"Avons enfin fait une découverte extraordinaire dans la Vallée :
une tombe somptueuse dont les sceaux sont intacts ; l’avons refermée jusqu’à votre arrivée, félicitations !"
Plan de Pharaon Toutankhamon
Vous êtes à l'ankh
Introduction
Un homme, un destin, une découverte
Le couloir et les deux portes
La Salle de la Royauté
La Salle du Sarcophage
La Salle du Marécage
La Salle de la Renaissance
Qui était ce petit Roi sans importance ?
Panoramique des tombes de la Vallée des Rois
Album I Toutankhamon
Album II Toutankhamon
La Salle de la Royauté ou Antichambre
" Il faut imaginer comment les objets nous apparurent, à la lumière de notre lampe, première lueur à percer l'obscurité du tombeau depuis trois mille ans. L'effet était prodigieux, bouleversant… Je pense que nous n'avions pas formulé en termes exacts ce que nous nous apprêtions à voir. En tout état de cause, nous n'avions certainement jamais rêvé à une telle chose. Toute une salle pleine d'objets dont les uns nous semblaient familiers et les autres inconnus, empilés les uns sur les autres avec une profusion qui, apparemment, semblait inépuisable… Tous les fouilleurs connaissent ce sentiment de respect, presque de gêne, que l'on ressent lorsqu'on pénètre dans une chambre fermée par des mains pieuses des siècles plus tôt. Un instant, le temps s'abolit. Trois ou quatre mille ans se sont écoulés depuis qu'un pied a foulé ce sol pour la dernière fois. Pourtant, à mesure que l'on note des traces de vie autour de soi, on a l'impression que c'était hier. L'air que l'on respire, le même depuis des millénaires, on le partage avec ceux qui déposèrent la momie dans le caveau. Et chacun de ces petits détails vivants accroît le sentiment de se comporter en intrus. "
Tels sont les sentiments qui touchèrent Carter en pénétrant dans cette première pièce qui fait suite au long corridor décrit précédemment, la plus vaste de toutes celles qui composent l'hypogée. Elle fut nommée Antichambre par Carter qui, fort de ses expériences passées dans la Vallée des Rois, en avait déduit que la matériel entreposé en ce lieu avait de grandes chances d'être identique à celui entreposé dans la salle précédant la chambre sépulcrale des grandes tombes royales. Mais, C. Desroches Noblecourt a nommé aussi cette pièce du joli nom de Salle de la Royauté en raison, bien sûr, des nombreux objets à vocation purement royale qui y furent découverts.

Caractéristiques premières
Pièce orientée Nord-Sud
Longueur : 7,85 m, largeur : 3,55 m, hauteur : 2,68 m.
Aucune fresque, aucune inscription, absence totale de décoration, murs simplement blanchis au plâtre. 700 objets répertoriés.
Le 29 novembre 1922, soit près de 25 jours après la première descente des marches, Carter et la suite des curieux autorisés pénètrent, enfin, dans l'Antichambre au terme d'une cérémonie d'ouverture assez émouvante et solennelle. Il faut avouer, cependant, que, dès le 26 novembre, nos deux acolytes, poussés par une fantastique curiosité bien compréhensible avaient tenté d'entrevoir par un petit trou aménagé dans la deuxième porte scellée, une infime partie des mystères cachés dans l'obscurité. Pressé par Carnarvon qui se tenait derrière lui de dire s'il voyait quelque chose, Carter avait prononcé ces mots passés, eux aussi, dans l'Histoire :
" Oui, des choses merveilleuses, …, d'étranges animaux, des statues et l'or, partout le scintillement de l'or…"
En ce nouvel instant, le silence est retombé, l'émotion est trop forte, ne sont-ils pas des intrus à violer, ainsi, cette demeure d'éternité ? Pourtant, force est de constater que des pillards les avaient précédés, très probablement à deux reprises. Les fonctionnaires de la nécropole avaient bien tenté de remettre un peu d'ordre après cette violation mais il était à peu près sûr que les objets rangés à la hâte n'avaient pas retrouvé leur emplacement d'origine. Carter eut l'intuition qu'il faudrait agir avec beaucoup de discernement et d'organisation afin de répertorier au mieux les sept cents objets qui encombraient la Salle. Méthodiquement, chacun des spécialistes s'attela à la tâche qui lui revenait de droit : Burton photographiait, Hall et Hauser dessinaient, Mace et Lucas restauraient tandis que Carter dégageait soigneusement les objets afin de les acheminer vers deux endroits destinés à les accueillir temporairement : la tombe de Sethi II réquisitionnée comme laboratoire et la tombe 55 utilisée comme atelier photographique.
