire égyptienne. Les dates citées en gras seront celles admises par Isabelle Franco dans son ouvrage Les Grands Pharaons et leurs Oeuvres, celles en italique seront celles admises par Michel Guay dans son Cédérom La Civilisation de l’Egypte des Pharaons
Les aléas de l histoire
Malgré les témoignages inestimables que nous a légués l’Egypte ancienne sur son Histoire, cette civilisation est encore bien mal connue tant la documentation est fragmentaire et lacunaire. Les vestiges archéologiques, épigraphiques, les inscriptions sur les temples, les stèles commémoratives, les courriers diplomatiques, les œuvres littéraires, les papyrus retrouvés peuvent nous permettre de connaître le peuple égyptien mais il ne nous est parvenu que très peu de textes historiques et, malheureusement, souvent incomplets.
La façon de penser l’Histoire de la part des anciens Egyptiens était complètement étrangère à la nôtre. En effet, ils n’avaient pas adopté le système de la datation absolue, la plupart des événements historiques se faisant par rapport à l’année de règne de Pharaon. Chaque fois qu’un Roi nouveau montait sur le trône, le compteur se remettait à zéro et l’on reprenait le cours de l’Histoire en l’An I du Règne du Pharaon Untel. On imagine les conséquences d’un tel calcul dans les périodes troublées de l’histoire ou dans le cas d’une corégence où deux années de règne, celle du Pharaon régnant et celle du corégent qui avait endossé sa propre titulature, pouvaient cohabiter. A des moments bousculés de l’Histoire, certaines dynasties pouvaient même se chevaucher ajoutant ainsi encore un peu plus d’incertitude.
Afin de situer un peu plus justement les faits historiques qu’ils ont retrouvés, les égyptologues ont établi une chronologie égyptienne basée sur des phénomènes astronomiques comme le lever héliaque de Sothys.
Les différentes sources chronologiques
La liste de Manéthon
La source antique la plus communément admise est celle de Manéthon, prêtre de Sebennytos vivant sous le règne des Ptolémées au IIIème siècle av. J.-C. Il divisa son Histoire de l’Egypte, l’Aegyptiaca, récit écrit en grec, en trente dynasties, du règne du roi Ménès considéré comme le premier Pharaon jusqu’à la conquête d’Alexandre. Malheureusement son œuvre s’est perdue en partie, notamment dans l’incendie qui ravagea la bibliothèque d’Alexandrie. Ultérieurement, des auteurs anciens (Flavius Josèphe, Jules l’Africain, Eusèbe de Dorylée, Georges de Syncelle) reprirent les documents restants et tentèrent de restituer une approche plus objective des événements égyptiens, Manéthon s’étant laissé aller à quelques fautes dans son récit.
Quoiqu’il en soit son importance est capitale pour l’histoire de l’Egyptologie et a permis aux historiens de découper ces trente dynasties en une succession d’Empires, prospères et pacifiques, et de Périodes Intermédiaires, troubles et obscures.
La Pierre de Palerme 
Document très ancien qui remonte à l’Ancien Empire (Vème dynastie) et qui relate les évènements survenus entre la période prédynastique et la Vème dynastie. Malgré ses lacunes historiques, elle énumère les manifestations religieuses, cultuelles et les faits du moment. Elle se trouve actuellement au musée de Palerme et se présentait sous la forme d’une grande dalle de basalte noir d’à peu près deux mètres de haut. Eclatée en plusieurs fragments, le morceau visible aujourd'hui à Palerme mesure 30 cm sur 43 cm.
Les annales de Karnak 
Datant du Nouvel Empire, elles proviennent du règne de Thoutmosis III, relatent les faits guerriers du Pharaon et présentent une liste de soixante et un noms de rois. Elle se trouve actuellement au Musée du Louvre.
La liste Royale d’Abydos
Datant du règne de Sethi I, elle regroupe les noms de soixante-seize rois de Ménès à Sethi I. En sont exclus les souverains des Deux Périodes Intermédiaires et les Pharaons disgraciés tels Hatchepsout, Akhenaton ou Toutankhamon.
La liste de Saqqarah 
Datant du règne de Ramsès II, elle contient cinquante-huit noms de Pharaons. Elle fut retrouvée dans la tombe d’un scribe, le scribe Tournoï. Elle se trouve actuellement au musée du Caire.
Le papyrus de Turin 
Retrouvé à Memphis, ce papyrus longuement restauré devait contenir trois cents noms de rois. Son originalité tient au fait qu’il englobe les années supposées des règnes des premiers dieux jusqu’aux règnes des Pharaons de la XVIIIème dynastie, qu’il tient le comput des années de règne de chaque monarque et qu’il n’exclut pas les Pharaons des Périodes Intermédiaires ou illégitimes. Il se trouve actuellement au musée de Turin.
L’inscription de Mit-Rahineh 
Datant du Moyen Empire, elle relate les expéditions de Sesostris I et de son fis Amenhemhat II.
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