* La redécouverte de Deir
el-Medineh
le miracle d'une passion...
Vous
êtes à l'ankh 
*
Bientôt, la suite des aventures...
Nakhtamon
est un peu essoufflé, l'air lui manque à parler ainsi, porté
par l'enthousiasme de ses vingt ans. Ramsès, lui, n'a pas besoin de
prononcer la moindre parole, le jeune garçon lit dans son regard l'approbation
qu'il espère tant. Ramsès, le grand Ramsès semble sous
le coup d'une très forte émotion, cela ne lui ressemble guère.
Un jour, alors qu'il n'était encore qu'un tout jeune enfant, son père,
le grand Seti l'avait conduit, au terme d'une longue chevauchée, sur
les hauteurs d'un promontoire dominant la Vallée entaillée par
le fleuve sacré et frangée à l'Est et à l'Ouest
d'une large bande désertique et rocailleuse. En ces lieux étranges
et impressionnants, le père avait longuement parlé à
son fils des dangers du pouvoir mais aussi de l'exaltation que l'on pouvait
éprouver à conduire tout un peuple vers les sommets. Entre autres
conseils, il lui avait recommandé de toujours garder le sens de la
mesure et de ne jamais montrer, en aucune occasion, les émotions qui
pouvaient le submerger. Et il lui avait conté l'histoire
des dieux et leur surprenante existence, leurs rivalités,
leurs ambitions, leurs travers et les fautes qu'ils avaient commises, leur
repentir aussi. Pharaon est un dieu lui avait-il soufflé, tu seras
un dieu toi aussi mais protège-toi car toi aussi tu seras attaqué
maintes et maintes fois, protège-toi sous un masque assez opaque pour
que nul ne distingue ce qui se cache au fond de ton âme. Ce sera pour
toi le meilleur rempart qui puisse te préserver et déstabiliser
ton adversaire. Sois toujours égal à toi-même, ne montre
jamais ta colère, ta souffrance, ta joie ou ta peine, seules tes paroles
réfléchies puis les actes qui les accompagneront exprimeront
ce que tu ressens, leur impact n'en sera que plus puissant. Ramsès
avait acquiescé, songeur et quelque peu contrit. Mais il avait écouté
la leçon paternelle et s'était rendu compte, au fil de son jeune
règne de la justesse de ces paroles.
Mais,
aujourd'hui, l'émotion est trop forte, son cur endurci par les
contraintes liées à sa position sur le trône des Deux
Terres est comme englouti par tant d'intimité dévoilée.
Ce n'est pas tant la beauté de ces tombes qui le trouble car il ne
doute point que la qualité apportée à leur réalisation
n'équivaudra jamais au soin accordé aux tombes royales. Le trouble
qui a effleuré son âme n'a point de cause tangible et la raison
de son émoi trouve son origine dans cette manière si soudaine
et si inattendue qui l'a précipité au plus profond de la vie
privée de son petit peuple, de ses craintes et de ses désirs,
de ses angoisses et de ses attentes qui ressemblent étrangement aux
siennes. Sans le vouloir, comme un étranger à qui l'on ouvre
timidement les portes de sa demeure, il a eu le privilège de pénétrer
au sein d'un jardin secret et la conscience de ce don offert avec tant de
gentillesse et de simplicité le met fort mal à l'aise.
Pharaon se tourne vers son petit guide dont il perçoit l'inquiétude
latente et d'un ton plus sec qu'il ne le désire, probablement dans
le but illusoire de masquer son trouble, il lui fait part de son désir
qu'on le mène désormais à sa future demeure d'éternité.
Nakhtamon sent se dessiner sur ses lèvres un imperceptible sourire
et il s'exécute avec empressement : un lumineux rayon de soleil vient
d'envahir un petit coin de son âme, il sait qu'il vient de toucher la
corde sensible de son Maître et cette touchante perception ne fait qu'accroître
le respect et l'admiration qu'il éprouve pour Lui : Ramsès,
au-delà du Roi et de la Couronne est un être sensible dont l'apparente
puissance cache une fragilité et une vulnérabilité terriblement
humaines. Et de cela, il lui en est infiniment reconnaissant, pour lui et
pour son peuple