Tout aussi méthodiquement, la découverte de la Salle se fit en évoluant à partir de la droite de la porte. Voici la liste des trésors peu à peu découverts d'après un panoramique de C. Desroches Noblecourt (CD Toutankhamon) :
Tabouret aux pieds en forme de canards sauvages
Arc votif, longueur 1, 34 m
Siège royal, hauteur 24,2 cm
Coffre en calcite, dimension 1,33 m
Chaise en cèdre, hauteur 96 cm
Porte-chandelles ou torchères, hauteur 23 cm
Trompette, longueur 50 cm, épaisseur 2 à 2,5 cm, diamètre du pavillon 9 cm
Cannes, l'une d'une longueur de 102 cm, l'autre de 115 cm
Mannequin du Roi, hauteur aux épaules 76,5 cm, largeur aux épaules 42 cm
Coffre en ébène, ivoire et bois rouge, hauteur 48,5 cm, largeur 53 cm, longueur 73 cm
Petit naos plaqué d'or, naos sans traîneau, hauteur 50,5 cm, largeur 26,5 cm, profondeur 43 cm
Fauteuil du Roi enfant, hauteur 71,8 cm, largeur 36,8 cm, profondeur 39,3 cm
Coffret peint, hauteur 44 cm, longueur 61 cm, largeur 43 cm
Trône, hauteur 1,04 m, largeur 53 cm, profondeur 64,5 cm
Tabouret de l'enfant au sema-taouy d'or, hauteur 45 cm, largeur 45 cm, profondeur 43 cm
Malle à brancards, hauteur 63,6 cm, largeur 60,7 cm, longueur sans brancards 83 cm, longueur avec brancards 1,27 m
Lit rituel à tête de guépard, longueur 1,80 m, largeur 0,91 m
Statues du Ka Royal-Horakhty de Toutankhamon, hauteur 173 cm, largeur aux épaules 46 cm
Grand coffre peint en blanc, longueur 1,36 m
Coffre au sema-taouy, hauteur 28 cm, largeur 37,1 cm, profondeur 32,7 cm
Lit rituel à tête d'hippopotame, longueur 2,37 m, largeur 0,91 m, hauteur 1,34 m
Chars, longueur totale 2,89 m, largeur du caisson 1,01 m, hauteur du caisson 0,805 m, profondeur intérieure du caisson 0,485 m
Coupe, hauteur 18 cm, largeur 17 cm
Boîtes blanches, longueur de 27 cm à 56 cm
Lit rituel à tête de vache, longueur 2,07 m, largeur 0,91 m, hauteur 1,88 m 
Les sièges, trônes et tabourets
Au total, regroupés dans l'Antichambre et l'Annexe, six fauteuils royaux, un meuble à dossier bas, douze tabourets et onze tabourets pour les pieds.
Tabouret pliant (N° 83), de facture assez simple et classique mais aux lignes harmonieuses, élégantes et surtout originales puisque les pieds sont en forme de canards sauvages peints en blanc et noir. Le siège est orné de dessins dorés imitant la peau du léopard.
Siège royal (N° 87) dont la matière n'est pas vraiment déterminée, (palissandre, cèdre, sapin) mais dont la teinte très sombre, presque rouge, est rehaussée par endroit de feuilles d'or. Le siège est incurvé pour accueillir un coussin, les pieds imitent les griffes du lion tandis que sur le dossier est figuré le dieu de l'éternité, Heheh, assis sur le signe hiéroglyphique de l'or (noub). Il supporte au creux de son coude l'ankh, symbole de vie et il brandit à bout de bras des feuilles de palmier. Tout en haut du dossier, une magnifique représentation en or du disque solaire ailé flanqué de deux uraeus. Tous ces symboles conjugués, Heheh, ankh, signe de l'or et palmier, cobras dressés autour du soleil doivent assurer au jeune roi une éternité longue, heureuse et prospère.
Siège de l'enfant roi (N° 39) de très petite taille, 71 cm de haut, 36,8 cm de large et 39,3 de profondeur, probablement destiné à Toutankhamon encore enfant, il fut trouvé sous le lit funéraire. Réalisé en bois d'ébène noir avec incrustations d'or et d'ivoire sans aucune inscription. Les pieds du siège imitent les pattes d'un lion, l'ensemble est de facture assez classique, les accoudoirs intérieurs représentent des plantes entrelacées tandis qu'à l'extérieur sont figurés des animaux.
Trône plaqué d'or (N°91), selon Carter " un des plus grands trésors de la tombe. C'est un trône totalement recouvert d'or, richement décoré de verre, de faïence et de pierres. Les pieds qui adoptent la forme de félins, sont surmontés d'une tête de lion, fascinante de force et de simplicité. De superbes serpents couronnés et ailés forment les bras du siège. Entre les montants qui soutiennent le dossier, se lovent six cobras protecteurs. Ils sont sculptés dans le bois, dorés et incrustés. Cependant, c'est le panneau du dossier qui donne toute sa valeur au trône : "je n'hésite pas à affirmer que c'est la plus belle chose que j'ai jamais eu le loisir d'admirer en Egypte. "
En effet, par la finesse de sa réalisation et l'harmonie qui définit ses formes, ce trône est une merveille inégalée encore à ce jour. L'émotion qui se dégage de la scène figurée d'influence irrésistiblement amarnienne en fait aussi une des pièces les plus émouvantes du Trésor. La scène représente Toutankhamon coiffé du hem-hem, confortablement assis sur un trône recouvert de coussins, un bras posé sur un genou, l'autre alangui sur le dossier du siège, ses pieds reposant sur un petit tabouret. Devant lui, sa jeune épouse, Ankhesamon, coiffée d'une couronne composite et vêtue d'une superbe robe de lin plissée enduit avec soin le corps de son jeune époux d'un onguent régénérateur. Les corps et les visages sont faits d'une pâte de verre rouge sombre et les vêtements sont plaqués d'argent. Le couple royal est censé se trouver dans une pièce de leur palais, à leur droite et à leur gauche deux colonnes florales, en haut une frise aux cobras. Cette scène de par son côté intimiste a été dictée par une influence amarnienne évidente, influence que l'on retrouve aussi dans la représentation, au sommet du dossier, du disque solaire Aton dardant le duo royal de ses rayons terminés par des petites mains. D'autre part, juste derrière le jeune Roi, on peut lire les cartouches royaux, certains sont aux noms amarniens de Toutankhaton et Ankhesaton, d'autres sont au nom de la religion amonienne rétablie Toutankhamon et Ankhesamon. Très probablement, la réalisation de ce trône débuta-telle lorsque la famille royale résidait encore à Akhetaton. Une fois l'hérésie amarnienne achevée et le culte amonien rétabli, on adapta aux nouvelles exigences religieuses la décoration de ce siège sans pouvoir, faute de temps, avoir la possibilité de l'achever complètement
Les coffres et les malles
Coffre en bois stuqué (N° 21), " un des plus précieux trésors artistiques de la tombe, …, aucune description et aucune photographie ne peuvent rendre la délicatesse des peintres qui surpasse de loin tout ce qui a été trouvé en Egypte"
En effet, ce petit coffre en bois stuqué et peint, long de 61 cm, large de 43 cm et haut de 44 cm est une petite merveille de délicatesse et d'harmonie :
Sur les deux faces latérales principales, on peut voir le jeune Roi monté sur un char en train de combattre ses ennemis : d'un côté, il livre bataille aux Africains, de l'autre il combat les Asiatiques. Les deux scènes sont quasiment identiques : Pharaon, en équilibre sur son char qu'il conduit avec ses reins, décoche des flèches meurtrières en direction de ses ennemis tandis que des chiens dressés achèvent les blessés. Derrière lui, suivent les porte-éventails, les flabellum. Les soldats de Pharaon sont sans pitié, on peut en voir un découper la main d'un ennemi mort tandis que d'autres se chargent de ligoter les prisonniers. Au-dessus du jeune Roi coiffé du casque de guerre, domine le disque solaire flanqué de deux têtes de cobras portant chacun autour de leur cou l'ankh protectrice tandis qu'apparaissent de chaque coté du soleil les vautours protecteurs de la royauté.