Et
toute la procession se dirige d'un même pas vers ce lieu étrange
caché derrière la montagne forteresse : le
Grand Lieu appelé
aussi le
Grand Champ ou le
Grand Champ où les pécheurs
ne rentrent pas par les anciens Egyptiens, nommé aujourd'hui Biban
el-Moulouk ou Vallée des Rois. Un lieu incroyablement désertique,
brûlé par les rayons du soleil sous une chaleur de braise, un lieu
ancestral où des générations de Pharaons depuis Thoutmosis
I jusqu'au vénérable Seti I dont les artisans viennent à
peine de finir l'hypogée, et ce jusqu'aux Pharaons de la dynastie XX,
eurent à cur de se faire inhumer. Seul Le Roi hérétique,
Amenhotep
IV/Akhenaton dérogea à la règle
préférant la région d'Amarna en Moyenne Egypte comme abri
de son ultime demeure. Curieusement, ceux qui sont considérés
comme les saints patrons du Village,
Amenhotep
I et sa mère Ahmès-Nefertari sont aussi inhumés
dans un autre endroit, probablement au cur de la nécropole de Dra
Aboul'Nag.
Les Reines et les Princes sont accueillis dans un autre lieu, situé plus
au Sud que les anciens Egyptiens nomment
Ta Set Neferou, actuellement
appelé Biban el-Harim par les Arabes ou simplement Vallée des
Reines.

L'accès
au Grand Lieu ne se fait pas avec aisance, le chemin est difficile, le relief
est abrupt, l'impression qui domine l'ensemble mêle le mystère
au secret et, il faut bien l'avouer, une certaine pesanteur troublante et inquiétante
qui a dû faire rebrousser chemin à bien des voleurs courageux mais
point téméraires affolés par l'aspect terrifiant de cette
gorge terrestre où toute vie semble avoir pris fin pour laisser place
dans les entrailles de la terre aux demeures des morts. A un certain endroit,
la Vallée des Rois bifurque pour s'ouvrir, sur le côté occidental
sur ce que l'on nomme la Vallée des Singes abritant seulement quatre
tombes.

Plusieurs
bonnes raisons semblent avoir présidé à un tel choix en
un tel lieu : tout d'abord, à l'aube de la dynastie XVIII naissante,
Thèbes
devient capitale d'Empire, il est donc normal que les souverains soient enterrés
à proximité de la Ville où ils ont régné.
Cet endroit isolé, cet ouadi désertique semble parfait et stratégiquement
bien contrôlable pour une parfaite sécurité.
Plus symboliquement, la croyance se fait de plus en plus pressante, qui lie
la survie de Pharaon dans l'Au-Delà à la course du soleil dans
le ciel : l'astre se couche à l'Occident, l'Occident est l'Au-Delà
du Roi.
Enfin, on renonce à inhumer les Rois sous de splendides pyramides qui,
malgré leur aspect impressionnant et dissuasif, n'ont pu résister
aux attaques des pilleurs avides des trésors funéraires. On creuse
dès lors, sous la protection de la
Sainte
Cime qui rappelle curieusement la pyramide ancestrale, de profonds
hypogées, sortes de matrices du monde où le Pharaon défunt
devient l'amant de la Belle Déesse Hathor, la
Déesse
de la montagne de l'Occident dans le but ultime d'engendrer la
création du monde tandis que la décoration de ces mêmes
tombes retraçant la course du soleil, de sa disparition à sa renaissance,
permet à
Pharaon
de faire partie intégrante du cosmos.
Dans le même temps, l'organisation du complexe funéraire subit
une profonde mutation, le temple funéraire jadis accolé à
la pyramide est construit bien loin de l'hypogée protecteur et s'installe
à la lisière du désert, là où s'étalent
librement les terres cultivables. Voir les
Châteaux
des millions d'Années.


Durant
toute la période du Nouvel Empire, la Vallée des Rois fut un lieu
en perpétuel mouvement. Et malgré l'atmosphère sévère
qui s'échappe de cet univers minéral, le bruit des pioches et
les appels des ouvriers résonnent tôt le matin pour s'éteindre
en fin de journée quand la nuit revêt son sombre manteau. Ici,
c'est toute une communauté de carriers, de tailleurs de pierre, de maçons,
de dessinateurs et de peintres qui s'active à tour de rôle avec
efficacité et diligence. Quand la triste nouvelle du décès
de Pharaon parvient au Village, les artisans, malgré le chagrin qui les
accable, accueillent la funèbre nouvelle avec un certain soulagement
car c'est pour eux le signe de la reprise de leurs activités, activités
suspendues d'autant plus longtemps que le règne du défunt fut
long dans le temps. Sa tombe a pu être achevée, peaufinée,
embellie, elle est prête à recevoir la royale momie,
le devenir post mortem de Pharaon est ainsi assuré mais les artisans
de pa demi sont, en quelque sorte, au chômage technique.
Dès
que le Pharaon successeur est monté sur le trône, l'une de ses
premières préoccupations, dans les tous premiers mois de sa royauté,
se porte tout naturellement vers le vaste projet qui occupera une grande partie
de son règne : choisir, dans un premier temps, au sein de la Vallée
des Rois, le site approprié qui abritera sa tombe ; puis, prendre toutes
les mesures nécessaires et efficaces pour que le creusement et la décoration
s'effectuent dans les meilleures conditions possibles et dans les délais
les plus courts. Il est bien évident que les premiers rois choisissent
les meilleurs emplacements, les plus discrets et les plus cachés, là
où la roche se prête le plus volontiers au maniement de la pioche
et du burin. Pharaon n'hésite pas à se déplacer pour choisir
lui-même le site adéquat, accompagné de son
vizir (à partir de l'époque ramesside uniquement,
sous la dynastie XVIII le souverain se contente de nommer un chef de travaux
qui surveille le chantier) et d'une commission spéciale qui approuvera
le choix royal.
Peu
à peu, au fil des règnes, la Vallée se trouve bien évidemment
fort encombrée. Malgré la détention de plans sur papyrus
assez précis localisant les tombes déjà existantes, il
n'est pas rare qu'au cours du creusement, l'Equipe un peu découragée
mais point étonnée débouche sur une tombe voisine ou abandonne
sa progression en raison du mauvais état de la pierre comme ce fut le
cas pour Ramsès III. Mais une fois le site choisi, une fois les plans
tirés, le creusement s'effectue, vaille que vaille et mobilise en moyenne
une quarantaine d'hommes. Certains Rois n'hésitent pas à penser
plus grand et engagent sur le terrain quelque soixante, voire cent vingt ouvriers
en permanence. Ainsi peut-on apprendre sur un ostracon retrouvé que Ramsès
IV commanda sa tombe un peu tardivement, au cours de l'an II de son règne
:
" An II, deuxième mois de la saison de l'Inondation, jour 17.
Le vizir Neferenpet arriva à Thèbes en compagnie des fonctionnaires
Hori et Amon-Kha
, ils se rendirent à la Vallée des Rois
pour chercher un lieu où creuser la tombe de Ramsès IV "
Voir ici
l'organisation du travail des ourviers.
Le
creusement de la Tombe


Bien
sûr, la durée de la tâche dépend aussi étroitement
de la taille de la tombe et du décor souhaité mais l'on estime
à un ou deux ans le creusement proprement dit. Quand celui-ci est suffisamment
avancé, le travail peut se diversifier et, si le percement continue encore
plus loin dans les entrailles de la terre, les plâtriers commencent à
préparer les parois pour les dessinateurs et les peintres.

Tout
comme celui de ses ancêtres, le tombeau de Ramsès II s'ouvre sur
le flanc de l'
ouadi
et lorsque le Pharaon distingue enfin l'ouverture béante qui mène
au cur de son tombeau, il a le plaisir de constater que les travaux sont
déjà bien entamés. De gros blocs de calcaire sont dégagés,
réduits le plus possible afin d'être extraits facilement en les
faisant rouler hors de l'excavation. L'extraction se fait à l'aide d'un
pic en cuivre ou de ciseaux en bronze qui s'émoussent rapidement au contact
de la roche dure souvent parsemée de fragments de silex. Ces outils,
propriétés de l'Etat, sont précisément comptabilisés
par les scribes, puis ils sont rendus au fondeurs de cuivre qui les repassent
au creuset et leur redonnent leur forme initiale.
Photo

Les
gravats et les éclats de pierre répandus au fur et à mesure
du percement sont déblayés à l'aide paniers en cuir ou
de couffins en osier, puis étalés sur le sol devant la tombe.
Photo
Ce sont ces éclats de calcaire, plats et lisses, nommés aussi
ostraca, qui servirent de supports aux écrits des ouvriers et des scribes,
aux dessins furtifs des artisans qui y déposent notes de travail, listes
de personnel, esquisses ou premiers essais.
Photo
Photo
Photo
Photo
Tout comme les tailleurs de pierre et les carriers poursuivent leur avancée,
les plâtriers commencent à enduire les parois et les plafonds de
la future tombe d'un enduit de gypse et de chaux afin de masquer les inégalités
et rendre ainsi la surface aussi plane que possible.