Sur les deux petits côtés, les représentations sont identiques : au centre de la composition, les deux cartouches royaux entourés de deux sphinx dont le visage est celui du Roi. Là aussi, Pharaon vainqueur foule ses ennemis sous ses pattes.
Le couvercle bombé du coffre quant à lui figure des scènes un peu moins guerrières mais tout aussi hardies : des scènes de chasse aux lions, aux antilopes et aux autruches, tous animaux du désert fuyant sous les traits précis d'un Toutankhamon vindicatif.
Ce coffre transporté avec précaution eut à subir les restaurations d'usage à base de paraffine et de celluloïd. Voici les mots de Carter lorsqu'il ouvrit le coffre et constata, avec désarroi, l'extrême désordre qui y régnait suite au deuxième pillage de la tombe et conséquence de la précipitation des fonctionnaires de la nécropole à ranger l'ensemble sans trop de discernement :
" On se fera une idée de la difficulté de l'entreprise, lorsqu'on saura qu'il me fallut trois semaines de travail pour parvenir au fond du coffre… Sur le dessus, à droite, on vit d'abord une paire de sandales en jonc et papyrus en parfait état. Dessous, un chevet doré, et, plus bas encore, une masse désordonnée de vêtements, d'or de cuir, dont nous ne savons encore que faire. Sur la gauche, une superbe robe royale roulée en boule et, dans le coin supérieur, des perles en résine noire de forme rudimentaire. "
Malle à brancards (N°32), un coffre long de 83 cm, haut de 63 cm d'une extrême élégance et d'une grande sobriété, un des rares coffre portatifs recensés à ce jour. Il est fait en majeure partie en bois d'ébène sombre encadrant des panneaux faits de cèdre plus clair et d'incrustations d'ivoire. Les brancards constitués de quatre morceaux de bois permettaient de faciliter le transport de cette malle et toute l'ingéniosité de l'ensemble venait du fait que ces mêmes brancards, un fois la malle rangée étaient repoussés sous le coffre. Le décor du coffre est très sobre : sur les montants en ébène qui ceinturent le coffre, on peut lire une inscription hiéroglyphique qui se détache en signes plus clairs travaillés dans une fine pâte blanche. Sur le panneau qui supporte le bouton du coffre, Toutankhamon fait offrande de résine et de vin à Ounnefer, le dieu bon, autrement appelé Osiris. C'est la seule représentation qui figure sur cette malle que Carter retrouva sous un lit funéraire à tête de lionne.