Une
fois cette tâche accomplie, entre en scène le dessinateur ou
scribe
des contours : avec une grande habilité, il commence à tracer
sur les murs les textes religieux qui content la course solaire du grand dieu
Rê
auquel Pharaon défunt est identifié. Hiéroglyphes et dessins
sont dessinés à l'encre rouge dans un premier temps, ils seront
corrigés au trait noir par le dessinateur en chef dont le souci est de
vérifier la perfection du travail accompli.

Puis,
un autre corps de métier prend le relais, les talentueux sculpteurs qui
gravent textes et dessins à l'aide d'un burin en bronze. Deux techniques
peuvent être utilisées : la méthode du bas relief pour les
tombes de la dynastie XIX, puis relief dans le creux à partir de Merenptah.
Enfin, ce sont les peintres qui achèvent la décoration préparée
par les dessinateurs et les sculpteurs. Ce sont eux qui, par le large éventail
des couleurs mises à leur disposition, vont animer l'ensemble pictural.
Toutes les couleurs sont obtenues à partir de pigments naturels : le
carbone produit le noir, l'ocre jaune produit le jaune, l'azurite offre le bleu,
l'ocre ou l'oxyde fer propose le rouge, le carbonate ou le sulfate de calcium
préside au blanc et enfin la malachite produit le vert. Bien sûr,
ces divers minéraux peuvent être harmonieusement combinés
pour élargir encore plus la palette des couleurs.

Cependant,
certaines contingences, comme le décès prématuré
du Roi, contraignent les ouvriers à abandonner la décoration détaillée
de la tombe pour la rendre plus rapidement disponible après les funérailles
royales. Ce fut le cas pour Ramsès I dont le règne très
bref imposa justement la seule mise en pinture de son hypogée. Certaines
tombes resteront malheureusement inachevées, certaines sections ne seront
jamais terminées : les forces sont mobilisées pour la confection
du mobilier funéraire, le délai imparti à l'embaumement
ne dure que soixante-dix jours, il faut faire vite


Ramsès
s'engage dans le long corridor, son cur bas un peu trop vite à
son goût. Plus il avance, plus l'air se raréfie, plus la chaleur
devient suffocante et surtout, étrange impression à cette heure
de la journée, la lumière décline rapidement.
Et en effet, plus le creusement progresse, plus la lumière du jour se
fait rare. Pour éclairer leurs pas et leurs travaux, les ouvriers ont
donc recours à un éclairage artificiel mais efficace. Ainsi place-t-on
dans des petits bols de terre cuite une ou plusieurs mèches de tissu
torsadé, enduites de graisse ou d'huile, généralement de
l'huile de sésame. Et afin d'éviter un enfumage qui pourrait endommager
les parois dessinées, on ajoute du sel à la composition. Toute
comme le reste des outils mis à la disposition des deux Equipes, une
comptabilité soigneuse et précise des mèches distribuées
par les temples royaux est tenue par des scribes scrupuleux.
Photo
"Premier mois d'hiver, jour cinq, consommation de mèches pour
cette journée : à droite six, à gauche six faisant douze
pour la matinée ; à droite six, à gauche cinq faisant onze
pour l'après-midi, total vingt-trois."
Mais il n'est pas impossible que ces mèches soient aussi confectionnées
par les ouvriers eux-mêmes auxquels on fournit le tissu nécessaire.


L'architecture
des sépultures obéit dans l'ensemble au plan des tombes précédentes
même si l'on observe quelques variantes propres à chaque Pharaon
qui eut à cur de modifier quelque peu l'agencement des salles.
Cependant, et nous le verrons plus précisément dans le chapitre
consacré à l'étude des tombes de la Vallée des Rois,
on observe une lente évolution. Au tout début du Nouvel Empire,
au cours de la dynastie XVIII, les tombes sont creusées selon un plan
coudé et l'on observe une rupture d'axe très significative comme
dans les tombes de Thoutmosis III ou Amenhotep II. Probablement doit on interpréter
cette rupture comme symbolisant la complexité du chemin que le souverain
doit parcourir pour atteindre l'Au-delà ! Le changement d'orientation
se fait après le passage d'un puits plus ou moins profond dont on a voulu
croire pendant un moment qu'il était un piège pour d'éventuels
voleurs alors qu'il pourrait bien s'agir d'un stratagème destiné
à détourner les eaux de pluie, doublé d'un symbole rituel
(évocation du
Noun)
qui assimile ce trou béant au chemin d'accès aux domaines chtoniens
de
Sokar, divinité
funéraire associée à
Ptah
et
Osiris.
Puis, après l'épisode
amarnien,
au cours de la dynastie XIX, la déportation de l'axe se fait moins sensible
: dans la tombe d'Horemheb on observe juste une légère déviation,
toujours faite à partir du puits et qui permet encore d'attribuer l'axe
supérieur au dieu solaire Rê-Horakhty tandis que l'axe inférieur
qui s'enfonce profondément à partir de la première salle
à piliers est le domaine réservé du dieu Osiris.
Sous la dynastie XX, les architectes prennent le parti de simplifier notablement
le plan de la tombe selon un axe unique et rectiligne privilégiant en
quelque sorte l'aspect solaire du parcours vers l'Au-Delà.