Chars et voitures
" Des chars démontés, entassés en désordre, occupaient le reste du mur Sud et tout le pan Est jusqu'à l'entrée. Manifestement, les pilleurs les avaient malmenés pour s'emparer des revêtements d'or mais ce n'était pas la seule raison de leur dégradation. En effet, le couloir d'entrée était terriblement étroit ; aussi, pour les laisser passer, avait-on délibérément scié les axes en deux et démonté les roues. Sans doute nous faudra-t-il beaucoup de temps pour restaurer ces chars, mais le résultat en vaudra certainement la peine. Ils sont extrêmement plaqués de feuilles d'or et toute leur surface est ornée soit de décors en relief sculpté sur l'or lui-même, soit d'incrustations de pâte de verre colorée ou de pierres fines. "
Quatre chars furent retrouvés dans l'Antichambre, tous démontés très probablement pour faciliter leur introduction par le couloir très étroit et pour gagner de la place dans la Salle.
Les deux chars numérotés 120 et 122 sont les plus beaux, voitures de cérémonie et de parade. De très belle facture, ils sont en bois stuqué et doré à la feuille.
Le char n° 120 présente une représentation du sema-taouy ou Réunion des deux Terres. Et pour renforcer ce symbolisme d'union du Sud et du Nord, la composition présente aussi une frise de prisonniers immobilisés par des cordes terminées soit par des fleurs de papyrus, soit par des fleurs de lotus.

Lits funéraires
Trois grands lits furent découverts le long de la paroi ouest de la Salle. La hauteur manifeste de ces meubles, entre 1,34 m et 1,56 m laisse à penser qu'ils ont été conçus symboliquement pour faciliter le voyage de Pharaon vers l'Au-delà et non pour un usage pratique du vivant du Roi. Ils sont tous les trois réalisés de façon identique (voir lit de vache) et très facilement démontables.
Premier lit (N°35), un ouvrage aux formes particulièrement réalistes et touchantes. Il représente un félin, lion ou guépard, au regard superbement expressif : de ses yeux en cristal s'échappent deux larmes qui coulent sur les bajoues incrustées de pâte de verre bleu turquoise.
Deuxième lit (N°73), un meuble évoquant la vache sacrée Hathor et directement lié au mythe solaire décrit dans le livre de la Vache céleste. La base de ce lit est constituée d'un cadre en bois rectangulaire percé en ses quatre angles de quatre trous au creux desquels viennent s'emboîter les pattes de l'animal. Les deux montants latéraux sont formés par le corps et la tête de la vache : le corps est incrusté de tâches trilobées en pâte de verre bleu tandis que sur la tête aux yeux extrêmement soulignés de noir se dressent de longues cornes coinçant le disque solaire. Le sommier imite la texture d'une natte.
Troisième lit (N°137), peut-être le plus impressionnant par l'animal qu'il figure : probablement est-ce l'image de la Grande Dévoreuse chargée de dévorer l'âme des défunts impurs lors du Grand Jugement de la pesée de l'âme (psychotasie), cette déesse au corps hybride de félin, à la queue de crocodile et à la tête d'hippopotame dont la gueule grande ouverte semble particulièrement menaçante : une langue pendante en verre coloré de rouge laisse apparaître des crocs menaçants. Mais peut-on y discerner aussi l'image de la déesse Thoueris, la déesse hippopotame protectrice des parturientes et des nouveaux-nés.
Les oushebtis
L'usage de ces petites figurines est précisément expliqué dans le chapitre Espérance et Résurrection. Leur dénomination et leur nombre ont largement évolué au cours des siècles. Initialement appelées chaoubtis, " bois " en égyptien, en raison de l'utilisation de ce matériau pour les figurer, la période du Moyen Empire ne propose au défunt qu'un seul chaoubti chargé de se substituer à lui dans l'Au-Delà. Puis, au Nouvel Empire, ce sont autant de figurines que de jours dans l'année qui s'entassent auprès du mort, ce sont désormais des oushebtis, " répondants", chargés de " répondre " à la place du mort aux nombreuses tâches agricoles qui occupent l'éternité du défunt.