Quant
au répertoire iconographique, là aussi une lente évolution
se dessine tout au long du Nouvel Empire : sous la dynastie XVIII, seules les
parois de la chambre sépulcrale, l'antichambre et la salle du puits sont
décorées. A partir de l'ère ramesside, c'est l'ensemble
de la tombe qui est décoré associant textes religieux et iconographie.
Horemheb introduit dans son répertoire un nouveau texte funéraire,
le Livre des Portes qui décrit la course nocturne de la barque solaire.
Le père de Ramsès II, le grand Seti I innove en la matière
et déploie sur les murs de son hypogée les textes magiques des
Litanies du Soleil tandis que d'autres recueils funéraires se déplacent
au sein de la tombe.
Dans l'ensemble, tous les recueils funéraires que l'on trouve, tracés
harmonieusement sur les parois de l'hypogée traduisent le parcours du
soleil dans le monde souterrain après qu'il ait puisé des forces
nouvelles au cur de la nuit.
Ainsi, l'architecture même de l'ensemble qui découpe la tombe en
une zone supérieure solaire et une zone inférieure osirienne,
associée au décor solaire symbolique donne l'impression d'un mouvement
perpétuel d'une lumière sans cesse renaissante, modèle
suivi par Pharaon dans sa quête d'immortalité.

Vous
trouverez des détails complémentaires sur les tombes de la Vallée
thébaine en consultant le plan
Arts
et Monuments. Je vous invite à le consulter régulièrement,
tombes en construction

Bien
évidemment, tous les Pharaons n'eurent pas le malheur de disparaître
avant l'achèvement de leur tombe. Lorsque le règne semble infini,
comme celui de Ramsès II, il n'est pas improbable que les ouvriers aient
été conviés à se déplacer pour travailler
aux tombes de la famille royale, dans la Vallée des Reines par exemple.
Malheureusement les renseignement nous font terriblement défaut à
ce sujet même si la tombe de Nefertari, la Grande Epouse de Ramsès
II, une des plus belles tombes de
Ta Set Neferou, est certainement digne
du talent des ouvriers de
pa demi.
Pharaon,
couvert de poussière et de sueur réapparaît au grand jour.
Son visage est éclairé d'un large sourire qui traduit tout le
contentement qu'il éprouve en cet instant : d'après Ramose avec
qui il s'est entretenu quelques instants auparavant, les travaux avancent rapidement,
le couloir supérieur de la tombe est achevé, les murs sont sculptés
et soigneusement peints, les ouvriers montrent beaucoup de cur à
l'ouvrage, leur enthousiasme semble prometteur. Lui-même est en excellente
santé, rien ne vient annoncer une fin prochaine, le règne est
placé sous les meilleurs auspices.
Pharaon se tourne vers son guide, sa curiosité est sans limite, sa soif
de tout connaître du Village est intarissable :
" Nakhtamon, il est temps que tu me mènes maintenant vers les
hommes de cette sympathique communauté. J'ai hâte de féliciter
de si talentueux ouvriers. Qu'on offre de la bière à tous ceux
qui sont ici, que la joie et la bonne humeur coulent à flots, l'heure
est à la fête et aux réjouissances ! "
Nakhtamon manque de s'étrangler sous le coup de l'émotion et son
visage qui avait tendance au fur et à mesure de la visite à se
montrer de plus en plus serein, accuse les marques soudaines de l'anxiété
le plus affolante. C'est que vivent à pa demi de bien curieux
personnages, aux humeurs et aux murs assez agitées, et dont la
révélation au grand jour risque de ternir quelque peu l'excellente
réputation du Village. Mais cela, Ramsès ne le sait pas encore
.
Espérons qu'il ait les idées larges, sa patience et sa tolérance
vont être mises à rude épreuve
Sources
Les artistes de Pharaon. Catalogue du Louvre 2002
La confrérie des bâtisseurs de Pharaon. M.
Bierbrier
Les Créateurs d'éternité. J. Romer