Les oushebtis de la tombe de Toutankhamon ont été trouvés dans l'Annexe et dans la Salle du Trésor, un seul fut découvert dans la Salle de la Royauté mais probablement venait-il lui aussi de l'Annexe. Carter dénombra 365 oushebtis, un donc pour chaque jour de l'année, 36 surveillants, un par décade, 12 surveillants, un par mois, tous déposés dans des boîtes de facture assez rudimentaire et sur lesquelles était apposé le sceau de la nécropole déjà entrevu plus haut, le chacal Anubis. Les matériaux utilisés varient : bois, pierre, faïence, certaines figurines sont très simples, d'autres plus esthétiques. Toutes sont coiffées d'une couronne particulière kepresh, nemes, pschent ornée de l'uraeus seul ou des deux déesses tutélaires accolées. Certaines sont " armées " des insignes du pouvoir fouet nekhakha, sceptre heqa ou des symboles tels que l'ankh ou le pilier djed, d'autres ont les mains vides. Et l'on dénombra pas moins de 1870 outils liés à l'agriculture : houes, paniers, pics, …
Le plus beau d'entre ces oushebtis, celui découvert dans la Salle de la Royauté est en bois peint, doré à la feuille et sur son corps momiforme sont tracés les hiéroglyphes du Chapitre VI du Livre des Morts :
"O toi, oushebti, écoute moi. Si je suis convoqué pour effectuer des travaux de toutes sortes que l'on fait faire aux esprits des morts dans l'Au-Delà, sache donc, ô oushebti, puisque tu possèdes à présent des outils, obéis à l'homme dans son besoin. Apprends que c'est toi qui seras condamné à ma place par les surveillants de la Douat : tu ensemenceras les champs, tu rempliras d'eau les canaux, tu transporteras du sable de l'est vers l'ouest."
Le mannequin du roi
Enfin, je ne saurai clore cette page sans évoquer un objet qui, à mes yeux, est très probablement le plus émouvant de tous les portraits retrouvés du jeune Pharaon : il s'agit d'un buste en bois stuqué, peint et doré, sans aucune inscription mais représentant à l'évidence les traits du Roi encore un jeune enfant : les joues sont pleines, les yeux délicatement cernés d'une ligne de khôl noir remontant vers les tempes accrochent votre regard et semblent percer au plus profond de vous-même accentuant le galbe parfait des lèvres charnues qui dessinent un discret sourire, le menton volontaire pointe vers l'avant, l'ensemble est d'une saisissante unité et invite à la douceur et à la caresse des formes à peine sorties de l'enfance. Pharaon est coiffé d'une perruque qui rappelle la coiffe de la belle Nefertiti, sorte de tiare évasée supportant l'uraeus royal. L'usage de cette énigmatique statue reste encore à définir : certains y ont vu un support magique destiné à la régénération du Roi, d'autres, comme Carter, l'ont tout simplement définie comme un " mannequin " sur lequel étaient esquissées, essayées ou posées les tenues royales.
La Salle de la Royauté avait ébloui les explorateurs par la profusion de ses trésors : peu à peu, le monde étrange que les prêtres avait consacré à leur petit Roi leur était apparu dans toute son originalité et sa splendeur. La suite des évènements allait conforter Carter et ses acolytes dans l'idée qu'ils n'avaient pas encore tout vu : dans cette même Salle de la Royauté, une porte murée abritait un joyau dans son écrin : au plus encore inviolé de quatre chapelles emboîtées les unes dans les autres, la momie royale reposait dans ses superbes cercueils. De part et d'autre de ce mur à abattre deux statues qui se faisaient face telles des sentinelles…
Je vous propose de les découvrir dans la page suivante, ce sont elles qui ouvrent pour vous le chemin sacré de la Chambre du Sarcophage.Voir Plan


























































































































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